[CR][Gravel][Bikepacking]GTB Séries Cornouaille, Tour en Bretagne, 700 km, 4,5 jours

Il s'agit de la randonnée proposée par Erminig, nommée "GTB Séries" Cornouaille.

Soit une balade de 700 km, entre 7500 (selon Visu GPX) et 9500 m (selon les GPS garmin des participants ayant roulé le parcours) de dénivelée positive.

Réalisée en juin 2023.

J'avais déjà parcouru à pied la Bretagne nord, en suivant le sentier côtier GR34 de Cancale jusque Brest, en plusieurs randonnées réparties sur quelques années. Ainsi que le golfe du Morbihan et les Iles du golfe et au large, dont le tour de Belle Ile.

Cette rando à vélo me permettait de découvrir la côte qui m'était jusque là partiellement inconnue, même si j'avais usé mes semelles à la journée sur quelques morceaux de sentier, notamment dans le Finistère.

Voici en effet le parcours, roulé dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, depuis Lorient (Le Guidel en fait) :

Erminig proposait cette balade sur 5 jours, en juin, avec un accès pas loin de transport en commun : gare de Lorient. J'ai trouvé cette proposition alléchante car :

• comme indiqué ci dessus, voir la côte bretonne dans ce coin là m’intéressait vivement
  
• On était à l'équinoxe d'été, soit au moment où les jours sont le plus longs, ce qui garantit de pouvoir rouler longtemps... de jour.
  
• Pas de difficulté technique. C'est du gravel, globalement plutôt roulant, avec peu de poussage.
  
• Accès possible en train depuis Paris
  
• Randonnée type "ultra" mais modeste. La barrière horaire pour finir le parcours n'est pas inatteignable et n'oblige pas à rouler de nuit ou jusqu'à l'épuisement,même avec un rythme lent. Quand bien même je la dépasserais, ce n'est pas ce qui me dérangera. La rando est présentée comme un mini GTB. Je lui trouve comme attrait principal sur la GTB le fait qu'elle suive la côté beaucoup plus que la GTB, et bien sur est moins exigeante
  
• J'imaginais qu'au moins de juin, le terrain serait peu boueux (ce qui a été le cas) et le temps au beau (ce qui a globalement été le cas)
  

A noter aussi qu'on n'a pas vraiment de problème de logistique dans ce coin là : nombreux commerces, nombreuses possibilités d'hébergement, etc.

En partant, j'avais pour objectifs de :

• ne pas me faire mal. Je retourne en montagne pour une rando pédestre itinérante de 9 jours quelques jours après cette sortie à vélo, et clairement je veux rentrer de ce tour à vélo  physiquement apte à y aller
  
• Idéalement terminer en 4,5 jours au maximum. Ce qui me permettrait de jouer le mercredi soir à la fête de la musique. Pour cela, il me faut prendre le train à Lorient le 5ème jour vers 13h.
  
• Bivouaquer toutes les nuits
  
• Ne pas me contraindre avec d'autres participants, pas de pression. Globalement je voulais gérer seul ma sortie, malgré le contexte d'une randonnée organisée
  

Je suis donc arrivé le vendredi soir au point de départ. Un briefing, une bouffe et un hébergement en dur étaient prévus. Nous étions une cinquantaine de participants.

Comme je n'avais pas pris d'eau pour le train puis la liaison à vélo Lorient Le Guidel (point de départ), et qu'il faisait chaud, je suis arrivé assez déshydraté le soir. Et comme on a eu très chaud dans la nuit puisqu'un compagnon de chambrée a eu la mauvaise idée de fermer toutes les fenêtres, je l'étais encore partiellement le matin.

Et en petite forme physique car j'avais forcé dans les gros pourcentages du tour de la seine maritime gravel dont j'avais parcouru une partie 3 semaines auparavant. Il en résultait une douleur tendineuse au niveau du tibia. Grace à google, j'ai vu que cela pouvait provenir de mon pédalage le pied gauche légèrement tourné vers l'extérieur. J'ai donc arrêté le vélo pendant 3 semaines, et juste roulé le samedi précédent environ 80 km, en me forçant à tourner le pied "comme il faut". Aucune douleur sur le vélo.Nickel ?

...mais j'ai boité pendant 2 jours ! Pas glop donc.

