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Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
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Jihem
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Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
12 000 de D+ sur le parcours
_________________
Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. Edmond Wells
JiBé- Messages : 4304
Date d'inscription : 16/10/2014
Age : 41
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
La Bretagne n'est pas la montagne certes mais les conditions y étaient quand même extrêmes. Le matériel souffre énormément et s'use de manière prématurée. Le sable, la boue, la pluie ininterrompue sont hyper abrasifs et les plaquettes ne résistent pas. Tous les ans les participants font le même constat.
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Oui le parcours est loin d'être plat. La Bretagne est très vallonnée, et plus d'un participant s'est fait surprendre par le relief accidenté.JiBé a écrit:12 000 de D+ sur le parcours
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Un autre CR. Celui d'une féminine. Elles n'étaient pas nombreuses au départ mais elles en avaient autant, voire plus, dans le pantalon que les garçons
Le CR de Camille Defer :
Ma Gravel Tro Breizh
La Gravel tro Breizh c'est une aventure autonome à vélo : à toi de gérer tes journées, tes ravitaillements, ton matériel. Tu as 7 jours et 12 h pour terminer les 1269km du parcours. J'ai mis 6j et 10h pour terminer.
Ce compte rendu s'adresse à toutes les femmes qui n'osent pas encore s'engager dans ce type d'aventure, à toutes celles et tous ceux qui sont encore étonnés, impressionnés de voir qu'une femme peut réaliser quelque chose de difficile physiquement et enfin aux curieux et curieuses de savoir ce qu'il se passe dans ma tête, ce que je vis dans une aventure de la sorte !
Le nombre de messages est impressionnant, les mots de chacun sont très touchants mais parfois animés de manière inconsciente par des idées reçues encore trop ancrées concernant le courage de faire ça alors qu'on est une fille.
C'était dur oui. Mais pas plus dur que les messieurs qui ont partagé ma route. Sûrement plus facile car mon statut de femme entraîne de la part des autre une solidarité plus importante comme par compassion, pitié ou épatement.
Cette balade hors du temps m'a conforté sur l'extrême gentillesse et hospitalité de nombreuses personnes, sur la beauté et le contraste des paysages rencontrés et sur l'importance de faire vivre l'économie locale... Et oui je pense que ce voyage renforce aussi dans mon esprit quelques éléments :
- il y a encore du boulot sur les préjugés vis à vis des femmes dans un monde masculin : avec du recul, pour beaucoup de personnes croisées, je ne suis pas un participant lambda, je ne suis pas une adversaire, j'ai l'impression que je ne suis même pas Camille. Je suis une féminine...
Toute la semaine j'ai entendu ces phrases :
1- "une fille ! quel courage !"
2- "ça ne te fait pas peur de faire ça ?"
3- "niveau mécanique tu fais comment quand t'es seule ?"
4- "c'est facile pour toi de te faire aider, tu es une fille"
5- "laisse je vais te porter ton vélo tu ne vas pas y arriver seule"
6- "et bien moi c'est Camille !" "oui t'inquiète on sait y'a pas beaucoup de filles "...
- Le principe de propriété est tellement remis en question quand tu te retrouves à la rue et que tu vois toutes ces maisons inhabitées barricadees, inaccessibles... Que de solutions précaires d'hébergement de secours dans les villes si tu ne sors pas ta carte bancaire... Pourquoi ne verrions nous pas des refuges en libre accès comme en montagne ?
- C'est la mort des petites épiceries et commerces de proximité... Toutes les grandes surfaces tuent les petits commerçants et nous trouvons un nombre incalculable de commerces fermés dans les villages traversés...
Bref, à méditer.
L'instant politique passé, place au CR !
Laissez moi vous raconter mon aventure. À ma manière. C'est totalement destructuré.
Ce résumé est aussi bien organisé que ma sacoche vélo... Ceux qui m'ont vu la réarranger 10 fois par jour comprendrons le bordel qui les attend dans la lecture !
Je vous indique un premier élément : avoir des testicules n'apporte pas plus de courage !!! Cela dépend plutôt du tempérament
La GTB, un concentré d'émotions
"Si t'es là ma vieille c'est que tu l'as choisi !"
Cette longue balade de 1270km est un va et vient permanent d'émotions très contrastées. Entre routes, chemins en tout genre, boue, flaques, arbres en travers, montées, descentes... L'organisme est soumis à une rude épreuve et la fatigue accentue nos émotions.
Heureusement, je pense que j'ai été sur un petit nuage durant 80% du temps. Autrement cela n'aurait pas de sens de continuer. Je retiens le bonheur ressenti quand j'ai vu la mer pour la première fois à Kerdu et en plus sous le soleil ! Cette odeur d'iode, le cri des mouettes, les vagues qui claquent. Et moi qui n'arrêtait pas de répéter :" mais que c'est beau". Alors que quelques minutes avant je me répétais "mais que c'est long".
Je retiens cet état d'euphorie au moment où je suis repartie du magasin de vélo à Crozon sur un vélo tout réparé, en chantant, en volant alors que 2h avant le moral était aussi bas et puant que mes chaussettes.
Cet état de bien être à la crêperie de St Guénolé, toute guillerette après le shooter de gnôle offert par la maison partagé avec Quentin et Philippe.
Cette joie ressentie lorsque, sous des trombes d'eau depuis plus de 7h, j'ai tourné la tête et j'ai reconnu Louis et Fred me suivant dans le camion alors que je me demandais "mais pourquoi il me double pas ce c**". Leur sourire, leur présence et leurs mots, même durant 1 min, te reboostent pour 2h.
Le fou rire que je me suis prise toute seule lorsque j'ai fait un gros coucou à une voiture jaune la poste et que je me suis aperçue que cette factrice ne ressemblait pas du tout à Aubin !
Le soulagement quand Manu m'a rendu mon surpantalon et que je me suis dit que je n'allais pas mourir de froid, quand ces familles m'ont ouvert leur porte pour m'héberger, quand j'ai vu la pluie s'arrêter. Et bien sûr. Cette joie immense d'arriver au camping après 6 jours de vélo, de se rendre compte que tu y es arrivée, sans blessure ni mal aux fesses et de la partager avec des copains de galère qui n'étaient alors que des inconnus 7 jours plus tôt !
Je me rends compte que les coups durs amplifient le bonheur des choses simples. La faim qui te tiraille rend le la crêpe inoubliable. Le froid qui te glace renforce la sensation de bonheur lorsque les rayons du soleil carressent ton visage, comme si tu étais sauvée. Alors oui je pense avoir un gros mental, mais c'est aussi car depuis quelques temps j'ai choisi de relativiser. Râler fait perdre du temps et de l'énergie. "si t'es là ma vieille c'est que tu l'as choisi". J'ai décidé d'arrêter de chialer dans les bois !
Pour l'exemple on retiendra ce long moment de galère dans la forêt de Broceliande à pousser, planter et porter le vélo avec François et le bonheur à dévorer des chouquettes à la boulangerie suivante ! Stay calm on va y arriver !
On me parle souvent du sourire sur mon visage. Ce n'est pas compliqué : je me sens tellement vivante sur mon vélo, dans la nature, sur les sentiers... Loin des tracas quotidiens. Alors oui tout va bien.
En parlant d'émotion, la peur est ton amie quotidienne, elle t'aide à avancer en fait.
"t'as pas peur de te lancer là dedans toute seule ?" Alors oui bien sûr que j'ai eu peur. Peur de me retrouver sans abri, peur que ma douleur au genou ne cesse pas, peur du chien qui m'a poursuivie sur 200m, peur de la tempête, peur d'avoir tellement mal aux fesses, peur de ne pas atteindre mon objectif du jour. Alors OUI c'est vrai j'ai pleuré deux fois. La première juste après le chien, la seconde au moment où j'ai aperçu Rennes, ce moment où j'ai compris que plus rien ne pouvait m'arriver. Je ne pense pas que cela soit du à mon statut de fille mais plutôt d'humain. Ne pas avoir peur c'est être fou. Et je sais que tous les gars que j'ai croisés ont eu peur aussi. Ne pas avoir peur c'est rouler sous la tempête et se prendre un arbre sur la tronche. Donc ne pas avoir peur c'est ne pas être finisher (car un arbre ça fait mal... Bref vous suivez !)
La GTB c'est avant tout des rencontres
Tous les jours j'ai rigolé avec les participants, avec les organisateurs. Tous les jours je me suis retrouvée seule puis j'ai papoté avec les camarades qui ont partagé ma route ! D'abord une belle équipe avec Sam qui m'aura bien dépannée et motivée, puis des retrouvailles régulières avec Christophe, Simon, Aimeric, Oscar, David et j'en passe... On me dit bavarde... Oui j'aime bien papoter, désolée Nicolas si j'ai essayé à chaque fois de te faire parler un peu (sans succès )
Et puis c'est les rencontres pendant et après, notamment avec les lillois et leur folie délirante !
L'assistance n'est pas permise mais on se rend compte à l'interne qu'elle est omniprésente. Toute la journée nous vivons avec des mots de réconfort et de motivation. On s'offre des petits ravitaillements (croco mon ami, kinder du courage ou croissant pur beurre non digeste), Sam m'a même proposé un échange de cassette !! La GTB c'est le monde des bisounours en fait.
Quand j'écris, je pense aussi à mes proches, à mon papa qui savait mieux que moi quelle était ma progression suivant ma route à distance tel un délégué technique, à ma maman à qui j'ai pensé chaque fois que les maisons étaient belles, que les ortensias etaient en fleur. À mon frangin qui m'a dit :"surtout tu te fais plaiz, rien d'autre ne compte", aux coéquipiers quand je pensais à l'écosse et au fait qu'on ait survécu à ça et puis aux autres... Souvent me disant : "allez tu rames ils doivent le voir sur le suivi !!!"
Et puis il y a tous ces anonymes qui m'ont encouragée, offert à manger parce que '' une femme sur une épreuve comme ça... Chapeau ! ", accueillie chez eux... Être une fille m'a sûrement avantagé. Que faire ? Refuser par principe ? Accepter par intérêt ? Dur de garder ses convictions quand on est dans l'inconfort. J'avoue que j'ai souvent cédé avec la carte" pauvre mouton" que je sais renforcée implicitement par le fait que je suis une fille.
La carte pauvre mouton c'est quoi ? C'est oser demander de l'aide ! J'ai sonné deux fois chez des gens en leur demandant qu'ils m'ouvrent leur garage pour la nuit et à chaque fois l'accueil que j'ai reçu a été incroyable ! Douche, repas, lit chaud... Et discussions hyper intéressantes ! Si je refais une aventure du genre je ne ferai que ça je crois !!!
Mais en plus de toutes ces rencontres, la plus importante est celle que j'ai faite avec moi même. Être seule c'était inédit. Car en raid on n'est jamais seul.
Ici, j'ai pu faire voyager mes idées, mes pensées et j'ai beaucoup discuté avec moi-même ! Je me suis auto encouragée, je me suis auto répondu et j'ai chanté en canon (OK la pluie c'est ma faute). Oui être finisher c'est peut-être être fou. Mais je suis folle et je le savais déjà.
LA GTB c'est aussi des odeurs
C'est simple : les porcheries que nous traversons régulièrement nous maintiennent éveillés et l'odeur de chien mouillé qui nous suit quotidiennement avec nos habits mal séchés nous permettent d'identifier qui est devant. Heureusement, les bonnes odeurs prennent le dessus. Je vous laisse imaginer le rugissement de joie de mon estomac lorsque mon nez renifle l'odeur d'une boulangerie au petit matin ou d'une galette le midi.
Enfin, l'odeur de l'iode s'accompagne d'un paysage grandiose pendant que celle de la pluie est souvent signe d'une éclaircie. Je crois que c'est mon odeur préférée.
La GTB d'un point de vue technique ?
Ça a été dur de se préparer en 15 jours... Si physiquement j'étais prête, au niveau matos : aie aie aie !
Quel vélo ? Gravel ou vtt ? Quels pneus, quel équipement ?
Pour résumer : c'est technique mais ça passe quand on sait piloter.
C'est cassant mais ça passe avec un doux braquet (chaton fougueux s'abstiendra, Garfield vaincra)
C'est humide mais ça passe avec un équipement étanche et des rechanges.
C'est éprouvant mais ça passe avec quelques galettes, des cafés et un hachis !
C'est traumatisant pour le corps mais à toi de gérer : une position millimétrée sur le vélo, une bonne selle, un cintre te permettant de placer tes mains à différents endroit, du talc, de la crème cicatrisante...bref ne rien laisser au hasard !
À part un manque de sensibilité sur 3 doigts je n'ai pas eu d'autres blessures.
"niveau mécanique t'as pas galéré ?," sur ce point je vous rassure une deuxième fois mesdames :avoir des testicules n'est pas un préalable à la réussite d'une réparation de chaîne ! .
C'est vrai qu'en tant que féminine on a tendance à déléguer cette tâche aux gars qui y touchent un peu en raid... Mais là en partant seule j'étais livrée à moi même et je n'ai pas eu de souci que je n'ai pas su régler (bon à part la vis de collier de selle que j'ai foirée mais on ne changera jamais la bourrine que je suis avec une clé Allen...). Se retrouver seule c'est donc se persuader qu'on est capable et au pire il ne faut pas hésiter à sortir la carte pauvre mouton ! Non nous ne sommes pas des assistées !!! Un petit cours technique avant le départ et zouuu !
Voici ma progression :
1er jour - Renne - Abbaye bon repos - 195 km : vent de face, 1e crêpe (galette ?) du séjour
2 ème jour - Abbaye bon repos - Guimaëc - 184 km : grand soleil, première fois qu'on aperçoit la mer !
3 ème jour - Guimaec - Crozon - 186 km : les fameux monts d'Arrée. Tige de selle capricieuse. Arrêt meca à Crozon.
4 ème jour - Crozon - Penmarch - 194 km
Premières grosses pluies, plendide journée en bord de mer
5 ème jour - Penmarch - Quéven - 187 km. Le calme avant la tempête. La pluie avant la tempête. La tempête avant la tempête. Et le hachis parmentier.
6 ème jour - Quéven - Camors - 142 km
Saute mouton party sauf que les moutons sont des arbres. La tempête a fait de gros dégâts !
7 ème jour - Camors - Rennes - 181 km
12h non stop de grosse pluie. On roule dans des ruisseaux, des flaques, de la boue. La pluie fait mal aux yeux, à moins que ce soit les larmes ?
J'ai toujours dormi la nuit car je ne voulais pas me mettre dans le même état qu'en raid et je voulais profiter des paysages et des bars ouverts et ne pas me blesser !! Challenge réussi!!!
Les regrets ont été de courir après le temps et les km... Mais donc je prolonge les vacances bretonnes afin de rattraper ça !
En conclusion : go girls !!! On n'est pas assez représentées ! J'en ai marre qu'on soit surpris quand on me voit passer !!! Et c'est de votre faute vous n'étiez pas là... Plus il y aura de filles au départ, moins on nous prendra pour des mutantes ! Ça sera normal
Au final je termine en 6j 10h et 47 min à la 17e position
Merci à Fred et son équipe pour cette orga de fou !
Merci à Louis, Clément, Aubin pour leur bonne humeur et leurs belles images !
Merci à tous les camarades de galère.
Et à tous les copains qui m'ont envoyé des messages quotidiens !
Merci chère Bretagne, vous êtes capricieuse mais tellement belle.
Longue vie à la Galère Tro Breizh !
Credit photo @erminig.cc @graveltrobreizh #ellesfontduvelo
Le CR de Camille Defer :
Ma Gravel Tro Breizh
La Gravel tro Breizh c'est une aventure autonome à vélo : à toi de gérer tes journées, tes ravitaillements, ton matériel. Tu as 7 jours et 12 h pour terminer les 1269km du parcours. J'ai mis 6j et 10h pour terminer.
Ce compte rendu s'adresse à toutes les femmes qui n'osent pas encore s'engager dans ce type d'aventure, à toutes celles et tous ceux qui sont encore étonnés, impressionnés de voir qu'une femme peut réaliser quelque chose de difficile physiquement et enfin aux curieux et curieuses de savoir ce qu'il se passe dans ma tête, ce que je vis dans une aventure de la sorte !
Le nombre de messages est impressionnant, les mots de chacun sont très touchants mais parfois animés de manière inconsciente par des idées reçues encore trop ancrées concernant le courage de faire ça alors qu'on est une fille.
