[CR][Bikepacking] Tour de l'Hérault, 727, Sète to Sète. 7 jours, avril 2023

Aujourd’hui devrait être la dernière très chaude journée de la canicule actuelle, et après être sorti ce matin, je suis cloitré à l’ombre et peux m’atteler à ce récit d’une randonnée effectuée il y a quelques mois, début avril 2023.

Vu que j’ai pris mon temps pour ce parcours, je ne vais pas faire un récit jour le jour, ce qui serait fastidieux à écrire et à lire, mais livrer des impressions et commentaires divers.

Description générale
Il s’agit de la randonnée VTT Sète to Sète, ou 727, ou Tour de l'Hérault VTT. 



On trouve déjà quelques vidéos sur ce site, dans la discussion suivante que j’avais lancée, car ce trajet et l’état d’esprit sous-jacent me plaisent beaucoup:
https://hordesauvage94.forumactif.org/t1799-727-sete-to-sete#43545

En pratique, il y a plusieurs parcours « 727 » :

• Le tour de l’Hérault VTT « originel » amélioré au fur et à mesure des parcours
  
• Un tour VTT intérieur, le 727i, réputé plus difficile aussi bien physiquement que techniquement, plus court
  
• Un grand tour « gravel ».
  

Toutes les infos se trouvent sur le blog de Thierry Crouzet, leur créateur : https://tcrouzet.com/727tour/
 
Parcours effectué et modalités pratiques :
Je suis donc parti sur le 727 VTT avec un départ groupé fin mars. 

Nous étions une cinquantaine de participants.

Le tour a été parcouru dans le sens des aiguilles d’une montre, au départ de Poussan, à proximité de Sète.

Sète est facilement accessible en train depuis Paris via un TGV qui n’accepte pas les vélos non démontés.

Thierry a demandé une modeste participation de 25 euros, s’est arrangé pour que nous puissions disposez d’un coin en dur pour dormir en arrivant la veille sur place, d'un petit déjeuner le jour du départ, et pour permettre un stockage des affaires et une douche au retour. Ce montant inclut une assurance pour l’organisateur.

Thierry a également, toujours dans le concept « open source » et partage qui lui est cher, proposé un suivi des participants à partir du smartphone, suivi qui consommait peu de données et fournissait une possibilité aux proches de voir où nous en étions : https://tcrouzet.com/2023/04/13/suivi-gratuit-daventures-bikepacking/
 
Enfin, un groupe Whatsapp a été ouvert pour échanger sur des modifications de parcours, donner des consignes diverses pendant la rando.

La plupart des participants semblait viser 4 ou 5 jours pour boucler le tour, voire certains se voyaient repartir sur le 727i en réalisant ainsi les 2 Tours de l’Hérault VTT, complémentaires. Aucun participant ne s’est finalement lancé sur ce second tour à l'issue du premier.


Préparation personnelle
J’ai effectué cette balade avec mon VTT, à savoir un 26 pouces tout suspendu de 2010. Pas le top, mais c’est tout ce que j’ai en VTT.

J’étais relativement affûté, non pas bien sur par rapport aux autres participants dont beaucoup avaient roulé la GTB et ou la french divide, ainsi que diverses épreuves VTT longue distance dont j’ignorais même l’existence jusqu'alors. Pour ma part, c’était ma première sortie organisée. Mais bien affûté par rapport à mon état de forme usuel sur le vélo.

Je prévoyais de faire le parcours en 7 jours. Mon objectif était d’en profiter et aussi de rentrer à temps pour pouvoir repartir au week end de Pâques, à vélo, en famille. Mais je n'avais pas vraiment envie - ni les capacités -  de rentrer trop tôt, histoire de bien en profiter toute la semaine.

J’ai emporté le matériel pour bivouaquer, noté les points d’eau et les ravitaillements à partir de la carte détaillée mise à disposition par Thierry. Ce qui m’a permis de voir qu’il faillait être attentif au ravitaillement au jour le jour, car en combinant week end et portions sans commerce, ce n’était pas si facile que cela d’optimiser le poids sans risquer de se trouver à court de nourriture.