L'autre indication possible était une selle pas assez reculée. J'ai donc écumé les vélocistes parisiens le mardi pour dénicher une tige de selle avec déport... que je n'ai pas trouvé.

Donc grosse hésitation : j'y vais ? J'y vais pas ? Je rappelle que je ne veux pas me blesser. Je décide d'y aller tout de même, de voir sur place, de mouliner à fond et de monter à pied dès que cela commence à forcer. Et aussi de rester sur le petit plateau, comme j'ai vu le copain faire sur le tour de la seine maritime gravel. J'apprends...

Samedi. Selon VisuGPX, hors détours : 180 km et 1600 D+

Départ groupé à 7 heures du matin.

Certains partent fort, et semblent à l'aise. D'autres partent fort, mais à mon avis se laissent entraîner par l'effet de groupe et sont beaucoup moins à l'aise. Je laisse gentiment passer la troupe, et je me fais régulièrement doublé jusque vers 10h environ. Je m'aperçois alors que je suis dans les 5 derniers. Ce qui me convient très bien.

Le terrain est globalement facile et plaisant, avec beaucoup de passages sur chemins et singles. Il y a bien de temps à autre un passage plus technique en montée ou en descente, où je mets pied à terre. Mais assez rares. En bas de l'un d'eux un participant téléphone. Pas super pratique comme endroit pour s'arrêter me dis je.

En fait, il y a eu une chute à cet endroit, et ce participant à cassé sa fourche et s'est pété la main. Game over au bout de 20 km. Je roulerai avec un autre participant qui est tombé avec lui, et qui m'expliquera qu'ils roulaient trop vite dans l'euphorie du départ, et ont mal maitrisé le virage de sortie du passage. Moins problématique pour ce dernier, qui a tout de même abimé son dérailleur : il a pu le bricoler pour finir le tour, mais sans pouvoir passer le grand pignon.

Il y aura environ 1/4 d'abandon sur cette rando, soit moins que sur la GTB (50%).

Ce samedi, on remonte vers le nord pour traverser les Monts d'Arrée. Je voyais cette portion comme une liaison pour rejoindre le bord de mer, mais je découvre que le parcours est très plaisant.

A partir de la mi matinée jusqu'au soir, je dépasse à mon tour des participants. Certains accusent le coup d'être partis vite, de la chaleur assez prégnante ce jour là, et des dénivelées qui s'accumulent tout de même.

Un gros coup de cœur pour la Vallée aux Saints, grand champ où on trouve environ 180 statues de saints bretons. Magnifique.

Vers 20 heures, je mange puis prend une douche avant qu'il ne fasse frais, et je décide de rouler encore car la température est devenue bien plus supportable. Je rejoins un participant avec qui je roule environ 2 heures, jusqu'à atteindre un camping au bord d'un lac (lac du réservoir saint Michel) où ce dernier souhaitait dormir, afin également de pouvoir se doucher. Au camping, se trouvent déjà 2 autres participants qui roulent ensemble. D'autres participants y passeront aussi la nuit.

Nous avons ici le quatuor qui va se croiser, se dépasser, boire des coups et se recroiser tout au long des 4 jours qui suivent, pour arriver quasiment ensemble à l'arrivée vers 11 heures le mercredi suivant.

Et la douleur au tibia ?

Après avoir roulé 80 km en modifiant légèrement la hauteur de selle à plusieurs reprises, malgré un pédalage en douceur, je sens que la douleur s'installe et que je ne vais pas pouvoir continuer ainsi si je veux randonner dans 10 jours en montagne. Aussi, je prends la décision de reculer ma selle, quand bien même celle ci n’est plus du tout reliée à la tige de selle comme elle le devrait, mais par la partie amont du chariot, bien au delà des préconisations marquées sur le chariot. Faute d'avoir trouvé à temps une tige de selle avec déport, j'ai le choix entre abandonner bientôt ou risquer de casser la selle et me retrouver bien ennuyé loin d'une gare. Entre le mal et le pire, je fais le choix du mal.

En 30 kilomètres environ, la douleur disparait, sauf si je force. Ce que je ne fais donc pas. Ça tiendra comme cela jusqu'au bout, bonhomme comme matériel, et je finirais la balade en meilleure forme qu'au départ et sans casser ma selle.