C'était dur oui. Mais pas plus dur que les messieurs qui ont partagé ma route. Sûrement plus facile car mon statut de femme entraîne de la part des autre une solidarité plus importante comme par compassion, pitié ou épatement.
Cette balade hors du temps m'a conforté sur l'extrême gentillesse et hospitalité de nombreuses personnes, sur la beauté et le contraste des paysages rencontrés et sur l'importance de faire vivre l'économie locale... Et oui je pense que ce voyage renforce aussi dans mon esprit quelques éléments :
- il y a encore du boulot sur les préjugés vis à vis des femmes dans un monde masculin : avec du recul, pour beaucoup de personnes croisées, je ne suis pas un participant lambda, je ne suis pas une adversaire, j'ai l'impression que je ne suis même pas Camille. Je suis une féminine...
Toute la semaine j'ai entendu ces phrases :
1- "une fille ! quel courage !"
2- "ça ne te fait pas peur de faire ça ?"
3- "niveau mécanique tu fais comment quand t'es seule ?"
4- "c'est facile pour toi de te faire aider, tu es une fille"
5- "laisse je vais te porter ton vélo tu ne vas pas y arriver seule"
6- "et bien moi c'est Camille !" "oui t'inquiète on sait y'a pas beaucoup de filles "...
- Le principe de propriété est tellement remis en question quand tu te retrouves à la rue et que tu vois toutes ces maisons inhabitées barricadees, inaccessibles... Que de solutions précaires d'hébergement de secours dans les villes si tu ne sors pas ta carte bancaire... Pourquoi ne verrions nous pas des refuges en libre accès comme en montagne ?
- C'est la mort des petites épiceries et commerces de proximité... Toutes les grandes surfaces tuent les petits commerçants et nous trouvons un nombre incalculable de commerces fermés dans les villages traversés...
Bref, à méditer.
L'instant politique passé, place au CR !
Laissez moi vous raconter mon aventure. À ma manière. C'est totalement destructuré.
Ce résumé est aussi bien organisé que ma sacoche vélo... Ceux qui m'ont vu la réarranger 10 fois par jour comprendrons le bordel qui les attend dans la lecture !
Je vous indique un premier élément : avoir des testicules n'apporte pas plus de courage !!! Cela dépend plutôt du tempérament
La GTB, un concentré d'émotions
"Si t'es là ma vieille c'est que tu l'as choisi !"
Cette longue balade de 1270km est un va et vient permanent d'émotions très contrastées. Entre routes, chemins en tout genre, boue, flaques, arbres en travers, montées, descentes... L'organisme est soumis à une rude épreuve et la fatigue accentue nos émotions.
Heureusement, je pense que j'ai été sur un petit nuage durant 80% du temps. Autrement cela n'aurait pas de sens de continuer. Je retiens le bonheur ressenti quand j'ai vu la mer pour la première fois à Kerdu et en plus sous le soleil ! Cette odeur d'iode, le cri des mouettes, les vagues qui claquent. Et moi qui n'arrêtait pas de répéter :" mais que c'est beau". Alors que quelques minutes avant je me répétais "mais que c'est long".
Je retiens cet état d'euphorie au moment où je suis repartie du magasin de vélo à Crozon sur un vélo tout réparé, en chantant, en volant alors que 2h avant le moral était aussi bas et puant que mes chaussettes.
Cet état de bien être à la crêperie de St Guénolé, toute guillerette après le shooter de gnôle offert par la maison partagé avec Quentin et Philippe.
Cette joie ressentie lorsque, sous des trombes d'eau depuis plus de 7h, j'ai tourné la tête et j'ai reconnu Louis et Fred me suivant dans le camion alors que je me demandais "mais pourquoi il me double pas ce c**". Leur sourire, leur présence et leurs mots, même durant 1 min, te reboostent pour 2h.
Le fou rire que je me suis prise toute seule lorsque j'ai fait un gros coucou à une voiture jaune la poste et que je me suis aperçue que cette factrice ne ressemblait pas du tout à Aubin !
Le soulagement quand Manu m'a rendu mon surpantalon et que je me suis dit que je n'allais pas mourir de froid, quand ces familles m'ont ouvert leur porte pour m'héberger, quand j'ai vu la pluie s'arrêter. Et bien sûr. Cette joie immense d'arriver au camping après 6 jours de vélo, de se rendre compte que tu y es arrivée, sans blessure ni mal aux fesses et de la partager avec des copains de galère qui n'étaient alors que des inconnus 7 jours plus tôt !
Je me rends compte que les coups durs amplifient le bonheur des choses simples. La faim qui te tiraille rend le la crêpe inoubliable. Le froid qui te glace renforce la sensation de bonheur lorsque les rayons du soleil carressent ton visage, comme si tu étais sauvée. Alors oui je pense avoir un gros mental, mais c'est aussi car depuis quelques temps j'ai choisi de relativiser. Râler fait perdre du temps et de l'énergie. "si t'es là ma vieille c'est que tu l'as choisi". J'ai décidé d'arrêter de chialer dans les bois !
Pour l'exemple on retiendra ce long moment de galère dans la forêt de Broceliande à pousser, planter et porter le vélo avec François et le bonheur à dévorer des chouquettes à la boulangerie suivante ! Stay calm on va y arriver !
On me parle souvent du sourire sur mon visage. Ce n'est pas compliqué : je me sens tellement vivante sur mon vélo, dans la nature, sur les sentiers... Loin des tracas quotidiens. Alors oui tout va bien.
En parlant d'émotion, la peur est ton amie quotidienne, elle t'aide à avancer en fait.
"t'as pas peur de te lancer là dedans toute seule ?" Alors oui bien sûr que j'ai eu peur. Peur de me retrouver sans abri, peur que ma douleur au genou ne cesse pas, peur du chien qui m'a poursuivie sur 200m, peur de la tempête, peur d'avoir tellement mal aux fesses, peur de ne pas atteindre mon objectif du jour. Alors OUI c'est vrai j'ai pleuré deux fois. La première juste après le chien, la seconde au moment où j'ai aperçu Rennes, ce moment où j'ai compris que plus rien ne pouvait m'arriver. Je ne pense pas que cela soit du à mon statut de fille mais plutôt d'humain. Ne pas avoir peur c'est être fou. Et je sais que tous les gars que j'ai croisés ont eu peur aussi. Ne pas avoir peur c'est rouler sous la tempête et se prendre un arbre sur la tronche. Donc ne pas avoir peur c'est ne pas être finisher (car un arbre ça fait mal... Bref vous suivez !)
La GTB c'est avant tout des rencontres
Tous les jours j'ai rigolé avec les participants, avec les organisateurs. Tous les jours je me suis retrouvée seule puis j'ai papoté avec les camarades qui ont partagé ma route ! D'abord une belle équipe avec Sam qui m'aura bien dépannée et motivée, puis des retrouvailles régulières avec Christophe, Simon, Aimeric, Oscar, David et j'en passe... On me dit bavarde... Oui j'aime bien papoter, désolée Nicolas si j'ai essayé à chaque fois de te faire parler un peu (sans succès )
Et puis c'est les rencontres pendant et après, notamment avec les lillois et leur folie délirante !
L'assistance n'est pas permise mais on se rend compte à l'interne qu'elle est omniprésente. Toute la journée nous vivons avec des mots de réconfort et de motivation. On s'offre des petits ravitaillements (croco mon ami, kinder du courage ou croissant pur beurre non digeste), Sam m'a même proposé un échange de cassette !! La GTB c'est le monde des bisounours en fait.
Quand j'écris, je pense aussi à mes proches, à mon papa qui savait mieux que moi quelle était ma progression suivant ma route à distance tel un délégué technique, à ma maman à qui j'ai pensé chaque fois que les maisons étaient belles, que les ortensias etaient en fleur. À mon frangin qui m'a dit :"surtout tu te fais plaiz, rien d'autre ne compte", aux coéquipiers quand je pensais à l'écosse et au fait qu'on ait survécu à ça et puis aux autres... Souvent me disant : "allez tu rames ils doivent le voir sur le suivi !!!"
Et puis il y a tous ces anonymes qui m'ont encouragée, offert à manger parce que '' une femme sur une épreuve comme ça... Chapeau ! ", accueillie chez eux... Être une fille m'a sûrement avantagé. Que faire ? Refuser par principe ? Accepter par intérêt ? Dur de garder ses convictions quand on est dans l'inconfort. J'avoue que j'ai souvent cédé avec la carte" pauvre mouton" que je sais renforcée implicitement par le fait que je suis une fille.
La carte pauvre mouton c'est quoi ? C'est oser demander de l'aide ! J'ai sonné deux fois chez des gens en leur demandant qu'ils m'ouvrent leur garage pour la nuit et à chaque fois l'accueil que j'ai reçu a été incroyable ! Douche, repas, lit chaud... Et discussions hyper intéressantes ! Si je refais une aventure du genre je ne ferai que ça je crois !!!
Mais en plus de toutes ces rencontres, la plus importante est celle que j'ai faite avec moi même. Être seule c'était inédit. Car en raid on n'est jamais seul.
Ici, j'ai pu faire voyager mes idées, mes pensées et j'ai beaucoup discuté avec moi-même ! Je me suis auto encouragée, je me suis auto répondu et j'ai chanté en canon (OK la pluie c'est ma faute). Oui être finisher c'est peut-être être fou. Mais je suis folle et je le savais déjà.
LA GTB c'est aussi des odeurs
C'est simple : les porcheries que nous traversons régulièrement nous maintiennent éveillés et l'odeur de chien mouillé qui nous suit quotidiennement avec nos habits mal séchés nous permettent d'identifier qui est devant. Heureusement, les bonnes odeurs prennent le dessus. Je vous laisse imaginer le rugissement de joie de mon estomac lorsque mon nez renifle l'odeur d'une boulangerie au petit matin ou d'une galette le midi.
Enfin, l'odeur de l'iode s'accompagne d'un paysage grandiose pendant que celle de la pluie est souvent signe d'une éclaircie. Je crois que c'est mon odeur préférée.
La GTB d'un point de vue technique ?
Ça a été dur de se préparer en 15 jours... Si physiquement j'étais prête, au niveau matos : aie aie aie !
Quel vélo ? Gravel ou vtt ? Quels pneus, quel équipement ?
Pour résumer : c'est technique mais ça passe quand on sait piloter.
C'est cassant mais ça passe avec un doux braquet (chaton fougueux s'abstiendra, Garfield vaincra)
C'est humide mais ça passe avec un équipement étanche et des rechanges.
C'est éprouvant mais ça passe avec quelques galettes, des cafés et un hachis !
C'est traumatisant pour le corps mais à toi de gérer : une position millimétrée sur le vélo, une bonne selle, un cintre te permettant de placer tes mains à différents endroit, du talc, de la crème cicatrisante...bref ne rien laisser au hasard !
À part un manque de sensibilité sur 3 doigts je n'ai pas eu d'autres blessures.
"niveau mécanique t'as pas galéré ?," sur ce point je vous rassure une deuxième fois mesdames :avoir des testicules n'est pas un préalable à la réussite d'une réparation de chaîne ! .
C'est vrai qu'en tant que féminine on a tendance à déléguer cette tâche aux gars qui y touchent un peu en raid... Mais là en partant seule j'étais livrée à moi même et je n'ai pas eu de souci que je n'ai pas su régler (bon à part la vis de collier de selle que j'ai foirée mais on ne changera jamais la bourrine que je suis avec une clé Allen...). Se retrouver seule c'est donc se persuader qu'on est capable et au pire il ne faut pas hésiter à sortir la carte pauvre mouton ! Non nous ne sommes pas des assistées !!! Un petit cours technique avant le départ et zouuu !
Voici ma progression :
1er jour - Renne - Abbaye bon repos - 195 km : vent de face, 1e crêpe (galette ?) du séjour
2 ème jour - Abbaye bon repos - Guimaëc - 184 km : grand soleil, première fois qu'on aperçoit la mer !
3 ème jour - Guimaec - Crozon - 186 km : les fameux monts d'Arrée. Tige de selle capricieuse. Arrêt meca à Crozon.
4 ème jour - Crozon - Penmarch - 194 km
Premières grosses pluies, plendide journée en bord de mer
5 ème jour - Penmarch - Quéven - 187 km. Le calme avant la tempête. La pluie avant la tempête. La tempête avant la tempête. Et le hachis parmentier.
6 ème jour - Quéven - Camors - 142 km
Saute mouton party sauf que les moutons sont des arbres. La tempête a fait de gros dégâts !
7 ème jour - Camors - Rennes - 181 km
12h non stop de grosse pluie. On roule dans des ruisseaux, des flaques, de la boue. La pluie fait mal aux yeux, à moins que ce soit les larmes ?
J'ai toujours dormi la nuit car je ne voulais pas me mettre dans le même état qu'en raid et je voulais profiter des paysages et des bars ouverts et ne pas me blesser !! Challenge réussi!!!
Les regrets ont été de courir après le temps et les km... Mais donc je prolonge les vacances bretonnes afin de rattraper ça !
En conclusion : go girls !!! On n'est pas assez représentées ! J'en ai marre qu'on soit surpris quand on me voit passer !!! Et c'est de votre faute vous n'étiez pas là... Plus il y aura de filles au départ, moins on nous prendra pour des mutantes ! Ça sera normal
Au final je termine en 6j 10h et 47 min à la 17e position
Merci à Fred et son équipe pour cette orga de fou !
Merci à Louis, Clément, Aubin pour leur bonne humeur et leurs belles images !
Merci à tous les camarades de galère.
Et à tous les copains qui m'ont envoyé des messages quotidiens !
Merci chère Bretagne, vous êtes capricieuse mais tellement belle.
Longue vie à la Galère Tro Breizh !
Credit photo @erminig.cc @graveltrobreizh #ellesfontduvelo
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Alors on a un CR très court mais qui n'en reste pas moins explicite sur la dureté de la GTB. Il a été écrit par le duo mixte qui a terminé cette GTB 2020 ... en tandem !
Juste quelques chiffres pour votre plaisir...
2 boîtiers de pédalier HS
3 plateaux HS
2 chaînes HS
1 valve arraché
3 paires de plaquettes
2 chutes en duo
1 chute de moi tout seul sur le tandem....lol
3 chevilles HS
1 genou HS
3 petits doigts insensible
1 briquet HS
2 douches
1 cambriolage
Seulement 4 restaurants
Et surtout....
0 nuit a l hôtel !
Voilà....
Juste quelques chiffres pour votre plaisir...
2 boîtiers de pédalier HS
3 plateaux HS
2 chaînes HS
1 valve arraché
3 paires de plaquettes
2 chutes en duo
1 chute de moi tout seul sur le tandem....lol
3 chevilles HS
1 genou HS
3 petits doigts insensible
1 briquet HS
2 douches
1 cambriolage
Seulement 4 restaurants
Et surtout....
0 nuit a l hôtel !
Voilà....
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Bravo à elle.
12k c'est pas grand chose, heureusement que les miennes me font plus !! Mais je ne roule pas dans les même conditions climatiques et suis sûrement plus léger.
12k c'est pas grand chose, heureusement que les miennes me font plus !! Mais je ne roule pas dans les même conditions climatiques et suis sûrement plus léger.
Flocycle- Messages : 1406
Date d'inscription : 16/10/2014
Age : 38
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Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Mdr le CR que tu veux pas !! L'horreur
Tandem Gravel je visualise mal par contre.
Tandem Gravel je visualise mal par contre.
Flocycle- Messages : 1406
Date d'inscription : 16/10/2014
Age : 38
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Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Mais du coup les VTT étaient autorisés ? Ou juste cas spécial du tandem ?
Je vous que dans les compet' cyclo cross, les vtt sont autorisés mais doivent partir en fond de ligne.
Je vous que dans les compet' cyclo cross, les vtt sont autorisés mais doivent partir en fond de ligne.
Flocycle- Messages : 1406
Date d'inscription : 16/10/2014
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Localisation : Joinville
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
oui les VTT étaient autorisés. J'ai vu une photo d'un gars avec un bidon d'1L sur chaque fourreau de fourche. Le truc qui prend bien la boue
_________________
Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. Edmond Wells
JiBé- Messages : 4304
Date d'inscription : 16/10/2014
Age : 41
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Ce n'est pas une course mais un brevet. Les règles ne sont pas les mêmes. L'an passé un gus s'est présenté avec un vélo limite vélo de route. Il se la racontait genre je vais survoler la GTB et dans 5 jours je suis de retour à Rennes. Un peu prétentieux le bonhomme, il a abandonné au bout d'un jour et demi... trop dur
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Pas une course mais tous les participants parlent de leur classement. Alors finir est la priorité pr bcp mais cela reste dans un coin de la tête.