La météo s’annonçant fraiche voire pluvieuse : j’ai prévu une tente ainsi que des vêtements chauds et le nécessaire pour la pluie.

Et bien sur un GPS.

Aspects humains
Nous sommes partis groupés le samedi matin, mais bien vite je me suis fait distancé et ai roulé quasiment seul toute la journée. J’ai veillé à être attentif à ne pas m’user et y aller mollo, car on avait ce jour là un fort vent de face, ce qui pouvait marquer le bonhomme malgré une étape sans trop de dénivelée.

Le soir, j’ai rejoins 2 cyclistes et nous avons bivouaquer ensemble, sous tente. Il a plu une partie de la nuit.

Le lendemain, je suis reparti avec l’un d’eux – le second a abandonné à ce moment - et nous avons roulé quasiment toute la journée ensemble. Ce fut une journée pluvieuse. Avec de longues portions en montée, où j’avais tendance à rouler un peu plus rapidement que mon compagnon. J’ai fini par le distancer sur une montée que je pensais courte, où je ne souhaitais pas m’arrêter car je me refroidissais sinon (altitude + pluie). Je l’ai attendu un bon moment lorsqu’une éclaircie s’est présentée, combinée à un point de vue alors que nous roulions essentiellement en forêt.

La pluie revenant, et me refroidissant fortement, je suis reparti seul en prévoyant de l’attendre à un abri repéré sur la carte, un peu avant d’arriver à un village, où j'estimais que nous allions bivouaquer. 

Je n’ai pas trouvé l’abri et me suis retrouvé au village où j’ai croisé 2 cyclistes qui m’ont indiqué des chambres d’hôtes où ils s’étaient installés. J’y ai pris une chambre et voulu l’indiquer à mon compagnon de route… et me suis rendu compte que je n’avais pas ses coordonnées.

Problème : mon GPS ne fonctionnait plus, ou du moins je ne pouvais plus le recharger. J’ai essayé différentes prises, câbles et chargeurs USB : rien n’y a fait. Panne traitée en garantie par la suite. La suite du périple se trouvait fort compromise car c'est clairement un parcours où on s'oriente au GPS. J’ai envisagé de rouler en m’orientant avec le smartphone, mais je n’avais pas de support smartphone, et son autonomie est limitée. J'ai bricolé un truc, mais ce n'était pas vraiment prometteur. 

Bref, la poisse.

Le lendemain matin, en prenant le petit déjeuner avec les cyclistes croisés la veille, et après echangés nos impressions positives sur le parcours, et leur avoir expliqué mes déboires, ils m'ont proposer de les accompagner. Je craignais de les retarder, mais je ne pouvais pas refuser leur invitation inespérée.

Nous sommes donc partis ensemble. En fin de matinée, l’un d’eux a endommagé son dérailleur et nous devions trouver au village suivant de quoi réparer. Mon compagnon de la veille était parti très tôt, pensant me rattraper (mais j’étais derrière finalement puisque parti plus tard), puis a eu lui aussi un problème mécanique à régler au village suivant. 

Bref, nous nous sommes retrouvés un peu avant midi, et avons ensuite roulé tout le parcours à 4 pendant les 5 journées restantes.

Mes 3 compagnons avaient déjà roulé des randos que je considère comme très difficiles, voire inabordables : GTB, French Divide et Sea To Peak. Heureusement que je ne l’ai appris qu’au fur et à mesure que nous faisons connaissance, car cela m’aurait intimidé.

Nous nous sommes séparés à un kilomètre de l’arrivée car le tour était terminé, et j’espérais prendre un train pour rentrer chez moi le soir même, plutôt que de voyager en train de nuit.

Ce fut une belle aventure humaine, avec une bonne entente entre nous, et de la bienveillance du vétéran, le plus rapide et le plus affuté, physiquement bien au-dessus des 3 autres du groupe et qui a passé une partie de son temps à nous attendre.

Depuis, je suis reparti avec 2 d’entre eux sur le tour de la seine maritime gravel. 

Vraiment une belle rencontre et un beau moment partagé.