Dimanche. Selon VisuGPX, hors détours : 155 km et 1650 D+


Nous repartons à 2 le lendemain, jusqu'au Menez Mikel où se trouve la chapelle Saint Michel. C'est une butte qui ouvre l'horizon, ce matin fort pittoresque car brumeux. On verrait presque des elfes et des fées.


Un peu après, nous nous séparons, pour ensuite nous retrouver très régulièrement.

Je croise un cycliste qui s'est usé physiquement (vomissement, mal au crâne) et qui va certainement abandonner. On lui conseille de se poser 2/3 heures, mais je pense que ce dernier n'est plus assez lucide pour gérer ainsi la rando.

Je rejoins ensuite la presqu'ile de Plougastel, passage réputé usant par les participants de la GTB. Au moins on est prévenu. Vers midi, le temps se couvre. Et il pleut finalement. Je casse la croute en attendant la fin de l'averse, puis patiente, puis finalement repars avec les vêtements de pluie. L'intensité de la pluie diminue assez rapidement. Finalement, je ne roulerais qu'environ 3 heures sous la pluie pendant ces 5 jours, le plus souvent une bruime légère.



Enfin la mer. Magnifique.

Les paysages sont superbes, le terrain devient plus facile et moins marquant quant aux dénivelées. Le plus dur est fait, mais bien sur la boucle est loin d'être achevée.


Cerises sur le gâteau : plus vraiment de douleur. Et pas de vent. Alors que j'ai souvenir de bourrasques fort violente sur ces côtes du Finistère, en particulière vers Pen Hir. Terrain sec. Tout est parfait.

Je me retrouve sur un bout de côte avec une lumière sublime vers 19h. Avec un robinet à coté, une table, un banc. Parfais pour une pause, le repas, et ma douche.


Juste après ma douche, 2 des acolytes du camping passent. Je roule un moment avec eux. Ils souhaitent rejoindre un camping qui propose des hébergements en dur, car ils sont partis sans tente et sans matelas, et en conséquence ont un souvenir mitigé de la nuit précédente. Je songe à les accompagner, mais finalement leur camping était "hors trace" et surtout exigeant une raide remontée le lendemain pour rejoindre celle-ci, on se quitte un peu avant le camping et je bivouaque dans un champs, bénéficiant d'une vue superbe, dégagée.
 












Lundi. Selon VisuGPX, hors détours : 134 km et 1560 D+



Encore une très belle journée. Avec au programme la presqu'Ile de Crozon, le Menez Hom qui est  le point haut du jour, et son panorama superbe. Ce doit être l'endroit où on s'est le plus éloigné de la côte ce lundi, et où je recroise mes 3 compères.


Coup de bol, alors qu'il y avait eu une grosse averse un peu auparavant, et une vue bien bouchée, celle ci est tout à fait dégagée lorsque nous atteignons le Menez Hom.

Aujourd'hui, ça déroule tranquillement, toujours en l'absence de vent marquant, avec un temps changeant mais sans que la météo ne soit désastreuse

... jusqu'au soir.

Un peu après ma traditionnelle douche e le  repas, alors que je pourrais rouler encore 2 heures, le temps devient beaucoup plus menaçant. Mes compagnons sont allés dormir en dur ou à l'abri. Il se met à pleuvoir un peu, puis fort. Je décide de stopper afin de ne pas arriver trempé au bivouac. Un coup d’œil sur la carte, et j'avise un coin qui me parait sympathique, près d'un lavoir... et qui s'avérera effectivement sympathique. Montage du bivouac sous la pluie, repas à l'abri, et pluie une bonne partie de la nuit. 


Je préfère qu'il pleuve la nuit que la journée...



















Mardi. Selon VisuGPX, hors détours : 182 km et 720 D+



Le terrain est bien humide ce matin. Brume, chaussées et chemins mouillés. Et salamandres de sortie.

Le temps vire au beau assez rapidement, et la journée sera encore superbe.


Question vélo, le terrain est maintenant très roulant, avec relativement peu de dénivelée comparativement aux 2 premiers jours, et on file assez vite.


Bords de mer, plages, monuments, chapelle, etc. La Bretagne comme je l'aime. 

Le vent est plus marqué aujourd'hui... et essentiellement de dos. Inespéré. Je recroise encore et toujours mes compagnons, mange avec l'un d'eux le midi. On discute de la GTB qu'il a tenté 2 fois, et abandonné 2 fois. Il se souvient bien de Markitos. Le monde est petit.