À la différence des diagonales où tu ne dois absolument pas diffuser un lien strava par ex sous peine de disqualification. Ici on est plus proche d'un Paris Brest Paris.
Et c'est sur que si un cake vient avec un matos inadapté quelquesoit son niveau physique il est cuit.
À la différence des diagonales où tu ne dois absolument pas diffuser un lien strava par ex sous peine de disqualification. Ici on est plus proche d'un Paris Brest Paris.
Et c'est sur que si un cake vient avec un matos inadapté quelquesoit son niveau physique il est cuit.
Flocycle- Messages : 1406
Date d'inscription : 16/10/2014
Age : 38
Localisation : Joinville
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
J'ai un collègue qui a fait Paris Brest Paris ... et une grosse pause vélo de plusieurs mois derrière ! Je crois qu'il a eu sa dose. Il reprend doucement, mais pas d'objectif cette année donc ça le motive pas trop pour rouler.
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Alors le CR suivant je l'attendais avec impatience ! C'est celui de Rémi Lequint, un nordiste habitué des épreuves Ultra, et qui cette année avait décidé de se lancer sur la GTB en singlespeed ...
https://gravelbikepacking.blog/2020/10/06/gravel-tro-breizh-2020-chroniques-dune-blague-un-peu-longue-mais-plaisante-au-final/
https://gravelbikepacking.blog/2020/10/06/gravel-tro-breizh-2020-chroniques-dune-blague-un-peu-longue-mais-plaisante-au-final/
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Joli cr en effet, très bien détaillé, photos et repères horaires bien placés. Choix technique spécial forcément en fixe...
Suis toujours étonné par les 'merdes' énergétiques qu'ils s'enfilent mais bon en itinérance c'est compliqué
Suis toujours étonné par les 'merdes' énergétiques qu'ils s'enfilent mais bon en itinérance c'est compliqué
Flocycle- Messages : 1406
Date d'inscription : 16/10/2014
Age : 38
Localisation : Joinville
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Je n'ai pas mis les photos des autres CR car je n'en possède pas les droits. J'ai juste fait des copier/coller des textes des CR trouvés sur FB.
J'avoue que les "merdes énergétiques" sont assez surprenantes mais en effet en itinérances tu es moins regardant que sur des efforts ponctuels. C'est un moyen de se requinquer et surtout de se faire du bien au moral après de longues heures de pédalage.
Bon sur ce CR il est clair que Rémi ne cache pas que par moments il s'est complètement lâché
J'avoue que les "merdes énergétiques" sont assez surprenantes mais en effet en itinérances tu es moins regardant que sur des efforts ponctuels. C'est un moyen de se requinquer et surtout de se faire du bien au moral après de longues heures de pédalage.
Bon sur ce CR il est clair que Rémi ne cache pas que par moments il s'est complètement lâché
Dernière édition par markitos le Mer 7 Oct - 14:45, édité 1 fois
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Merci pour le partage de ce que tu as pu récupérer !
_________________
Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. Edmond Wells
JiBé- Messages : 4304
Date d'inscription : 16/10/2014
Age : 41
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Encore un CR plein de lucidité. Comme quoi les épreuves ultras ne sont pas des épreuves comme les autres...
Après quelques jours de repos, le moment est venu de coucher sur le papier numérique mes souvenirs de la Gravel Tro Breizh - Saison 3 avant qu'ils ne disparaissent à tout jamais dans les vapeurs de mon vieux cerveau. Disons tout de suite que ces quelques lignes n'ont d'autres prétentions que de me servir d'aide mémoire, au cas où il me viendrait l'idée saugrenue de persévérer dans le "baillequepaquine". Cependant, c’est tant mieux si elles servent à celles et ceux qui veulent à coup sûr bien foirer leur tentative. Car, autant vous le dire tout de suite, je commence à m'y connaître pas mal en épreuves foirées.
C'est en effet après avoir échoué à cloturer The North Trail de notre célébrissime Rémi Quinquin (vague tendinite de cheville à la fin d'un J2 rondement mené), puis la North Cuesta Track (oui vous l'aurez deviné je suis du Nord) des amis de Lys VTT (tentative complètement débile de vouloir enchainer, tel un jeune châton fougueux, 450 bornes de VTT d'un coup: défonçage du siège + genou en vrac + paresthésies bilatérales pendant 2 mois) que je me suis inscrit la bouche en coeur et le menton bien haut à l'épreuve bretonne de référence, la bien nommée Gravel tro Breizh! On allait voir ce qu'on allait voir!
C'est peu dire qu'on l'attendait celle-ci! Alléché comme beaucoup d'autres par les magnifiques vidéos des landes brumeuses et des rivages ensoleillés, je m'étais préparé pour le mois de mai, puis pour fin septembre, en me persuadant que les 2-3 heures d'ensoleillement perdues seraient compensées par une atmosphère plus chaleureuse, couleurs automnales obligent. L'objectif était de participer à la fête, de voir du pays mais aussi de finir pour une fois, et coute que coute (les mots, toujours les mots). Mais savais-je bien où je mettais les pieds? Parce qu'une épreuve de 7 jours, ma bonne dame, c'est tout de même autre chose.
Je décidai alors de faire un choix radical, et pas trop dans l'esprit de l'épreuve (quoique tout à fait autorisé par le règlement) : j'irai sans duvet ni matelas. Nuit obligatoire en dur donc, pour bien me reposer et alléger le barda. On verra que cette stratégie n'a pas que des avantages. Après installation de poignées Ergon (magiques si vous voulez garder l'usage de vos doigts, très discrètes paresthésies passagères après 6 jours) et une 23e vérification de la liste très complète du matos, me voilà fin prêt pour le retrait des goodies, la veille du départ. Les concurrents sont dans l'ensemble aussi inquiets - euh pardon, concentrés - que moi, même si tout le monde essaye de se détendre à l'aide de boissons gazeuses dorées. On prévoit en effet un bon gros temps de m... pour la fin de semaine. Allez hop, une gapette à ma taille (ça change), le précieux transpondeur, un gâteau breton qui nous permettra de tenir jusqu'à Mur de Bretagne et 2 bidons tout neufs.
J1, 7h24. C'est le moment de rejoindre une délégation du Nord sur la ligne de départ avec Rémi, Simon Lebel Émilien Duborper et Clement Laloux. Ce qui m'occupe l'esprit à ce moment précis c'est de partir cool, de partir pour durer. J'y parviens assez bien, rassurez-vous !!! J'avais le souvenir de m'être un peu cramé sur la North Cuesta en essayant de suivre des avions. On ne m'y prendrait pas 2 fois. Et d'une manière générale je vais parvenir pendant les deux premiers jours à contenir cette envie d'envoyer les watts, au besoin en me parlant à moi même pour me calmer. J'essaye de rester concentré : ne pas forcer, s'alimenter régulièrement, bien préserver le vélo en roulant précisément et mettre préventivement moult quantité de pâte à cul au bon endroit. Le seul truc auquel je n'ai pas prêté attention (pas avant le 3e jour) c'est que j'étais trop couvert. Et j'ai probablement dépensé une énergie non négligeable à me refroidir, plutôt qu'à avancer. Ca parait débile mais j'étais tout de même bien stressé par les bornes à accomplir (je visais 195 le 1er jour). Et ça me gonflait de m'arrêter souvent pour adapter la tenue. C'était une erreur. Tout comme le fait de s'obstiner d'une manière générale dans un choix qui manifestement n'est pas le bon. On appelle ça la cohérence interne je crois, cette difficulté à remettre en question ses choix. On en reparlera vers la fin évidemment. Les paysages s'enchainent. Les gars rapides me dépassent, certains malchanceux connaissent leur première avarie, tandis que Quinquin s'envole littéralement sur son single, je ne le retrouverai que 440 bornes plus loin. Les prolongateurs sont une aide précieuse avec ce vent défavorable, j'adore les utiliser, étant plutôt rouleur que grimpeur. Et j'aurai tout au long de cette épreuve d'autres occasions de m'en servir avec plaisir. Pour la bouffe j'ai le gâteau breton coupé en 4, des barres, une poche d'@Holyfat de 400 grammes, ça devrait aller. J'arrive à Mur vers 18h. Il reste des bornes. Une vingtaine de participants refont le plein à la pizzeria. J'hésite puis repars sans me joindre à eux. Je ne veux pas arriver trop tard à l'hôtel car j'ai prévu (là aussi ne pas trop prévoir) de faire une petite lessive du cuissard (je ne veux surtout pas me blesser au siège, sorte de névrose post traumatique de la North Cuesta). La fin n'est pas de tout repos avec encore quelques bosses. La nuit va tomber quand j'arrive à Bon Repos. Je prends la clé et file vers la crêperie voisine en croisant Christophe et Aimeric qui prendront une chambre ici aussi. Diner en compagnie de Camille et Samuel. On discute, ils voulaient bivouaquer puis se ravisent et prennent une chambre aussi. Retour à la chambre, on prépare tout pour le lendemain, séchage du linge, recharge des appareils, le rituel un peu usant auquel je m'astreindrai chaque jour. Après discussion, l'hôtelier accepte bien volontiers de nous préparer les petit-déjeuners dès ce soir, cool nous pourrons partir quand nous voudrons. Puis vient la découverte essentielle de la semaine: le mystère du sommeil qui ne vient pas. On le cherche, et plus on le cherche plus il s'éloigne. Bien lourdingue. A croire qu'il fallait continuer de rouler jusqu'à épuisement, comme les participants du Paris Brest Paris !
J2 lever vers 5h30. En fait j'étais réveillé dès 4h par du bruit dans le couloir. L'équipe média serait-elle déjà sur le pont ? Ou bien est-ce que Camille et Samuel sont tombés du lit ? Je décide de rester un peu couché parce que tout de même le soleil n'arrivera pas avant 8h...Mise en route vers 6h22 en compagnie de @Rachel dont je fais enfin la connaissance réelle après des échanges sur Strava. Nous parcourons ensemble les singles du début de journée dans l'obscurité, non sans quelques errances. Puis chacun prend son rythme. C'est ce qui change par rapport à une sortie entre potes du dimanche matin. Ici c'est chacun son rythme. On prend soin les uns des autres mais c'est aussi une épreuve en autonomie, donc chacun doit se sentir libre de rouler comme il l'entend, seul ou accompagné. J'aime bien les deux. Belle journée que ce J2, presque trop chaude (surtout avec un maillot long et la casquette). Je retrouve les nordistes Vincent et Bertrand avec qui je papote un bon moment. Puis c'est la récompense : la mer. Evidemment on s'y attend mais quel bonheur ! Un vrai truc de gamin. Du coup je prend ma première photo depuis le départ (il était temps). Arrivée au CP2 ou je retrouve Fred et le patron de Tregoride qui me confirme qu'un changement de plaquettes est plutôt bienvenu, parce que métal sur métal ça ne va pas le faire très longtemps (les miennes n'étaient pas neuves au départ je vous rassure). Je vise Locquirec (175 bornes au total) parce qu'après j'ai l'impression qu'il y a moins de possibilité d'hébergement. C'est un peu bête parce que je pouvais rouler plus. Mais je suis englué dans mon schéma bien rigide de gars stressé : on s'économise parce que l'arrivée est encore loin, on assure l'hébergement parce que la nuit dehors sans duvet ça risque d'être un peu craignos, et puis n'oublie pas... t'as une lessive et des courses à faire ! Une liberté très conditionnelle en quelque sorte. Arrivée à 19h au gite Keric an oll situé sur la trace, avec un bon repas sur place avant une seconde nuit difficile à venir.
J3 départ à 5h25, je commence à bien rentrer dans le truc et ca me plait beaucoup. Cette journée sera magnifique. Une météo clémente, un parcours grandiose vers les monts avant une descente vers Crozon, et des jambes de feu du début à la fin. Je roule seul tout le début de matinée en prenant soin de rester en court pour éviter la surchauffe. J'arrive à Huelgoat vers 10h après m'être fait plaisir sur la voie verte, bien calé sur les prolongateurs. J'y retrouve du monde : Simon, Quinquin, Camille, Samuel..et même Leil' Outche venue nous rendre visite. Une pause qui me fait beaucoup de bien. Je ne traîne pas et repars seul (c’est pas une course), en passant même faire une toilette du bike grâce à une petite station de lavage. Un vélo propre est un vélo rapide, surtout avec une transmission gavée de Squirt. Au Menez Mikael (CP4 déjà!) je retrouve Fred et l'équipe média. Je vais enfin pouvoir contempler en vrai la chapelle Saint-Michel de Brasparts qui trône sur mon écran d'ordinateur au boulot depuis janvier! Il y a de la place là dedans mais l'heure n’est pas à la sieste. Non, parce que la descente est plutôt du genre à vous donner raison si, comme moi, vous avez choisi un VTT. J' y vais doucement quand même parce que déchirer un pneu n'est pas trop mon kif. Ensuite, j'aurai la banane jusqu'à l'arrivée à Morgat au terme de 207 bornes de bonheur où je retrouve Vincent et Quinquin pour partager un studio 5*. Même l'extinction du Garmin sur la plage de galet de Porzh Mel ne gâchera pas cette fin de journée, grâce à Komoot en back-up sur le téléphone. Nous faisons semblant d’oublier l’équipe média déchainée qui nous mitraille dans ce paysage typique. Le genre de journée où tout vous réussit. J'aurais dû me méfier...
J4, départ à 6h00. Je laisse les copains faire la grasse mat et me dirige solo vers le Menez Hom (346 m tout de même) situé à 35 bornes de là. L'ambiance est brumeuse et la pluie est annoncée. Aujourd'hui, c'est sûr, on va y avoir droit. La montée est cool sur route. Arrivé au sommet je suis rejoint par notre Quinquin national. Et qui est là, cachée derrière un buisson à l'abri du vent ? Mais oui c'est Eugénie avec un super ravito surprise ! Merci, merci et merci encore. Le café amélioré fait un bien fou. Il est pile 9h. Nous attaquons la somptueuse descente du Menez Hom, puis une 2e pause café à Locronan, tellement joli. A la mi-journée j'arrive pile trop tard à Douarnenez, tout est fermé. La boulangerie qui s'est faite dévalisée ce matin par les copains n'a plus rien de salé. Une baguette, ça ira très bien. Au CP6, 1h30 plus tard, le bar est fermé. Grrrrrr on dirait que ça commence à partir en sucette et la poche à bouffe se vide ! T’es sûr que t’as pas soif ? Non, parce que côté flotte on va bientôt être servi. Un oeil sur le radar de pluie, ouh la! Il est temps d'enfiler ta jolie tenue de marin pécheur mon garçon. Je discute avec Quinquin qui me confirme qu'Audierne est un bon spot pour l'hébergement. Ca ne fait que 135 bornes pour aujourd'hui mais, vu la pluie qui arrive, ce sera déjà bien. Erreur. C'est pas parce qu'on a un peu d'avance qu'il faut se relâcher. 135 km c'est trop peu sur cette GTB. Et si tu ne voulais pas rouler sous la pluie fallait rester chez toi mon grand. Bref c'est parti pour la pointe du Van version Aquaboulevard, 40 bornes en 3h sous une pluie battante et un vent rigolo. J’y retrouve Christophe, Aimeric mais aussi Gauthier dont je fais enfin la connaissance après des échanges virtuels (ça change de Watopia, n’est-ce pas Gauthier ?). L'équipe média attend à Audierne les zombies de retour de la plage des Trépassés pour faire les photos qui vous donneront envie de participer à la 4e édition! Rouler sous la pluie c'est chiant mais franchement, une fois que t'es mouillé tu t'en fous. Le gros problème c'est quand tu t'arrêtes. Soit tu repars tout de suite, soit ça devient vraiment pénible et tu risques de chopper la mort. C'est ce qui m'a fait stopper à Audierne. Il n'était que 16h. La fatigue, l'isolement, l'envie de tout faire sécher pour faire une aussi grosse journée que possible le lendemain...voilà ce qui m'a décidé. Hotel, courses, lessive, nettoyage de la transmission, restaurant, massage à l'huile camphrée (quand on a des gouts de luxe)...mais dans ma tête je savais bien que je faisais une connerie en m'arrêtant si tôt. Résultat? Une nuit très courte. Réveil à 1h30, je tourne en rond dans le lit. On annonce la tempête Alex pour la nuit suivante et là, c'est sûr, faudra pas être sur les chemins. J'hésite pendant une heure en scrutant les courtes averses qui se succèdent par la fenêtre de ma chambre, puis me décide à partir à 2h30. T'es sûr Stevie ? Mais oui, merde! Faut bien la finir cette GTB! Ca fait quand même un peu cher la nuit d'hôtel.