Randonnée


Le tour est magnifique. Il est très varié, avec des paysages qui changent tous les jours, voire plusieurs fois au cours de la journée. 

On passe par le bord de mer, l'étang de Thau, le canal du midi, puis la montagne noire, le massif du Caroux, les plateaux du Larzac, et les garrigues montpelliéraines. Et en cerise sur le gâteau le massif de la Gardiole en toute fin de parcours, avec ses vues magnifiques sur la mer. Il passe à proximité du cirque de Navacelles : nous avons fait le détour avec les copains pour voir cet endroit si singulier.

Je ne pourrais pas mieux décrire le parcours que Thierry Crouzet ne l'a fait ici :
https://tcrouzet.com/727-road-book/

On voit clairement que Thierry qui l’a tracé n’aime pas le bitume. On passe par beaucoup de chemins et sentiers, et très peu de bitume. 

Il en résulte un tour difficile physiquement, avec des montées très raides, des poussages en montées comme en descente, et 1 ou 2 courts portages. On a roulé ce tour en 7 jours, pour 600 km et 9000 m de dénivelée positive. En comparant aux 4,5 jours pour 700 km de la GTB Cornouaille, on comprend que le terrain est plus exigeant et qu’on ne pourra pas ici faire de longs kilométrages quotidiens, à l’exception du premier jour.

2 portions sont singulières dans cet ensemble assez homogène : une longue descente sur bitume en milieu de parcours (mais sur une route sans voitures), et a contrario une longue descente très technique d’environ 600 m de dénivelée, dans la caillasse. Descente que je ferais entièrement à pied.

Nuitées et repas

On peut réaliser le tour en bivouaquant, en allant à l’hôtel – il faut bien prévoir ses étapes. J’ai fait un mixte avec :

• 2 nuits en bivouac sous tente
  
• 2 nuits à l’hôtel ou chambres d’hôtes
  
• 1 nuit dans un refuge non gardé
  
• 1 nuit sous un grand porche d’entrée d’une école. Où nous serons réveillés le lendemain par les ATSEM, qui nous offriront le café.
  

De même, pour les repas, on a jonglé entre restau, pique niques, quelques verres en cours de journée.

Quels ressentis ?
J’ai beaucoup randonné à pied en itinérance. Soit sur des traversées, soit en boucle. 

Une traversée, je ressens une notion de « passage » - on va d’un endroit à un autre, et entre les deux on voit progressivement le paysage et les habitants changer. 

Sur une boucle, je ressens comme une synthèse, une notion de « faire le tour du sujet », d'appréhender un territoire dans son ensemble.

Cela a été le cas sur ce tour de l’Hérault. Même si les paysages sont très variés, qu’on passe des bords de mer à la montagne noire, au Larzac, je crois que le fait de revenir par les canaux dans la plaine, en croisant des flamants roses comme le premier jour, donne vraiment le sentiment d’être allés découvrir ce qu’il y a plus loin, puis de revenir « boucler la boucle ».

Ce tour raconte aussi en creux celui qui l’a imaginé et tracé, à savoir Thierry Crouzet. On ressent un fort attachement à sa région, l’envie de la faire découvrir et de rechercher les cons ou passages étonnants et les plus beaux, cette volontéde partage et l’attachement aux valeurs de l’open source ».

Enfin, et je ne m’y attendais pas, je me suis également retrouvé confronté à mes souvenirs :  le canal du midi remonté en pénichette en famille, et descendu un automne à vélo avec mon jeune fils , des lieux où j’avais séjourné - en particulier à Sète et vers l'étang de Thau, le massif du caroux où j’avais randonné, bivouaqué et grimpé il y a une trentaine d’années, et le village de Saint André de Buèges où je m’étais retrouvé par hasard avec un copain (on visait le massif central pour grimper, mais nous y avions eu de la neige) et où nous avions passé une semaine à escalader sur le pic Saint Loup, juste au moment de l’ouverture des premières voies.
 
Pour conclure, ce fut une belle découverte, du pays, de compagnons forts sympathiques, et une belle itinérance en VTT. Je suis vraiment ravi de cette balade, au point de vouloir y retourner sur le tour gravel, certes pas cette année (plus de congés).
 