Breton, c'est un compagnon fort agréable, qui m'apprend pas mal de choses sur ce coin de France.

Je le laisse vers Concarneau car il souhaite manger au restau, alors que j'ai toujours envie de liberté, manger dehors, bivouaquer, etc. Douche usuelle. Puis je me retrouve face à une plage superbe. Ce sera le coin diner.

Je roule ensuite, l'esprit léger et profitant de la fraicheur,  et dégote un bivouac dans un champs. Pas vraiment de vue mais au moins le terrain est dégagé et plat.


Grace aux balises de suivi, je vois que le compagnon est reparti et se rapproche. Je lui envoie un sms pour lui dire où je suis. Et vais l'accueillir à l'entrée du champs... juste après son passage. N'ayant pas vu mon message, il bivouaquera au village juste en bas. J'ai du le louper à 1 ou 2 minutes près.


















Mercredi. Selon VisuGPX, hors détours : 57 km et 300 D+ puis 14 km pour aller à la gare

J'imaginais cette dernière courte journée comme une étape de liaison pour boucler la balade, sans grand intérêt, sans vues sur la mer. Cela n'a pas été le cas : ce fut une belle petite demi journée, très belle, avec de chouettes vues sur l'océan. 


Juste avant d'arriver, je retrouve mon compagnon à une boulangerie (je crois la seule de la matinée), et on roulera les derniers kilomètres ensemble, pour arriver vers 11h. Nos 2 autres compères arrivent en même temps. Plus exactement, l'un vient d'arriver un peu avant nous, mais son copain a du loupé une bifurcation: on le croise en sens inverse à quelques centaines de mètres de l'arrivée, et les 2 seront avec nous dans les 5 minutes qui suivent.

J'aurais le temps de discuter le bout de gras, remercier l'organisateur, boire une bière, et manger au restau devant la gare de Lorient.


Le retour en train s'est bien effectué .Ce qui a moins été le cas pour le RER, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais j'ai tout de même eu le temps de me doucher, me changer, et aller jouer à la fête de ma musique le mercredi soir.











Bilan
J'ai été enchanté de cette balade. Paysages magnifiques, vélo intéressant (enfin, c'est du gravel, pas du VTT de descente), conditions quasi idéales.

La sortie demeure physique en ce sens qu'il faut rouler de longues journées pour la finir en un peu plus de 4 jours, mais bien évidement rien n'oblige à la rouler avec cet état d'esprit.

Il y a peu de passage avec de forts pourcentages, et des 3 randos organisées roulées ce printemps (727, Tour Seine Maritime Gravel), c’est clairement celle qui présentait le moins de portions physiques. Elle n’est pas tracée de manière à user le participant en recherchant les passages les plus rides, comme on le voit parfois (souvent), mais bien dans une logique de randonnée découverte d'un territoire, et c’est ce qui me plait.

Aucune difficulté logistique, que ce soit vis à vis des accès, des commerces, des hébergements (même si j'ai bivouaqué toutes les nuits), du ravitaillement en eau.

Top !

Il me reste maintenance à trouver une tige de selle avec déport. (trouvée depuis)


PS : les deux premiers jours, les organisateurs se placent à des endroits judicieux du parcours pour prendre les participants en photos. Je suis bien incapable de dire où ces photos ont été publiées. J'ai pu constater que ce n'est pas le cas de tout le monde ici : https://hordesauvage94.forumactif.org/t1885-j-ai-cru-voir-un-gros-minet?highlight=minet


Liste de mes autres récits d'itinérances à vélo :

https://hordesauvage94.forumactif.org/t1909-crmarc-liste-de-mes-recits-d-itinerance-velo

Voila maintenant le récit.

Superbe récit Marc ! Fred a voulu faire de cette GTB Series Cornouaille comme une mini-GTB accessible et permettant de s'initier à l'ultradistance et au bikepacking. Je vois qu'il a réussi son pari. Tous les retours que j'ai pu lire sont positifs. De plus Fred est un excellent traceur et connait très bien son sujet !

Au fait qui est ton compagnon d'aventure qui se souvenait de moi ?

Belle virée et merci pour le CR détaillé et les nombreuses photos !