J5, une journée mémorable, la dernière sur la trace. Mine de rien j'avais une stratégie pour ce début de journée: tu roules tant que tu peux, et dès qu'une averse arrive, tu t'abrites, c'est tout simple ! Ah ouais, sauf que je ne savais pas trop où la trace m'emmenait. Il s'agissait en fait de longer la côte pendant 55 bornes (ce qui me prendra 4h pauses comprises) dans une obscurité totale, heureusement vaincue par moment par une pleine lune majestueuse, tel un second soleil, que je remerciais de tout mon coeur. Les averses sont venues bien sûr, et sans prévenir, dans un paysage où les abris étaient rares (collé derrière une maison ici, puis derrière une haie quelques kms plus loin) jusqu'à la terrasse couverte d'un bar à la plage de Pors-Carn où je me réfugiai à 5h30 pour somnoler 20 minutes en me disant que je n’avais plus qu’à assumer mes choix. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Car ce qui m'a complètement bluffé c'est quand j'ai réalisé, en regardant l'application Soluchrono, que la voiture média était 2 km derrière moi. Punaise les gars vous êtes vraiment des furieux, y'a pas à dire! Le franchissement du Phare d'Eckmühl, un peu après 6h, me permit de bénéficier d'un vent enfin favorable et je me dirigeai alors, à moitié lucide, me trompant régulièrement de trace, vers Pont l'Abbé que j'atteignis complètement abruti de sommeil vers 7h30, non sans m'être lamentablement vautré sur le petit circuit CX ludique en contrebas du supermarché. Obligé de quitter la trace à la recherche d'un bistrot où je restai plus d'une heure pour retrouver mes esprits à force de café. C'est à partir de ce moment que ma vision du projet GTB a changé ahahaha ! Il faut dire que les chaines d'infos diffusées dans le troquet ne donnaient pas vraiment envie de sortir les jours suivants. On n'hésitait déjà plus sur la couleur de l'alerte météo qui allait s'abattre sur notre belle trace, couchant les arbres, fermant les collèges et lycées et interdisant l'accès aux chemins côtiers. Autre erreur grave: écouter les infos quand on fait la GTB! Il est bien plus intelligent de se fier à ce qu'on voit autour de soi, plutôt que de se laisser pourrir l'esprit par des ondes négatives. Erreur supplémentaire à ce moment: rester isolé. Ne pas chercher le réconfort et l'encouragement d'autres participants (il y en a toujours un pas très loin). Je repars donc solo avec les premiers rayons du soleil qui font du bien. A l’heure du déjeuner, je reprends un groupe de 4 participants. Pas besoin de boule de cristal pour comprendre qu’ils seront finishers. Et là, au lieu de me joindre à eux très humblement en les suppliant de me laisser prendre leurs roues, je les laisse finir leur repas et repars fièrement avec un sandwich que je mangerai sur le vélo. Mais qu’est-ce qui m’a pris ? Un mélange de grande fatigue, de stress de la pluie qui arrivait et d’orgueil bien déplacé, tout content de me retrouver subitement devant tout ce monde. Mais puisqu’on te dit que ce n’est pas une course ! Ne vois-tu pas que la providence met sur ta route des gars qui pourront t’aider à changer d’état d’esprit ? A retrouver cette détermination qui te fera finir ? Non. Quand on est con, on est con, que voulez-vous ? La suite est néanmoins agréable sur une trace roulante mais au dénivelé usant. Je me fais reprendre par Cyrus qui va vraiment trop vite pour moi avec sa guidoline toute neuve, et je poursuis ainsi jusqu'à Riec sur Belon que j’atteins très fatigué à 15h. Quoi ? 15h et c'est fini ? Bah oui, je suis parti si tôt ! Les jambes, tout comme la tête ont besoin de repos. Là, il est évident que j'aurais dû faire une bonne pause et repartir car les vraies grosses pluies n'ont commencé que vers 22h. J’aurai sans doute atteint le CP7. Seulement j'étais incapable de changer la misérable décision que j'avais prise quelques heures auparavant. Je remettais à plus tard le moment de rouler davantage. En fait, je lâchais l’affaire. Total : 154 bornes. Il en resterait 400 en 3 jours. Faisable sur le papier mais pas dans ma tête en raison de l’ambiance vietnamienne des 2 jours à venir et de mon aversion pour la pluie.
J6. Dans la nuit, coupure de courant, quelques minutes après que Fred ait annoncé la neutralisation de l'épreuve, plus de réseau, rien. Grosse pluie. Dodo, on verra demain. Au réveil il faut se décider. D'un côté c'est la catastrophe annoncée, de l'autre l'épreuve qui peut reprendre avec prudence et moi au milieu de tout ça qui sort du lit avec des jambes de nonagénaire pour la première fois depuis le départ. Ouh la, ça va pas être la fête aujourd'hui...Pourtant il fait très beau ce matin, la pluie ne devrait pas revenir avant 14h. Et là, je ne sais pas ce qui m'a pris mais j’ai complètement craqué et je décide que je ne roulerai plus sous la pluie. Ah bah oui, vu comme ça, c'est sûr que c'est plus simple! Suite à ça, un rapide calcul me permet de dire qu'il m'est impossible de rallier Rennes avant dimanche 19h24, puisqu'il va flotter tout cet après-midi et tout samedi (ce qui se confirmera réellement). Il faudrait faire 100 bornes ce matin puis 300 bornes dimanche, avant de reprendre la voiture pour 5h de route, car le boulot m’attend en pleine forme lundi matin. CQFD ! Direction la gare de Lorient et retour en TER au camping des Gayeulles où m'attendent les copains du Ch'Nord avec un frigo bien rempli. Voilà un bien meilleur programme. Et ta volonté de finir la GTB Stevie ? Quoi ? Quelle volonté? Bref, à la gare je retrouve Aimeric qui a pris la même décision que moi, pour d'autres raisons. Nous discutons un peu. Je me sens bien merdeux quand même. J'hésite jusqu'au dernier moment à reprendre la trace puis je me décide en voyant la pluie arriver. Le train est bondé car tous les élèves en internat rentrent chez eux à cause de la tempête. Et les arbres tombés sur la voie font définitivement stopper le train à Redon. Je suis content de finir à vélo jusqu'à Rennes. Il fait beau à Redon, les bords de la Vilaine m’appellent. Reste 85 bornes, qui finiront de m'achever quand même, avant de retrouver le lodge du bonheur avec tous les amis et les premiers finishers pour une bien belle soirée.
Epilogue. Quelles leçons tirer de cette semaine ? Pour une première sur une épreuve aussi longue les choix matériels étaient bons (VTT semi-rigide, pneus, éclairage). Aucun pépin mécanique, zéro crevaison. Par contre l'isolement m'a joué des tours, en m'amenant à prendre de mauvaises décisions comme ces fins de journée beaucoup trop précoces et ce départ trop matinal du J5 qui m'a beaucoup fatigué. Le choix de dormir impérativement en dur apporte du confort matériel mais il génère un autre stress, tandis que s'arrêter dormir quand on veut, en trouvant un abri naturel au moment opportun est souvent une bien meilleure solution (j'en ai fait l'expérience sur la TNT et la NCT). Encore faut-il trouver le moyen de sécher les affaires. J'avais trop de vêtements. Rouler en court reste possible jusqu'à 8-9° à condition d'avoir un pantalon de pluie. Je me suis fait un peu surprendre par les difficultés de ravito, mais sans que ça devienne problématique. Le lodge réservé pour vendredi et samedi soir était encore une belle erreur, tout comme la reprise du boulot prévue dès le lundi matin. Le niveau d’épuisement est tel qu’il m’a fallu au moins 3 jours pour me remettre. Malgré la nuit de sommeil après mon arrivée, la fatigue a rendu interminables les 5 heures de route samedi. A la réflexion je garde tous les bons côtés. L'épreuve est vraiment magnifique. La trace de Fred alterne savamment entre chemins variés et petites routes sur lesquelles on se sent toujours en sécurité (très peu de bagnoles). Les bénévoles Louis, Clement et Bidaia sont aussi déterminés que les finishers. Les soutiens extérieurs m’ont beaucoup aidé et je remercie Karinne, Chloé, Yannis, Nath, Mike, Sergio et tous les amis qui m’ont adressé de précieux messages d’encouragement.
Mon mantra pour la prochaine fois : regarder le ciel plutôt que les infos ou la météo, faire confiance à ce qui arrive, rester humble et lâcher prise.
Après quelques jours de repos, le moment est venu de coucher sur le papier numérique mes souvenirs de la Gravel Tro Breizh - Saison 3 avant qu'ils ne disparaissent à tout jamais dans les vapeurs de mon vieux cerveau. Disons tout de suite que ces quelques lignes n'ont d'autres prétentions que de me servir d'aide mémoire, au cas où il me viendrait l'idée saugrenue de persévérer dans le "baillequepaquine". Cependant, c’est tant mieux si elles servent à celles et ceux qui veulent à coup sûr bien foirer leur tentative. Car, autant vous le dire tout de suite, je commence à m'y connaître pas mal en épreuves foirées.
C'est en effet après avoir échoué à cloturer The North Trail de notre célébrissime Rémi Quinquin (vague tendinite de cheville à la fin d'un J2 rondement mené), puis la North Cuesta Track (oui vous l'aurez deviné je suis du Nord) des amis de Lys VTT (tentative complètement débile de vouloir enchainer, tel un jeune châton fougueux, 450 bornes de VTT d'un coup: défonçage du siège + genou en vrac + paresthésies bilatérales pendant 2 mois) que je me suis inscrit la bouche en coeur et le menton bien haut à l'épreuve bretonne de référence, la bien nommée Gravel tro Breizh! On allait voir ce qu'on allait voir!
C'est peu dire qu'on l'attendait celle-ci! Alléché comme beaucoup d'autres par les magnifiques vidéos des landes brumeuses et des rivages ensoleillés, je m'étais préparé pour le mois de mai, puis pour fin septembre, en me persuadant que les 2-3 heures d'ensoleillement perdues seraient compensées par une atmosphère plus chaleureuse, couleurs automnales obligent. L'objectif était de participer à la fête, de voir du pays mais aussi de finir pour une fois, et coute que coute (les mots, toujours les mots). Mais savais-je bien où je mettais les pieds? Parce qu'une épreuve de 7 jours, ma bonne dame, c'est tout de même autre chose.
Je décidai alors de faire un choix radical, et pas trop dans l'esprit de l'épreuve (quoique tout à fait autorisé par le règlement) : j'irai sans duvet ni matelas. Nuit obligatoire en dur donc, pour bien me reposer et alléger le barda. On verra que cette stratégie n'a pas que des avantages. Après installation de poignées Ergon (magiques si vous voulez garder l'usage de vos doigts, très discrètes paresthésies passagères après 6 jours) et une 23e vérification de la liste très complète du matos, me voilà fin prêt pour le retrait des goodies, la veille du départ. Les concurrents sont dans l'ensemble aussi inquiets - euh pardon, concentrés - que moi, même si tout le monde essaye de se détendre à l'aide de boissons gazeuses dorées. On prévoit en effet un bon gros temps de m... pour la fin de semaine. Allez hop, une gapette à ma taille (ça change), le précieux transpondeur, un gâteau breton qui nous permettra de tenir jusqu'à Mur de Bretagne et 2 bidons tout neufs.
J1, 7h24. C'est le moment de rejoindre une délégation du Nord sur la ligne de départ avec Rémi, Simon Lebel Émilien Duborper et Clement Laloux. Ce qui m'occupe l'esprit à ce moment précis c'est de partir cool, de partir pour durer. J'y parviens assez bien, rassurez-vous !!! J'avais le souvenir de m'être un peu cramé sur la North Cuesta en essayant de suivre des avions. On ne m'y prendrait pas 2 fois. Et d'une manière générale je vais parvenir pendant les deux premiers jours à contenir cette envie d'envoyer les watts, au besoin en me parlant à moi même pour me calmer. J'essaye de rester concentré : ne pas forcer, s'alimenter régulièrement, bien préserver le vélo en roulant précisément et mettre préventivement moult quantité de pâte à cul au bon endroit. Le seul truc auquel je n'ai pas prêté attention (pas avant le 3e jour) c'est que j'étais trop couvert. Et j'ai probablement dépensé une énergie non négligeable à me refroidir, plutôt qu'à avancer. Ca parait débile mais j'étais tout de même bien stressé par les bornes à accomplir (je visais 195 le 1er jour). Et ça me gonflait de m'arrêter souvent pour adapter la tenue. C'était une erreur. Tout comme le fait de s'obstiner d'une manière générale dans un choix qui manifestement n'est pas le bon. On appelle ça la cohérence interne je crois, cette difficulté à remettre en question ses choix. On en reparlera vers la fin évidemment. Les paysages s'enchainent. Les gars rapides me dépassent, certains malchanceux connaissent leur première avarie, tandis que Quinquin s'envole littéralement sur son single, je ne le retrouverai que 440 bornes plus loin. Les prolongateurs sont une aide précieuse avec ce vent défavorable, j'adore les utiliser, étant plutôt rouleur que grimpeur. Et j'aurai tout au long de cette épreuve d'autres occasions de m'en servir avec plaisir. Pour la bouffe j'ai le gâteau breton coupé en 4, des barres, une poche d'@Holyfat de 400 grammes, ça devrait aller. J'arrive à Mur vers 18h. Il reste des bornes. Une vingtaine de participants refont le plein à la pizzeria. J'hésite puis repars sans me joindre à eux. Je ne veux pas arriver trop tard à l'hôtel car j'ai prévu (là aussi ne pas trop prévoir) de faire une petite lessive du cuissard (je ne veux surtout pas me blesser au siège, sorte de névrose post traumatique de la North Cuesta). La fin n'est pas de tout repos avec encore quelques bosses. La nuit va tomber quand j'arrive à Bon Repos. Je prends la clé et file vers la crêperie voisine en croisant Christophe et Aimeric qui prendront une chambre ici aussi. Diner en compagnie de Camille et Samuel. On discute, ils voulaient bivouaquer puis se ravisent et prennent une chambre aussi. Retour à la chambre, on prépare tout pour le lendemain, séchage du linge, recharge des appareils, le rituel un peu usant auquel je m'astreindrai chaque jour. Après discussion, l'hôtelier accepte bien volontiers de nous préparer les petit-déjeuners dès ce soir, cool nous pourrons partir quand nous voudrons. Puis vient la découverte essentielle de la semaine: le mystère du sommeil qui ne vient pas. On le cherche, et plus on le cherche plus il s'éloigne. Bien lourdingue. A croire qu'il fallait continuer de rouler jusqu'à épuisement, comme les participants du Paris Brest Paris !
J2 lever vers 5h30. En fait j'étais réveillé dès 4h par du bruit dans le couloir. L'équipe média serait-elle déjà sur le pont ? Ou bien est-ce que Camille et Samuel sont tombés du lit ? Je décide de rester un peu couché parce que tout de même le soleil n'arrivera pas avant 8h...Mise en route vers 6h22 en compagnie de @Rachel dont je fais enfin la connaissance réelle après des échanges sur Strava. Nous parcourons ensemble les singles du début de journée dans l'obscurité, non sans quelques errances. Puis chacun prend son rythme. C'est ce qui change par rapport à une sortie entre potes du dimanche matin. Ici c'est chacun son rythme. On prend soin les uns des autres mais c'est aussi une épreuve en autonomie, donc chacun doit se sentir libre de rouler comme il l'entend, seul ou accompagné. J'aime bien les deux. Belle journée que ce J2, presque trop chaude (surtout avec un maillot long et la casquette). Je retrouve les nordistes Vincent et Bertrand avec qui je papote un bon moment. Puis c'est la récompense : la mer. Evidemment on s'y attend mais quel bonheur ! Un vrai truc de gamin. Du coup je prend ma première photo depuis le départ (il était temps). Arrivée au CP2 ou je retrouve Fred et le patron de Tregoride qui me confirme qu'un changement de plaquettes est plutôt bienvenu, parce que métal sur métal ça ne va pas le faire très longtemps (les miennes n'étaient pas neuves au départ je vous rassure). Je vise Locquirec (175 bornes au total) parce qu'après j'ai l'impression qu'il y a moins de possibilité d'hébergement. C'est un peu bête parce que je pouvais rouler plus. Mais je suis englué dans mon schéma bien rigide de gars stressé : on s'économise parce que l'arrivée est encore loin, on assure l'hébergement parce que la nuit dehors sans duvet ça risque d'être un peu craignos, et puis n'oublie pas... t'as une lessive et des courses à faire ! Une liberté très conditionnelle en quelque sorte. Arrivée à 19h au gite Keric an oll situé sur la trace, avec un bon repas sur place avant une seconde nuit difficile à venir.