 

 
Bilan de ce 727 par Thierry Crouzet.
Cette édition du 727 a été dure, très dure, avec le samedi une tempête d’ouest qui n’a cessé ne nous freiner, une première nuit pluvieuse et toujours venteuse, un dimanche humide, avec un vent du nord glacial, alors que nous même progressions désormais vers le nord. Les chemins étaient gras, glissants, des arbres s’étaient couchés pour nous compliquer la tâche. Plus de la moitié des participants ont abandonné durant ces deux premières journées.

Je n’ai jamais été aussi fatigué en atteignant le dimanche soir les refuges du lac de Vézole, après une bataille constante contre les éléments et les terrains rendus difficiles. Le lundi matin sur les hauteurs de l’Espinouse, il faisait froid, brumeux, toujours venteux, mais peu à peu le ciel s’est éclairci, jusqu’à ce que, déjà bien entamés, nous atteignons la forêt d’Escandorgue, où la nécessité de porter les vélos pour franchir de nombreux obstacles, certains dressés par des randonneurs jaloux, ne nous achève.

Le mardi matin, le froid figeait le Larzac sous un ciel pur. La fatigue accumulée ne rendait pas la progression facile, mais nous avions le sourire, parce que le plus dur était derrière nous, même si une fois de plus la descente vers la vallée de la Buèges nous a donné le vertige. La source était toujours aussi claire, puis très vite la rivière s’est cachée. Je n’ai jamais vu son cours aussi desséché. Le soir, après Montoulieu, il était tentant de pousser dans la nuit pour regagner l’arrivée au matin, mais nous avons préféré dormir dans la chapelle Notre-Dame du Monnier et nous laisser une dernière occasion de profiter des paysages de l’Hérault.

Nous avons bien fait. La dernière journée a été limpide et calme, malgré une entame une fois de plus glaciale. Nous avons gagné le bord de mer sans cesser de nous marrer comme depuis la première minute du 727. Nous avons achevé nos jambes en franchissant la Gardiole avant de plonger sur Poussan en fin d’après-midi. Nous avons retrouvé d’autres aventuriers, bu un verre avec eux, revivant nos expériences et échangeant des anecdotes qui en l’affaire de cinq jours nous ont transformés en compagnons de route.
J’étais heureux de nous voir heureux.
 
 
Photos


Samedi












Dimanche









Lundi











Mardi















Mercredi












Bivouac :




Jeudi













Vendredi











Liste de mes autres récits d'itinérances à vélo :

https://hordesauvage94.forumactif.org/t1909-crmarc-liste-de-mes-recits-d-itinerance-velo

Arffff c'est dur l'Hérault ! je m'étais lancé sur la Grande Traversée de l'Hérault VTT, entre Bédarieux et Montpellier, en mars 2015 et j'avais bien souffert ! J'ai eu froid et de la neige dans le Larzac. J'ai eu chaud dans la garrigue au pied du Pic Saint Loup. J'ai eu énormément de vent au Mont Saint-Baudille, dans les gorges de l'Infernet et du côté de Saint Guilhem le Désert. J'ai poussé dans la caillasse. A cela il faut ajouter qu'à l'époque je trimballais tout mon barda sur le dos. Les sacoches de bikepacking n'existaient pas encore ou alors en étaient encore qu'à leur balbutiements. Mais j'en garde un souvenir ému et intact tant cette région m'a profondément touché !

Plein de belles aventures et de belles lectures (j'ai pris mon temps, cette fois), merci pour le retour. Belle année roulage pour toi ! Bravo.

Merci Jihem,

Pour suivre le bon exemple de Markitos qui publie ses récits à chaud, je viens de me pousser au c... à mettre les photos.

Voila, c'est fini, comme dirait Jean Louis Aubert.

Superbes photos Marc ! J'ai reconnu quelques coins dont l'arbre sculpté du Caylar 

Etonnant et magnifique cet arbre.

Sympa les photos, on se rend mieux compte des paysages traversés et des reliefs