J3 départ à 5h25, je commence à bien rentrer dans le truc et ca me plait beaucoup. Cette journée sera magnifique. Une météo clémente, un parcours grandiose vers les monts avant une descente vers Crozon, et des jambes de feu du début à la fin. Je roule seul tout le début de matinée en prenant soin de rester en court pour éviter la surchauffe. J'arrive à Huelgoat vers 10h après m'être fait plaisir sur la voie verte, bien calé sur les prolongateurs. J'y retrouve du monde : Simon, Quinquin, Camille, Samuel..et même Leil' Outche venue nous rendre visite. Une pause qui me fait beaucoup de bien. Je ne traîne pas et repars seul (c’est pas une course), en passant même faire une toilette du bike grâce à une petite station de lavage. Un vélo propre est un vélo rapide, surtout avec une transmission gavée de Squirt. Au Menez Mikael (CP4 déjà!) je retrouve Fred et l'équipe média. Je vais enfin pouvoir contempler en vrai la chapelle Saint-Michel de Brasparts qui trône sur mon écran d'ordinateur au boulot depuis janvier! Il y a de la place là dedans mais l'heure n’est pas à la sieste. Non, parce que la descente est plutôt du genre à vous donner raison si, comme moi, vous avez choisi un VTT. J' y vais doucement quand même parce que déchirer un pneu n'est pas trop mon kif. Ensuite, j'aurai la banane jusqu'à l'arrivée à Morgat au terme de 207 bornes de bonheur où je retrouve Vincent et Quinquin pour partager un studio 5*. Même l'extinction du Garmin sur la plage de galet de Porzh Mel ne gâchera pas cette fin de journée, grâce à Komoot en back-up sur le téléphone. Nous faisons semblant d’oublier l’équipe média déchainée qui nous mitraille dans ce paysage typique. Le genre de journée où tout vous réussit. J'aurais dû me méfier...
J4, départ à 6h00. Je laisse les copains faire la grasse mat et me dirige solo vers le Menez Hom (346 m tout de même) situé à 35 bornes de là. L'ambiance est brumeuse et la pluie est annoncée. Aujourd'hui, c'est sûr, on va y avoir droit. La montée est cool sur route. Arrivé au sommet je suis rejoint par notre Quinquin national. Et qui est là, cachée derrière un buisson à l'abri du vent ? Mais oui c'est Eugénie avec un super ravito surprise ! Merci, merci et merci encore. Le café amélioré fait un bien fou. Il est pile 9h. Nous attaquons la somptueuse descente du Menez Hom, puis une 2e pause café à Locronan, tellement joli. A la mi-journée j'arrive pile trop tard à Douarnenez, tout est fermé. La boulangerie qui s'est faite dévalisée ce matin par les copains n'a plus rien de salé. Une baguette, ça ira très bien. Au CP6, 1h30 plus tard, le bar est fermé. Grrrrrr on dirait que ça commence à partir en sucette et la poche à bouffe se vide ! T’es sûr que t’as pas soif ? Non, parce que côté flotte on va bientôt être servi. Un oeil sur le radar de pluie, ouh la! Il est temps d'enfiler ta jolie tenue de marin pécheur mon garçon. Je discute avec Quinquin qui me confirme qu'Audierne est un bon spot pour l'hébergement. Ca ne fait que 135 bornes pour aujourd'hui mais, vu la pluie qui arrive, ce sera déjà bien. Erreur. C'est pas parce qu'on a un peu d'avance qu'il faut se relâcher. 135 km c'est trop peu sur cette GTB. Et si tu ne voulais pas rouler sous la pluie fallait rester chez toi mon grand. Bref c'est parti pour la pointe du Van version Aquaboulevard, 40 bornes en 3h sous une pluie battante et un vent rigolo. J’y retrouve Christophe, Aimeric mais aussi Gauthier dont je fais enfin la connaissance après des échanges virtuels (ça change de Watopia, n’est-ce pas Gauthier ?). L'équipe média attend à Audierne les zombies de retour de la plage des Trépassés pour faire les photos qui vous donneront envie de participer à la 4e édition! Rouler sous la pluie c'est chiant mais franchement, une fois que t'es mouillé tu t'en fous. Le gros problème c'est quand tu t'arrêtes. Soit tu repars tout de suite, soit ça devient vraiment pénible et tu risques de chopper la mort. C'est ce qui m'a fait stopper à Audierne. Il n'était que 16h. La fatigue, l'isolement, l'envie de tout faire sécher pour faire une aussi grosse journée que possible le lendemain...voilà ce qui m'a décidé. Hotel, courses, lessive, nettoyage de la transmission, restaurant, massage à l'huile camphrée (quand on a des gouts de luxe)...mais dans ma tête je savais bien que je faisais une connerie en m'arrêtant si tôt. Résultat? Une nuit très courte. Réveil à 1h30, je tourne en rond dans le lit. On annonce la tempête Alex pour la nuit suivante et là, c'est sûr, faudra pas être sur les chemins. J'hésite pendant une heure en scrutant les courtes averses qui se succèdent par la fenêtre de ma chambre, puis me décide à partir à 2h30. T'es sûr Stevie ? Mais oui, merde! Faut bien la finir cette GTB! Ca fait quand même un peu cher la nuit d'hôtel.
J5, une journée mémorable, la dernière sur la trace. Mine de rien j'avais une stratégie pour ce début de journée: tu roules tant que tu peux, et dès qu'une averse arrive, tu t'abrites, c'est tout simple ! Ah ouais, sauf que je ne savais pas trop où la trace m'emmenait. Il s'agissait en fait de longer la côte pendant 55 bornes (ce qui me prendra 4h pauses comprises) dans une obscurité totale, heureusement vaincue par moment par une pleine lune majestueuse, tel un second soleil, que je remerciais de tout mon coeur. Les averses sont venues bien sûr, et sans prévenir, dans un paysage où les abris étaient rares (collé derrière une maison ici, puis derrière une haie quelques kms plus loin) jusqu'à la terrasse couverte d'un bar à la plage de Pors-Carn où je me réfugiai à 5h30 pour somnoler 20 minutes en me disant que je n’avais plus qu’à assumer mes choix. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Car ce qui m'a complètement bluffé c'est quand j'ai réalisé, en regardant l'application Soluchrono, que la voiture média était 2 km derrière moi. Punaise les gars vous êtes vraiment des furieux, y'a pas à dire! Le franchissement du Phare d'Eckmühl, un peu après 6h, me permit de bénéficier d'un vent enfin favorable et je me dirigeai alors, à moitié lucide, me trompant régulièrement de trace, vers Pont l'Abbé que j'atteignis complètement abruti de sommeil vers 7h30, non sans m'être lamentablement vautré sur le petit circuit CX ludique en contrebas du supermarché. Obligé de quitter la trace à la recherche d'un bistrot où je restai plus d'une heure pour retrouver mes esprits à force de café. C'est à partir de ce moment que ma vision du projet GTB a changé ahahaha ! Il faut dire que les chaines d'infos diffusées dans le troquet ne donnaient pas vraiment envie de sortir les jours suivants. On n'hésitait déjà plus sur la couleur de l'alerte météo qui allait s'abattre sur notre belle trace, couchant les arbres, fermant les collèges et lycées et interdisant l'accès aux chemins côtiers. Autre erreur grave: écouter les infos quand on fait la GTB! Il est bien plus intelligent de se fier à ce qu'on voit autour de soi, plutôt que de se laisser pourrir l'esprit par des ondes négatives. Erreur supplémentaire à ce moment: rester isolé. Ne pas chercher le réconfort et l'encouragement d'autres participants (il y en a toujours un pas très loin). Je repars donc solo avec les premiers rayons du soleil qui font du bien. A l’heure du déjeuner, je reprends un groupe de 4 participants. Pas besoin de boule de cristal pour comprendre qu’ils seront finishers. Et là, au lieu de me joindre à eux très humblement en les suppliant de me laisser prendre leurs roues, je les laisse finir leur repas et repars fièrement avec un sandwich que je mangerai sur le vélo. Mais qu’est-ce qui m’a pris ? Un mélange de grande fatigue, de stress de la pluie qui arrivait et d’orgueil bien déplacé, tout content de me retrouver subitement devant tout ce monde. Mais puisqu’on te dit que ce n’est pas une course ! Ne vois-tu pas que la providence met sur ta route des gars qui pourront t’aider à changer d’état d’esprit ? A retrouver cette détermination qui te fera finir ? Non. Quand on est con, on est con, que voulez-vous ? La suite est néanmoins agréable sur une trace roulante mais au dénivelé usant. Je me fais reprendre par Cyrus qui va vraiment trop vite pour moi avec sa guidoline toute neuve, et je poursuis ainsi jusqu'à Riec sur Belon que j’atteins très fatigué à 15h. Quoi ? 15h et c'est fini ? Bah oui, je suis parti si tôt ! Les jambes, tout comme la tête ont besoin de repos. Là, il est évident que j'aurais dû faire une bonne pause et repartir car les vraies grosses pluies n'ont commencé que vers 22h. J’aurai sans doute atteint le CP7. Seulement j'étais incapable de changer la misérable décision que j'avais prise quelques heures auparavant. Je remettais à plus tard le moment de rouler davantage. En fait, je lâchais l’affaire. Total : 154 bornes. Il en resterait 400 en 3 jours. Faisable sur le papier mais pas dans ma tête en raison de l’ambiance vietnamienne des 2 jours à venir et de mon aversion pour la pluie.
J6. Dans la nuit, coupure de courant, quelques minutes après que Fred ait annoncé la neutralisation de l'épreuve, plus de réseau, rien. Grosse pluie. Dodo, on verra demain. Au réveil il faut se décider. D'un côté c'est la catastrophe annoncée, de l'autre l'épreuve qui peut reprendre avec prudence et moi au milieu de tout ça qui sort du lit avec des jambes de nonagénaire pour la première fois depuis le départ. Ouh la, ça va pas être la fête aujourd'hui...Pourtant il fait très beau ce matin, la pluie ne devrait pas revenir avant 14h. Et là, je ne sais pas ce qui m'a pris mais j’ai complètement craqué et je décide que je ne roulerai plus sous la pluie. Ah bah oui, vu comme ça, c'est sûr que c'est plus simple! Suite à ça, un rapide calcul me permet de dire qu'il m'est impossible de rallier Rennes avant dimanche 19h24, puisqu'il va flotter tout cet après-midi et tout samedi (ce qui se confirmera réellement). Il faudrait faire 100 bornes ce matin puis 300 bornes dimanche, avant de reprendre la voiture pour 5h de route, car le boulot m’attend en pleine forme lundi matin. CQFD ! Direction la gare de Lorient et retour en TER au camping des Gayeulles où m'attendent les copains du Ch'Nord avec un frigo bien rempli. Voilà un bien meilleur programme. Et ta volonté de finir la GTB Stevie ? Quoi ? Quelle volonté? Bref, à la gare je retrouve Aimeric qui a pris la même décision que moi, pour d'autres raisons. Nous discutons un peu. Je me sens bien merdeux quand même. J'hésite jusqu'au dernier moment à reprendre la trace puis je me décide en voyant la pluie arriver. Le train est bondé car tous les élèves en internat rentrent chez eux à cause de la tempête. Et les arbres tombés sur la voie font définitivement stopper le train à Redon. Je suis content de finir à vélo jusqu'à Rennes. Il fait beau à Redon, les bords de la Vilaine m’appellent. Reste 85 bornes, qui finiront de m'achever quand même, avant de retrouver le lodge du bonheur avec tous les amis et les premiers finishers pour une bien belle soirée.
Epilogue. Quelles leçons tirer de cette semaine ? Pour une première sur une épreuve aussi longue les choix matériels étaient bons (VTT semi-rigide, pneus, éclairage). Aucun pépin mécanique, zéro crevaison. Par contre l'isolement m'a joué des tours, en m'amenant à prendre de mauvaises décisions comme ces fins de journée beaucoup trop précoces et ce départ trop matinal du J5 qui m'a beaucoup fatigué. Le choix de dormir impérativement en dur apporte du confort matériel mais il génère un autre stress, tandis que s'arrêter dormir quand on veut, en trouvant un abri naturel au moment opportun est souvent une bien meilleure solution (j'en ai fait l'expérience sur la TNT et la NCT). Encore faut-il trouver le moyen de sécher les affaires. J'avais trop de vêtements. Rouler en court reste possible jusqu'à 8-9° à condition d'avoir un pantalon de pluie. Je me suis fait un peu surprendre par les difficultés de ravito, mais sans que ça devienne problématique. Le lodge réservé pour vendredi et samedi soir était encore une belle erreur, tout comme la reprise du boulot prévue dès le lundi matin. Le niveau d’épuisement est tel qu’il m’a fallu au moins 3 jours pour me remettre. Malgré la nuit de sommeil après mon arrivée, la fatigue a rendu interminables les 5 heures de route samedi. A la réflexion je garde tous les bons côtés. L'épreuve est vraiment magnifique. La trace de Fred alterne savamment entre chemins variés et petites routes sur lesquelles on se sent toujours en sécurité (très peu de bagnoles). Les bénévoles Louis, Clement et Bidaia sont aussi déterminés que les finishers. Les soutiens extérieurs m’ont beaucoup aidé et je remercie Karinne, Chloé, Yannis, Nath, Mike, Sergio et tous les amis qui m’ont adressé de précieux messages d’encouragement.
Mon mantra pour la prochaine fois : regarder le ciel plutôt que les infos ou la météo, faire confiance à ce qui arrive, rester humble et lâcher prise.
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Et encore un autre CR, celui de Marc Jouanneau :
Mon CR aussi, histoire de dire que j'ai participé.
Attention pavé, prenez le temps ...
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*N-U-UK-R]#GTB2020 - Dimanche 7h06
C'est mon tour, je me place avec 4 autres sadomasochistes de la petite reine sur la grille improvisée au sol pour respecter les distanciations hygiéniques...
On attends le top à la vachette, ce n'est pas une course, mais on sent presque la même pression (et pas la bière pour le coup).
Allez, go c'est parti, température fraîche, mais pour le moment, c'est idéal, pas trop de vent, une bonne visibilité (il fait nuit) on roule.
Et chacun roule à son rythme, moi je laisse les 'chatons fougueux' me doubler, inutile de tenter de suivre ces chevaux de course, je suis pas un ultra sportif et en plus je suis chargé comme une mule avec mon barda pesé à presque 23 kg.
D'ailleurs, leur prétexte est de profiter avant le mauvais temps (ils n'ont pas tort en soit, mais je serais mort dans 40 bornes si je tente de les suivre).
L'objectif de la journée est de dépasser Mur de Bretagne pour être dans les temps plus tard ...
On est dimanche, et donc les commerces ne sont pas ouverts, j'ai un peu de stock de barres, 4 repas lyophilisés & soupes veloutés / tomates je suis paré !
Bref, le parcours est 'gravel' pour le moment, j'approche les 100 kms, tout se passe à peu près bien pour l'instant, hormis le vent qui commence bien a se lever plein nord et refroidir bien comme il faut quand on ne l'a pas de face.
Et puis bon sang que j'ai faim, je m'arrête manger un repas lyophilisé à Merdrignac prêt d'une ancienne gare après avoir fait le tour du centre bourg et constater que tout est effectivement bien fermé.
Je vois des participants passer, salutations cordiales bon appétit tout çà, certains sont vraiment équipés light.
Le relief n'est pas spécialement accidenté, mais on sent bien que tout a été fait pour nous casser les jambes.
Mention spéciale d'ailleurs sur l'arrivée vers Mur de Bretagne, scotché sur des grimpettes, impossible d'avancer à plus de 2/3 kmh même en poussant à pieds !
Bref, j'arrive sur Mûr de Bretagne, je checke un peu la suite en terme de dénivelé, houla je vais stopper pour aujourd'hui, d'autant qu'il fait nuit, un peu de repos me fera du bien, oh une entrée de chapelle, go je gonfle mon matelas pneumatique, déroule le sac de couchage à capuche, me fais encore une petite popote parce-que je pensait qu'il n'y avait rien d'ouvert dans le coin (en fait si, je le saurais le lendemain, une pizzeria et un PMU !).
Un autre participant me rejoins sous le porche, le 95 Jean-Yves, on discute, il me dit qu'il doit abandonner, le boulot qui rappelle, ouch dur !
Check de mon corps, tout les composants sont OK, une légère gène aux cervicales droite, un peu de crème chauffante, soulagement !
Allez dodo dans des fringues sèches, on fait sécher le reste qui est juste humide de sueur sur le vélo d'une manière ou d'une autre et hop, réveil pour 5h dans ces eaux là, toutes les loupiottes & gps sont en recharge c'est bon je dors.
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*N-U-UK-R]#GTB2020 - Lundi 6h - KM 176
Y a un truc qui sonne, ah ouais c'est probablement l'heure de se lever, j'suis déjà réveillé d'manière, c'est un vrai circuit automobile Mur de Bretagne !
Toute la nuit, des bagnoles ou presque, du boucan, et du vent d'ouest qui s'engouffre sous le porche, brrr, c'était pas super confort ni super réparateur.
Allez, on enfile le cuissard mouuuuuuuuuuilllllléééé, et le haut fffffrrrrooiiiiiiddd, le temps que tout ce bazar chauffe sur soit haaaaa c'est bon j'ai presque chaud.
On remballe les affaires, Jean-Yves me souhaite bonne chance, lui il va rentrer sur Rennes mais se lèvera plus tard.
Bon, 7h30 (ouais je suis pas un rapide pour me lever) mission de l'instant, trouver une boulangerie pour grailler un truc avant d'enrouler jusqu'au premier checkpoint km, où il faut se prendre en selfie (ouais personne t'attends quand tu n'est pas dans les premiers, tristesse).
Je croise deux compères qui ont passés la nuit dans un PMU, eux aussi rentrent masqués dans la boulangerie pour la dévaliser de ce qu'elle peut contenir !
Pain au raisins, barre chocolat, une petite bouteille de fanta, un sandwich, GO GO GO j'y retourne.
Les deux gars choisissent de trouver un Bar ou truc du genre pour boire un truc chaud, moi je roule je suis déjà pas en avance, a plus dans le bus.
Réveil musculaire chaotique, les genoux sont grippés et je n'ai pas pris de WD40, je n'ai que de la vaseline pour la chaîne, tant pis on va les faire chauffer en moulinant tranquillou.
Un autre participant (que je recroiserais plus tard mais dont je tairais le nom par discrétion) me dit qu'il a dormi peinard au camping en contrebas, qu'il y avait une douche chaud et tout, et qu'ils ont déliré jusqu'à pas d'heure avec la patronne du PMU qui dansait sur la table !!! Collector !
Les grimpettes de oufs, on se refait plusieurs fois le dénivelé de mur de Bretagne j'ai l'impression, les descentes filantes et singles fun du Lac de Guerlédan, hum un bonheur ! Une petite portion de descente engagée même ou je récupère quelques participants frileux à s'engager là dedans.
Conditions météo idéales, le sol est sec, pas trop de vent c'est un vrai plaisir à rouler, je n'ai pas encore les jambes alors j'y vais piano.
J'arrive non loin du premier Checkpoint, là je rencontre Ben, un autre concurrent Brestois qui visiblement est aussi un peu en difficulté musculaire sur le moment, faut dire la grimpette d'avant le Menez Bré est totalement infranchissable sans EPO ou vélo de course non chargé, même à pousser on est obligé de faire 1 petit arrêt.
On arrive en haut tant bien que mal, en haut il y a quelques pilotes d'avion radiocommandés qui font mumuse et il y a aussi un peu de vent frais finalement, un petit selfie pour valider le checkpoint, mais personne de l'orga, on cherche un point d'eau, mais a cette altitude, que dalle, on demande a une personne qui vient d'arriver en voiture si elle à de l'eau ? niet, MAIS elle à du cidre ! Yeahhhhh, on prends une bouteille, on veut lui payer, il nous dit de mettre dans le tronc de la chapelle, avec plaisir donc !
On s'enfile les 3/4 de la bouteille, hum délicieux, c'est bon çà ! En prime on reçoit des gobelets Menez Bré !
Un autre participant arrive 'Pastèque' on lui propose le reste, vu qu'il à visiblement mal au cul, cela ne lui fera pas plus de mal !
Plus de 40 min se sont passées, bien froid maintenant, il faut reprendre le chemin (et non la route). J'y vais, Ben discute avec un autre participant qui vient tout juste d'arriver.
Quelques descentes filantes dans des singles, super agréable.
N’empêche que j'ai toujours pas d'eau, ah, on passe un bled, y a un cimetière, un participant est en train de remplir ses gourdes, ouf, c'est cool, on fait le plein.
Je roule, quelques participants me dépassent, dont Ben, j'ai pas encore les jambes et j'ai un peu froid, et mes cervicales me font un peu mal, bref, j'écoute trop mon corps.
Lorsque survient une descente assez engagée, et chose rare depuis le début de parcours, ruisselante de boue noire et de feuilles, on ne voit pas le sol !
Ce qui devait arriver arriva, un peu trop confiant, ma roue avant tape un peu trop, déjante le pneu pour laisser s'échapper trop d'air, et paf double poc.
Je m'arrête en contrebas a coté d'un ruisseau, je nettoie ma roue pour constater les dégâts et tenter de positionner la roue pour faire que le préventif bouche, que néni, c'est trop abîmé, bon ba on va lui caler une chambre à air.
Pratiquement 30 min de perdu, et doublé par personne, j'ai bien cru être le dernier sur le moment ...
Aller, je repars, je DOIS être au moins au checkpoint, c'est mon objectif de la journée !
19h55 - KM 314 La nuit commence à tomber, j'ai faim, et je dois laisser un peu mes muscles reposer, mais je suis pas encore au checkpoint !!!
Je trouve un restaurant gastronomique vers Ploumanach, mais ... dans l'état ou je suis j'ai presque un peu honte de rentrer dedans, je mets mon masque et demande s'ils peuvent me servir dehors sur une table en terrasse, le gérant est super sympa, aucun souci, me servent même un petit velouté au lardons en attendant le plat de résistance, une bière rousse pour la récupération, AHHHHH c'est bon çà.
J'en profite pour recharger un peu le GPS et regarder ce qu'il me reste pour atteindre le checkpoint avec camping et douche (Allélouia) même pas 20 bornes autant dire rien quoi. Cool.
21h25, petit café, l'addition et hop, frontale et éclairage allumés, on est reparti. Aucun vent, super visibilité ça roule nickel.
Bon normalement là le panorama est super, c'est du GR et sentier côtier, heureusement pour moi que je réside au pays, et j'ai tout loisir de revenir.
22h50 j'arrive au Checkpoint, ahhhh là y a du réconfort moral, les orgas sont là, une petite binouze est proposée, ça fait plaisir !
On discute un peu le bout de gras avec les participants présents, je retrouve Ben, qui va lui aussi planter son bivy à coté, les autres sont là aussi, ils dorment dans les sanitaires, je trouve çà risqué, je plante mon vélo à l'envers, sort mon tarp et me créé un abri de fortune, le vent s'est un peu levé et il bruine un peu.
Une bonne petite douche bien chaude, j'enfile les fringues sèches, go dodo, je m'endors comme une masse, l'air est agréable et sèche mes fringues accrochées sur des parties du vélo.
Dodo.
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*N-U-UK-R]#GTB2020 - Mardi 6h - KM 331
Doucement réveillé par les bruits des autres participants s'affairant à leur départ, j'ai passé une bonne nuit bien réparatrice !
Pas eu froid, pas eu trop de bruit, hum agréable !
Bon on va pas se mentir, là on va attaquer le dur, en théorie ce soir il faut être au delà du Menez Mikael (Checkpoint Selfie) pour rester virtuellement dans les temps.
On discute avec d'autres participants, Philippe (oups j'ai balancé) me montre des photos de la soirée folle du PMU du dimanche soir, huhuuuu fandard, dommage j'ai loupé le coche !
Petit déjeuner avec brossage de dents et petit popo dans des toilettes propres, confort quoi ! une bonne journée qui commence çà !
Ben me dit qu'il veut lui aussi pousser au delà du Menez Mikael, c'est aussi mon plan, maintenant faut le réaliser.
C'est parti en selle, je part vers 7h30, ouais pas très rapide le gars hein ?
Je sort un peu de la trace pour le centre ville de Lannion, besoin d'une boulangerie, ravitaillement sandwich pour la journée, on est reparti.
S'en suit du casse patte dans des singles côtiers, vraiment dur pour du réveil musculaire, je fais face mais c'est hard.
Et ça caille encore, j'arrive pas a chauffer pourtant bien habillé.
On sort de la côte à partir de Locquirec, et passe sur du bien roulant pour rejoindre les monts d'Arrée.
Mais ça grimpe, elles sortent d'où ces pentes improbables ?
Je n'ai presque plus d'eau, pas beaucoup de vivant dans ce secteur, ni même de morts d'ailleurs, je croise pas l'ankou ni de cimetière, Ah quelqu'un entretient son jardin, je vais lui demander, super sympathique, la petite dame me pose des questions est reste béate devant tant de difficulté, se posant la question du pourquoi ... Bin parceque.
Huelgoat pointe le bout de son nez, 18h04 KM 440, je m’arrête au bar et discute avec un pompier qui à déjà tenté la GTB l'année passée, il a tenu deux jours de son coté c'était vraiment dur, merci j'ai remarqué , Ben arrive il est 18h40, je ferais bien de repartir aussi si je veux pouvoir encore avancer ! (et c'est là je fais la boulette de ne pas vérifier mon eau)
Il reste 20 km avant le Menez Mikael (ou le Mont St Mich de Braspart comme on dit ici) et c'est pas les plus faciles.
On roule quelques kilomètres avec Ben, impossible de le suivre pour l'instant, mes genoux sont ankylosés du à l’arrêt prolongé.
Arrivé à un croisement après Brenilis, une tête connue, Cédric un gars de mon club est là pour m'encourager, oh merci !
Il reste 12 km avant le checkpoint, revigoré et chaleur dans le cœur, je lui donne RDV en haut, je reste pas très longtemps, le froid c'est la réduction de mes performances déjà pas très hautes.
J'ai retrouvé mes jambes, en danseuse jusqu'au sommet ou presque, par contre le sol devient de plus en plus dégueux, avec de la boue c'est pas terrible çà, hum pas bon pour la suite.
Un drone survole la zone, j'ai bon espoir de croiser l'organisation pour avoir un peu d'information sur le déroulement de l'épreuve au globale et touti quenti, ah, ba non, c'est un amateur qui fait des prises de vue, bon c'est cool, Cédric lui à demandé de faire quelques passes pour que l'on ai des belles images chouettes. Yaisse.
Yeah, me voila en haut, je rejoins Ben qui semble chaud patate pour repartir, moi aussi je serais bien chaud MAIS, j'ai plus d'eau ou presque, je demande à des touristes en haut, mais zont rien non plus, je tergiverse, j'ai plus grand chose a manger non plus, c'est un peu la misère, je peux même pas me faire un ptit repas chaud lyophilisé ou café !
Check des provisions : une petite bouteille de soda (coca), barre de chocolat, barre céréale, velouté au légumes, velouté au tomates, pâtes au jambon, riz porc au caramel.
C'est la tuile, sans eau cela va être très compliqué, et je sais qu'il y a quelques bornes difficiles après le Menez Mikael, c'est pas du plus roulant, et 40 km jusqu'au Faou la plus grosse bourgade que l'on peut croiser, c'est chaud pour moi là, sur la fatigue je vais risquer la blessure sur les pavasses et caillasses de la zone.
Du coup je décide de rester à la chapelle, faire dodo, Shai qui est là depuis quelques heures, Pierre et Anuhi qui viennent d'arriver.
Ben est vraiment motivé, il becte rapido et repart dans la nuit, bon choix, j'aurais du je pense continuer aussi.
On s'installe, le vent continue de souffler, c'est pas la tempête, la visibilité est bonne mais ça caille.
Dans la chapelle, quand on souffle cela fait de la vapeur ... hum ... nuit pourrie en perspective.
Je prends une barre de céréale, une petite gorgée d'eau et hop au dodo, les fringues sèches le sont un peu moins maintenant, c'est pas super agréable.
Bon on se tient la grappe histoire de se soutenir moralement, mais sans se le dire, on sait tous qu'on ne devrait même plus être là, on est à labours.
Dodo.
----- bordel pendant la nuit, des poursuivants dont Philippe arrivent, parlent super fort sans savoir qu'on est dedans, prennent en selfie probablement une photo floue dégueulasse avec un bout de mur de la chapelle sûrement non reconnaissable, mais promis, on est là pour preuve qu'ils y sont passés ! -----
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*N-U-UK-R]#GTB2020 - Mercredi - KM 462
4h - 4h30 - 5h - 5h30 J'arrive plus a dormir, ça pèle, je sens les courants d'air sur ma truffe, le vent souffle visiblement plus qu'hier soir encore, c'est pourri tout çà.
Bon, j'attends que les autres participants s'agitent avant de me lever, question de respect de leur 'maigre' sommeil aussi.
6h00 Argh, j'ai soif !! Je prends une grosse lampée de coca puis une lichette d'eau, je bouffe ma barre de céréale et m'équipe dans le froid et l'humidité des affaires, aller, force et honneur, ça pèle et j'suis pas frileux pourtant.
6h48 (étonnant je suis matinal là =-) j'suis parti, oh bon sang de bonsoir, j'avais oublié qu'en plus, c'est la bruine, on n'y voit pas a 5m !
La frontale et l'éclairage au guidon n'éclaire que du blanc, on voit a peine les caillasses, comment vous dire, là dans cet instant, j'ai eu un grand passage à vide, c'était très dur mentalement.
Mais bon, on est pas là pour enfiler des perles, y a des problèmes plus graves dans la vie, j'ai mal nul part (ou presque) faut enrouler du kilomètre, normalement je dois pouvoir rejoindre au moins Morgat minimum pour être toujours virtuellement pas trop en retard.
Tant bien que mal, sans trop forcer pour ne pas me lyophiliser moi même je rejoins du chemin roulant après la partie technique type VTT engagé de l'après Menez Mikael.
Par chance je croise une stabulation qui dispose d'un robinet d'eau !! Yaissssse ouf, car il me reste encore 30 bons kilomètres jusqu'au Faou. Du coup je croque quelques provisions solides et j'avale des seaux d'eau pour fêter çà. Bonheur instantané.
Menez Meur, super joli panorama avec des passages dans le Bois de St Cadou, une descente qui n'en fini pas, soulagement des cervicales ahhhhh.
Un petit passage dans la Forêt du Cranou, je m’arrête me faire un petit potage parce-que j'ai vraiment froid là et c'est impossible de monter en régime sans se réchauffer.
Je repart, le Faou enfin, arrêt au stand boulangerie, deux compères envisagent d'aller au café d'en face prendre un truc chaud, je fais pareil, mais la boulangère dispose aussi de chocolat chaud, ahhhh bonheur cette chaleur.
Je continue la trace, du assez roulant avec des relances mais agréables jusqu'à Rosnoën, ensuite quelques traces un peu techniques parfois mais vraiment fun jusqu'au Pont de Térénez, je me fais plaisir. Passages en sous-bois pour rejoindre la presqu’île, super roulant comme j'aime, j'enquille assez vite du kilomètre, jusqu’à ce que ... le vent et la pluie s'invitent sur les passages dégagés ... Et là c'est la misère, des paquets de flotte sur la tronche, un sol dégueulasse, scotché et obligé de trop ralentir dans les virages, pour devoir relancer, un calvaire.
15h28 KM 555 je m’arrête sous un abri bus rouillé pour me faire une petite soupe et me réchauffer, voir ce que je fais pour la suite, c'est la misère, mes mains sont toutes moites, mes godasses sont remplies de flotte, mon cuissard est une éponge chargée, bref, difficile, sur le moment, je me suis vu aller au prochain checkpoint non loin d'ailleurs à une quinzaine de kilomètres et déclarer mon abandon.
Je passe un coup de fil a ma femme, qui me motive pour abandonner bien sûr; la bonne affaire qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour me revoir plus rapidement, du coup même si moi aussi j’aimerais la revoir, je fais comme d'habitude, comme un sale gosse je fais l'inverse, je continue !
Rien de tel qu'un coup de fil à sa femme pour se remotiver hein ?
J'arrive sur St Hernot au Checkpoint, je fais tamponner in-extremis au Bar et choppe une bière au passage que je bois dehors parce-que la patronne elle ferme là, c'est 18h00.
Un peu sec tout çà, bon du coup j'ai rejoins Pierre, Shai, Philippe qui lui à géré le gîte. Je me tâte, je continue ou je me pose, j'ai toutes les fringues trempées, y a du chauffage dans le gîte de quoi faire sécher le tout, je tente la connexion 4G pour voir les possibilités d'hébergements plus loin sur les abords de la trace, comme d'habitude les corbeaux ne tiennent pas bien les antennes lorsqu'il y a tempête, je capte que-dalle, bon ok statué, je reste là.
On se tient chaud, on parle déjà de notre passif sur cette épreuve de psychopathe, ça gaze, chacun bouffe ce dont il dispose parce-que dehors à pas un resto à moins de 15 km et c'est un peu la tempête en fait. Philippe nous montre son sac de couchage d'un kilo deux et nous dit qu'il s’entraîne a dormir dehors même lorsqu'il était chez lui, Pierre nous montre son saucisson de 600 grammes qu'il trimballe depuis le départ, et Shai sa super crème qu'elle fait tellement du bien qu'il en mettrait bien sur son gl..d. Bref passons, on discute on se marre bien c'est super cool, bonne ambiance cela permet de se remotiver, cela fait chaud au cœur !
On pionce dans un lit confortable, fenêtre ouverte par contre (hey j'ai vu des moustiques les gars ...) bon a priori y a quelqu'un qui ronfle la nuit dixit une nuitée précédente, mais je vais pas dire qui, moi perso cela ne m'a pas dérangé.
Rechargement des batteries, séchage des fringues, douche, dodo.
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Allez allez tout le monde on se réveille.
Bon on est tous motivés là, même si l'on se doute qu'on terminera jamais dans le timing imposé, mais il faut aller au plus loin que l'on puisse.
J'enfile mon équipement tout sec, mon café tout mouillé, mon pain au raisin d'hier un peu moite, une barre de chocolat et ... le temps de plier les gaules, je suis encore le dernier parti HAHAHA !
6h44 je ferme le gîte et prends la trace, mon objectif : dépasser la point de Penmarch. Ouais, en temps normal rien d'impossible à çà après tout, c'est quand même relativement plat la zone.
Go roulage, d'ailleurs ça enroule bien, pas de pluie ou vent pour l'instant c'est cool, je récupère mes compères qui viennent d'arriver à la Boulangerie de Morgat, je comptais juste prendre mes provisions de la journée et partir, mais ils sont au café, c'est malpoli de pas les attendre, t'façon le système de terminal de paiement semble dysfonctionner et cela prends des plombes à autoriser (la tempête a du flinguer quelques lignes téléphoniques) après ce doux moment de repos de plus de 20 min, les muscles sont de nouveaux a réchauffer, mais ça enroule bien, on fait un bout de chemin avec Shai qui roule a peu près au même rythme, je le rattrape dans les descentes parce-qu’il est tout sec et il me rattrape tout doucement dans les montées même s'il galère avec son petit plateau un peu trop grand de 38 dents !
Pierre semble en légère difficulté et Philippe a dû encore s’arrêter à je ne sais quel bar ...
Le Menez-Hom se profile à l'horizon, avec la brume qui crée une jolie courbe, c'est magnifique j'aurais du m’arrêter pour faire une photo tellement c'était beau.
La côte est magnifique et je pense que ce parisien de Shai a dû avoir un orgasme en voyant çà tellement il était verbeux et exhaustif avec les 'Oh put.. c'est magnifique, oh c'est bon çà, oh oui mais c'est pour çà que je suis là' bref énorme moment encore Moi pas blasé mais ouaip normal, c'est pour çà que je vis là .
On s’arrête en haut de Menez Hom franchi sans difficulté majeure et avec une étonnante facilité pour ma part. Je m'attendais a ce que le traceur fasse un truc plus tordu pour le coup mais c'est étonnement facile comparé a ce qu'il nous à mis précédemment.
On se prends en photo mutuellement histoire de valider le CheckPoint, toujours pas d'orga pour nous encourager ou prendre des photos dommage.
Il y a Philippe au loin qui grimpe, mais perso je reste pas me les cailler en haut, j'informe Shai que la suite est assez technique voir carrément dangereuse pour ne pas qu'il fonce tête baissée dans ce piège à flinguer des dérailleurs / et roues, mais de toute façon il est prudent pas de souci.
Je crois quelques promeneurs dans la zone qui me laissent sagement passer après un bon coup de klaxon de loin ils m'entendent
J'arrive sur Pentrez, le Bar / PMU est ouvert, allez, je vais prendre un petit remontant rapide, un monaco, Shai arrive, je prends un café, remplissage de gourdes, Philippe arrive, timing parfait on repart illico.
S'en suit beaucoup de route jusqu'à Locronan, rien de spécial a dire si ce n'est que la montée par le sud pique les cuissots, mais mes cuissots sont présents, je suis bien chaud a présent, je relance en danseuse le vélo part tout seul c'est un bonheur.
Nouvelle tête connue à Locronan, je vois un collègue de boulot Julien qui est là pour m'encourager ainsi qu'un autre de l'équipe Valentin ! Yeah ca fait chaud au cœur encore, ils me suivent et m'encouragent, Shai est avec moi on va casser une graine et boire une mousse à une crêperie (normal quoi)
Julien vient de me dire qu'il a vu quelqu'un passer précédemment, c'est Ben ! On le rattrape tranquillement, il semble en difficulté, son genou droit le lance, du coup, on lui pète le gauche pour la symétrie et c'est reparti comme en 40, il détale comme jamais maintenant !
On fait un bout de chemin ensemble, on tamponne au checkpoint du bar avant la Pointe du vent, on partage un paquet de chips et la vision agréable sur la serveuse (il faut l'admettre fort agréable), Shai part au toilette tout seul j'ai pas encore compris pourquoi mais bon bref, il faut repartir vite, car le gros temps arrive, et c'est la misère comme le jour précédent, on avance a rien c'est la gadoue, limite les légionnaires ne subissent pas ce programme rinçage de 4 heures.
Bref, je checke un peu les possibilités, y a Audierne pour se loger au plus près, mais c'est encore à quelques vingt bornes, et avec cette météo autant dire que c'est SUPER LOIN !
Du coup je baratine les deux compères de Shai et Ben, genre : si si c'est bon on est presque arrivés plus que 3 kilomètres (pendant 15 bornes au bout d'un moment je crois qu'ils ont compris que je disais pas tout à fait la vérité vraie). On arrive tant bien que mal a la lueur de nos éclairages à Audierne, le premier troquet ouvert on se rue dedans tout dégoulinants en réclamant des bulles à boire et du salé, et éventuellement où pouvions-nous crécher d'après eux.
Renseignements pris, j'appelle l'hôtel juste à coté pour prévenir de notre arrivée, cool, ils ont une double chambre. Il y a une crêperie encore ouverte à coté, Shai fait UberEat et nous on file à l’hôtel prendre la clé et régler avant la fermeture de la réception. Il est 20h
On mets les vélos à l'abri car dehors c'est vraiment la tempête de chez tempête !
Nos fringues sont toutes trempées et horreur malheur, AUCUN CHAUFFAGE RADIANT dans la salle de bain / chambre !!!! OH NO, on demande du papier journal pour tenter d'éponger un peu nos chaussures et touti quenti, la patronne ne tient pas spécialement a ce que mette nos fringues dans les sèches linges respectables de l'établissement (ce qui peut se comprendre en fait hein), bon on accuse le coup, mais déjà on va pouvoir se doucher et se sécher a défaut de sécher les fringues.
On bouffe nos crêpes et pour ma part mon restant de sandwich, et on surveille nos collègues de galère, ah, visiblement Pierre à lâché l'affaire au KM 637 et Philippe ... Il roule encore ce barge !
On lui laisse un SMS de se mettre à l'abri et qu'on dispose d'un lit si besoin est.
Par un hasard de circonstance il arrive à lire notre message et nous rejoint à 23h30 !
Moi perso, je suis déjà dans les bras de Morphée, je suis épuisé de ma journée là.
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J'entends mon intelligent-phone vrombir, je regarde les informations, ah l'épreuve est neutralisée pour le moment, il y a des alertes rouges dans le Morbihan donc ne pas avancer pour l'instant.
Du coup grasse mat (ahhhh mon moment préféré çà pour ceux qui me connaissent) jusqu'à 7h, le temps pour l'hôtel d'ouvrir le banquet du ptit déj.
C'était pas prévu le petit déj, mais maintenant qu'on est là hein ...
Du coup, on s'équipe comme des cyclistes mal-habillés, on descend à la salle de restauration du 3 étoiles faut voir comment, et on a sûrement ruiné le petit déjeuner paisible de touristes qui n'avaient rien demandé.
Bruit, odeur, on a tout bouffé, franchement c'était beau, le tout sur un fond de musique classique de propagande, on se serait cru dans Titanic en première classe.
Le point de vue était superbe, Philippe et Shai on kiffé je crois.
Après plusieurs long débats sur la finalité de notre épreuve on était tous d'accord sur le fait que la guerre c'est mal.
Aucun rapport avec la choucroute donc, mais plus dans le thème comment terminer en si peu de temps, de mon coté, et vu que je dois être au boulot Lundi, je vais pour ma part stopper à Quimper.
Cela me fait mal au cœur, mais je n'aurais pas le temps suffisant pour arriver avant dimanche soir à Rennes.
J'ai pris tellement de retard sur les deux derniers jours que c'est fichu même si la météo était sèche et non ventée les deux prochains jours (ce qui en plus n'était pas le cas, la tempête étant toujours en train de tourner elle)
il aurait fallu que je fasse du H24 à 11 kmh de moyenne.
Les récits des participants qui nous précédaient n'étaient pas engageant, avec des débris et des arbres tombés sur la chaussée ... Bof moyen pour enquiller des bornes.
Bref, on est reparti ensemble, la météo bien pourrave, les fringues toujours mouillées, Ben visiblement avait son genou qui n'était pas encore réveillé, voir ça coinçait complétement.
On roule, j'enquille espérant chauffer, je suis devant notre petit groupe, je me mets rapido a l'abri pour écouter un message sur le téléphone, rien de grave, Shai & Philippe me rejoignent mais on ne reste pas traîner ça caille ça mouille beurk. On choppe un troquet aux alentours de 11h30, mais Ben ne nous rejoins pas, il abandonne nous laissant un message pour nous souhaiter d'aller plus loin encore.
Les kramprouz sont chaudes, on prends une chopine, une crêpe, une deuxième chopine, puis une deuxième crêpe et un ptit café, Philippe rince, encore mieux que la météo dis donc merci braz !
Après ce banquet on repart, mais le temps est venteux et pluvieux, c'est vraiment tout sauf agréable.
Rien de bien croustillant en terme de chemins, c'est assez sableux, et j'arrive au niveau de la torche, et pouf crevaison de mon pneu avant (je sais pas comment) et vu que je suis en chambre je suis obligé de finir à pied jusqu'à l'abri du vent et de la pluie pour réparer pour pouvoir avancer de nouveau. Je continue donc a pieds, Shai & Philippe poursuivant leur route, je leur dit tchao car je risque en théorie pas de les revoir maintenant.
Sauf qu'en fait, certains sentiers côtiers sont fermés par arrêté préfectoral, donc ils doivent rebrousser chemin et je les retrouve pour leur faire une démonstration de réparation de chambre à air sous la pluie battante !
Show très peu spectaculaire et ennuyeux au possible, 15 min l’arrêt au stand, juste de quoi se refroidir. Bref, nous voilâmes repartis.
Obligés de faire quelques détours sur St Guénolé car les routes sont en travaux, passage pas très intéressant, on choppe un bistrot, un café debout et hop reparti pour récupérer la voie verte qui nous mène jusqu'aux portes de Quimper.
Mon pneu avant semble se dégonfler encore, je leur dit une nouvelle fois tchao, et je regonfle mon bazar...
En arrivant au niveau de Pont L’Abbé, je tombe comme un débutant qui arrive pas a décrocher ses pédales, juste au niveau de deux portiques en bois pour bloquer les motorisés, je tombe à l’arrêt, tente de me rattrape avec ma main gauche avec la rambarde vermoulu, qui glisse et fini sa course dans des clous en zinc saillants, aïe mince, je me suis un peu coupé le petit doigt (vu qu'il flotte, mettre des gants ne sert a rien d'autre que créer des mains moites et striées), bon ba encore heureux que j'ai ma trousse de secours, je nettoie à l'eau, désinfecte et mets un pansement, la chute bête comme d'hab.
Le parcours était super technique avant et il fallait que je me gaufre sur un chemin à poussettes et à l'arrêt, m'enfin.
J'enroule tout seul, mais c'est sans saveur, sachant que maintenant c'est fini pour moi une fois sur Quimper, j'enroule toujours et là je fini par rattraper encore Shai et Philippe qui se sont arrêtés pour un petit arrêt de vessie / technique / grignotage.
On roule jusqu'à Quimper ensemble, tranquillement, mais c'est pas la portion la plus fun. Nous voila aux portes du Stangala, j'informe Philippe & Shai que je vais les quitter, Shai lui aussi décide d'aller à la gare sur Quimper, on se quitte après quelques centaines de kilomètres parcourus ensemble, avec un petit pincement quand même Philippe poursuit sa route, il est motivé jusqu'au 1000 bornes, qu'il effectuera en plus Yeah !
Une dernière petite Binouze à la gare avec Shai, moi je rejoint Johann du club qui me propose de me ramener à mon domicile, super top, ça fait plaisir, vu la météo, 30 bornes de plus cela m'aurait tué le moral en solitaire !
Je suis dégoutté, mon corps répondait encore présent, à la limite juste la pluie qui mouille mon popotin et fini par gratter un peu, mais autrement j'avais la capacité d'aller plus loin.
Fin de ma GTB@800 KM vendredi 17h36.
Bilan perso:
+ j'ai fait de belles rencontres
+ j'ai vu du super paysage
+ j'ai roulé sur des traces dont j'aurais jamais connu l’existence dans notre région
+ le vélo c'est toujours une sensation incroyable de liberté de mouvement et de pensée aussi
- j'ai flingué ma jante avant
- la météo a flingué mon expérience
- dormir dans une chapelle n'est pas confortable
Bilan de l’événement vu de ma fenêtre :
+ participants tout azimuts supers agréables
+ traces qui emprunte un minimum de route trop pratiquées
+ la possibilité pour les proches de suivre sur la carte c’est LE point fort
+ parcours plus VTT que Gravel, donc plus fun.
+ on est maintenant calé en chapelles.
- parcours plus VTT que Gravel, donc mauvais choix de vélo
- quelques montées inutiles parfois n’apportant rien derrière en descente d’intéressant.
- trop d’évitement de bourgades, difficile pour se ré-approvisionner
- les derniers ne sont pas suivis médiatiquement par l’organisation.
- canal d’information a revoir pour les alertes et suspension de course. (un SMS aurait été bien)
Merci à :
- Fred et ses acolytes pour avoir initié cette GTB.
- Tous les participants, VOUS avez fait la =AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*NK-R]#GTB2020 2020
Bravo et Félicitations au Finishers, c’était vraiment costaud, vous êtes des machines !
Même ceux qui n’ont pas terminés, vous avez probablement donné le meilleur de vous même, vous pouvez être fiers de vous !
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Mon CR aussi, histoire de dire que j'ai participé.
Attention pavé, prenez le temps ...
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C'est mon tour, je me place avec 4 autres sadomasochistes de la petite reine sur la grille improvisée au sol pour respecter les distanciations hygiéniques...
On attends le top à la vachette, ce n'est pas une course, mais on sent presque la même pression (et pas la bière pour le coup).
Allez, go c'est parti, température fraîche, mais pour le moment, c'est idéal, pas trop de vent, une bonne visibilité (il fait nuit) on roule.
Et chacun roule à son rythme, moi je laisse les 'chatons fougueux' me doubler, inutile de tenter de suivre ces chevaux de course, je suis pas un ultra sportif et en plus je suis chargé comme une mule avec mon barda pesé à presque 23 kg.
D'ailleurs, leur prétexte est de profiter avant le mauvais temps (ils n'ont pas tort en soit, mais je serais mort dans 40 bornes si je tente de les suivre).
L'objectif de la journée est de dépasser Mur de Bretagne pour être dans les temps plus tard ...
On est dimanche, et donc les commerces ne sont pas ouverts, j'ai un peu de stock de barres, 4 repas lyophilisés & soupes veloutés / tomates je suis paré !
Bref, le parcours est 'gravel' pour le moment, j'approche les 100 kms, tout se passe à peu près bien pour l'instant, hormis le vent qui commence bien a se lever plein nord et refroidir bien comme il faut quand on ne l'a pas de face.
Et puis bon sang que j'ai faim, je m'arrête manger un repas lyophilisé à Merdrignac prêt d'une ancienne gare après avoir fait le tour du centre bourg et constater que tout est effectivement bien fermé.
Je vois des participants passer, salutations cordiales bon appétit tout çà, certains sont vraiment équipés light.
Le relief n'est pas spécialement accidenté, mais on sent bien que tout a été fait pour nous casser les jambes.
Mention spéciale d'ailleurs sur l'arrivée vers Mur de Bretagne, scotché sur des grimpettes, impossible d'avancer à plus de 2/3 kmh même en poussant à pieds !
Bref, j'arrive sur Mûr de Bretagne, je checke un peu la suite en terme de dénivelé, houla je vais stopper pour aujourd'hui, d'autant qu'il fait nuit, un peu de repos me fera du bien, oh une entrée de chapelle, go je gonfle mon matelas pneumatique, déroule le sac de couchage à capuche, me fais encore une petite popote parce-que je pensait qu'il n'y avait rien d'ouvert dans le coin (en fait si, je le saurais le lendemain, une pizzeria et un PMU !).
Un autre participant me rejoins sous le porche, le 95 Jean-Yves, on discute, il me dit qu'il doit abandonner, le boulot qui rappelle, ouch dur !
Check de mon corps, tout les composants sont OK, une légère gène aux cervicales droite, un peu de crème chauffante, soulagement !
Allez dodo dans des fringues sèches, on fait sécher le reste qui est juste humide de sueur sur le vélo d'une manière ou d'une autre et hop, réveil pour 5h dans ces eaux là, toutes les loupiottes & gps sont en recharge c'est bon je dors.
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*N-U-UK-R]#GTB2020 - Lundi 6h - KM 176
Y a un truc qui sonne, ah ouais c'est probablement l'heure de se lever, j'suis déjà réveillé d'manière, c'est un vrai circuit automobile Mur de Bretagne !
Toute la nuit, des bagnoles ou presque, du boucan, et du vent d'ouest qui s'engouffre sous le porche, brrr, c'était pas super confort ni super réparateur.
Allez, on enfile le cuissard mouuuuuuuuuuilllllléééé, et le haut fffffrrrrooiiiiiiddd, le temps que tout ce bazar chauffe sur soit haaaaa c'est bon j'ai presque chaud.
On remballe les affaires, Jean-Yves me souhaite bonne chance, lui il va rentrer sur Rennes mais se lèvera plus tard.
Bon, 7h30 (ouais je suis pas un rapide pour me lever) mission de l'instant, trouver une boulangerie pour grailler un truc avant d'enrouler jusqu'au premier checkpoint km, où il faut se prendre en selfie (ouais personne t'attends quand tu n'est pas dans les premiers, tristesse).
Je croise deux compères qui ont passés la nuit dans un PMU, eux aussi rentrent masqués dans la boulangerie pour la dévaliser de ce qu'elle peut contenir !
Pain au raisins, barre chocolat, une petite bouteille de fanta, un sandwich, GO GO GO j'y retourne.
Les deux gars choisissent de trouver un Bar ou truc du genre pour boire un truc chaud, moi je roule je suis déjà pas en avance, a plus dans le bus.
Réveil musculaire chaotique, les genoux sont grippés et je n'ai pas pris de WD40, je n'ai que de la vaseline pour la chaîne, tant pis on va les faire chauffer en moulinant tranquillou.
Un autre participant (que je recroiserais plus tard mais dont je tairais le nom par discrétion) me dit qu'il a dormi peinard au camping en contrebas, qu'il y avait une douche chaud et tout, et qu'ils ont déliré jusqu'à pas d'heure avec la patronne du PMU qui dansait sur la table !!! Collector !
Les grimpettes de oufs, on se refait plusieurs fois le dénivelé de mur de Bretagne j'ai l'impression, les descentes filantes et singles fun du Lac de Guerlédan, hum un bonheur ! Une petite portion de descente engagée même ou je récupère quelques participants frileux à s'engager là dedans.
Conditions météo idéales, le sol est sec, pas trop de vent c'est un vrai plaisir à rouler, je n'ai pas encore les jambes alors j'y vais piano.
J'arrive non loin du premier Checkpoint, là je rencontre Ben, un autre concurrent Brestois qui visiblement est aussi un peu en difficulté musculaire sur le moment, faut dire la grimpette d'avant le Menez Bré est totalement infranchissable sans EPO ou vélo de course non chargé, même à pousser on est obligé de faire 1 petit arrêt.
On arrive en haut tant bien que mal, en haut il y a quelques pilotes d'avion radiocommandés qui font mumuse et il y a aussi un peu de vent frais finalement, un petit selfie pour valider le checkpoint, mais personne de l'orga, on cherche un point d'eau, mais a cette altitude, que dalle, on demande a une personne qui vient d'arriver en voiture si elle à de l'eau ? niet, MAIS elle à du cidre ! Yeahhhhh, on prends une bouteille, on veut lui payer, il nous dit de mettre dans le tronc de la chapelle, avec plaisir donc !
On s'enfile les 3/4 de la bouteille, hum délicieux, c'est bon çà ! En prime on reçoit des gobelets Menez Bré !
Un autre participant arrive 'Pastèque' on lui propose le reste, vu qu'il à visiblement mal au cul, cela ne lui fera pas plus de mal !
Plus de 40 min se sont passées, bien froid maintenant, il faut reprendre le chemin (et non la route). J'y vais, Ben discute avec un autre participant qui vient tout juste d'arriver.
Quelques descentes filantes dans des singles, super agréable.
N’empêche que j'ai toujours pas d'eau, ah, on passe un bled, y a un cimetière, un participant est en train de remplir ses gourdes, ouf, c'est cool, on fait le plein.
Je roule, quelques participants me dépassent, dont Ben, j'ai pas encore les jambes et j'ai un peu froid, et mes cervicales me font un peu mal, bref, j'écoute trop mon corps.
Lorsque survient une descente assez engagée, et chose rare depuis le début de parcours, ruisselante de boue noire et de feuilles, on ne voit pas le sol !
Ce qui devait arriver arriva, un peu trop confiant, ma roue avant tape un peu trop, déjante le pneu pour laisser s'échapper trop d'air, et paf double poc.
Je m'arrête en contrebas a coté d'un ruisseau, je nettoie ma roue pour constater les dégâts et tenter de positionner la roue pour faire que le préventif bouche, que néni, c'est trop abîmé, bon ba on va lui caler une chambre à air.
Pratiquement 30 min de perdu, et doublé par personne, j'ai bien cru être le dernier sur le moment ...
Aller, je repars, je DOIS être au moins au checkpoint, c'est mon objectif de la journée !
19h55 - KM 314 La nuit commence à tomber, j'ai faim, et je dois laisser un peu mes muscles reposer, mais je suis pas encore au checkpoint !!!
Je trouve un restaurant gastronomique vers Ploumanach, mais ... dans l'état ou je suis j'ai presque un peu honte de rentrer dedans, je mets mon masque et demande s'ils peuvent me servir dehors sur une table en terrasse, le gérant est super sympa, aucun souci, me servent même un petit velouté au lardons en attendant le plat de résistance, une bière rousse pour la récupération, AHHHHH c'est bon çà.
J'en profite pour recharger un peu le GPS et regarder ce qu'il me reste pour atteindre le checkpoint avec camping et douche (Allélouia) même pas 20 bornes autant dire rien quoi. Cool.
21h25, petit café, l'addition et hop, frontale et éclairage allumés, on est reparti. Aucun vent, super visibilité ça roule nickel.
Bon normalement là le panorama est super, c'est du GR et sentier côtier, heureusement pour moi que je réside au pays, et j'ai tout loisir de revenir.
22h50 j'arrive au Checkpoint, ahhhh là y a du réconfort moral, les orgas sont là, une petite binouze est proposée, ça fait plaisir !
On discute un peu le bout de gras avec les participants présents, je retrouve Ben, qui va lui aussi planter son bivy à coté, les autres sont là aussi, ils dorment dans les sanitaires, je trouve çà risqué, je plante mon vélo à l'envers, sort mon tarp et me créé un abri de fortune, le vent s'est un peu levé et il bruine un peu.
Une bonne petite douche bien chaude, j'enfile les fringues sèches, go dodo, je m'endors comme une masse, l'air est agréable et sèche mes fringues accrochées sur des parties du vélo.
Dodo.
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Doucement réveillé par les bruits des autres participants s'affairant à leur départ, j'ai passé une bonne nuit bien réparatrice !
Pas eu froid, pas eu trop de bruit, hum agréable !
Bon on va pas se mentir, là on va attaquer le dur, en théorie ce soir il faut être au delà du Menez Mikael (Checkpoint Selfie) pour rester virtuellement dans les temps.
On discute avec d'autres participants, Philippe (oups j'ai balancé) me montre des photos de la soirée folle du PMU du dimanche soir, huhuuuu fandard, dommage j'ai loupé le coche !
Petit déjeuner avec brossage de dents et petit popo dans des toilettes propres, confort quoi ! une bonne journée qui commence çà !
Ben me dit qu'il veut lui aussi pousser au delà du Menez Mikael, c'est aussi mon plan, maintenant faut le réaliser.
C'est parti en selle, je part vers 7h30, ouais pas très rapide le gars hein ?
Je sort un peu de la trace pour le centre ville de Lannion, besoin d'une boulangerie, ravitaillement sandwich pour la journée, on est reparti.
S'en suit du casse patte dans des singles côtiers, vraiment dur pour du réveil musculaire, je fais face mais c'est hard.
Et ça caille encore, j'arrive pas a chauffer pourtant bien habillé.
On sort de la côte à partir de Locquirec, et passe sur du bien roulant pour rejoindre les monts d'Arrée.
Mais ça grimpe, elles sortent d'où ces pentes improbables ?
Je n'ai presque plus d'eau, pas beaucoup de vivant dans ce secteur, ni même de morts d'ailleurs, je croise pas l'ankou ni de cimetière, Ah quelqu'un entretient son jardin, je vais lui demander, super sympathique, la petite dame me pose des questions est reste béate devant tant de difficulté, se posant la question du pourquoi ... Bin parceque.
Huelgoat pointe le bout de son nez, 18h04 KM 440, je m’arrête au bar et discute avec un pompier qui à déjà tenté la GTB l'année passée, il a tenu deux jours de son coté c'était vraiment dur, merci j'ai remarqué , Ben arrive il est 18h40, je ferais bien de repartir aussi si je veux pouvoir encore avancer ! (et c'est là je fais la boulette de ne pas vérifier mon eau)
Il reste 20 km avant le Menez Mikael (ou le Mont St Mich de Braspart comme on dit ici) et c'est pas les plus faciles.
On roule quelques kilomètres avec Ben, impossible de le suivre pour l'instant, mes genoux sont ankylosés du à l’arrêt prolongé.
Arrivé à un croisement après Brenilis, une tête connue, Cédric un gars de mon club est là pour m'encourager, oh merci !
Il reste 12 km avant le checkpoint, revigoré et chaleur dans le cœur, je lui donne RDV en haut, je reste pas très longtemps, le froid c'est la réduction de mes performances déjà pas très hautes.
J'ai retrouvé mes jambes, en danseuse jusqu'au sommet ou presque, par contre le sol devient de plus en plus dégueux, avec de la boue c'est pas terrible çà, hum pas bon pour la suite.
Un drone survole la zone, j'ai bon espoir de croiser l'organisation pour avoir un peu d'information sur le déroulement de l'épreuve au globale et touti quenti, ah, ba non, c'est un amateur qui fait des prises de vue, bon c'est cool, Cédric lui à demandé de faire quelques passes pour que l'on ai des belles images chouettes. Yaisse.
Yeah, me voila en haut, je rejoins Ben qui semble chaud patate pour repartir, moi aussi je serais bien chaud MAIS, j'ai plus d'eau ou presque, je demande à des touristes en haut, mais zont rien non plus, je tergiverse, j'ai plus grand chose a manger non plus, c'est un peu la misère, je peux même pas me faire un ptit repas chaud lyophilisé ou café !
Check des provisions : une petite bouteille de soda (coca), barre de chocolat, barre céréale, velouté au légumes, velouté au tomates, pâtes au jambon, riz porc au caramel.
C'est la tuile, sans eau cela va être très compliqué, et je sais qu'il y a quelques bornes difficiles après le Menez Mikael, c'est pas du plus roulant, et 40 km jusqu'au Faou la plus grosse bourgade que l'on peut croiser, c'est chaud pour moi là, sur la fatigue je vais risquer la blessure sur les pavasses et caillasses de la zone.
Du coup je décide de rester à la chapelle, faire dodo, Shai qui est là depuis quelques heures, Pierre et Anuhi qui viennent d'arriver.
Ben est vraiment motivé, il becte rapido et repart dans la nuit, bon choix, j'aurais du je pense continuer aussi.
On s'installe, le vent continue de souffler, c'est pas la tempête, la visibilité est bonne mais ça caille.
Dans la chapelle, quand on souffle cela fait de la vapeur ... hum ... nuit pourrie en perspective.
Je prends une barre de céréale, une petite gorgée d'eau et hop au dodo, les fringues sèches le sont un peu moins maintenant, c'est pas super agréable.
Bon on se tient la grappe histoire de se soutenir moralement, mais sans se le dire, on sait tous qu'on ne devrait même plus être là, on est à labours.
Dodo.
----- bordel pendant la nuit, des poursuivants dont Philippe arrivent, parlent super fort sans savoir qu'on est dedans, prennent en selfie probablement une photo floue dégueulasse avec un bout de mur de la chapelle sûrement non reconnaissable, mais promis, on est là pour preuve qu'ils y sont passés ! -----
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*N-U-UK-R]#GTB2020 - Mercredi - KM 462
4h - 4h30 - 5h - 5h30 J'arrive plus a dormir, ça pèle, je sens les courants d'air sur ma truffe, le vent souffle visiblement plus qu'hier soir encore, c'est pourri tout çà.
Bon, j'attends que les autres participants s'agitent avant de me lever, question de respect de leur 'maigre' sommeil aussi.
6h00 Argh, j'ai soif !! Je prends une grosse lampée de coca puis une lichette d'eau, je bouffe ma barre de céréale et m'équipe dans le froid et l'humidité des affaires, aller, force et honneur, ça pèle et j'suis pas frileux pourtant.
6h48 (étonnant je suis matinal là =-) j'suis parti, oh bon sang de bonsoir, j'avais oublié qu'en plus, c'est la bruine, on n'y voit pas a 5m !
La frontale et l'éclairage au guidon n'éclaire que du blanc, on voit a peine les caillasses, comment vous dire, là dans cet instant, j'ai eu un grand passage à vide, c'était très dur mentalement.
Mais bon, on est pas là pour enfiler des perles, y a des problèmes plus graves dans la vie, j'ai mal nul part (ou presque) faut enrouler du kilomètre, normalement je dois pouvoir rejoindre au moins Morgat minimum pour être toujours virtuellement pas trop en retard.
Tant bien que mal, sans trop forcer pour ne pas me lyophiliser moi même je rejoins du chemin roulant après la partie technique type VTT engagé de l'après Menez Mikael.
Par chance je croise une stabulation qui dispose d'un robinet d'eau !! Yaissssse ouf, car il me reste encore 30 bons kilomètres jusqu'au Faou. Du coup je croque quelques provisions solides et j'avale des seaux d'eau pour fêter çà. Bonheur instantané.
Menez Meur, super joli panorama avec des passages dans le Bois de St Cadou, une descente qui n'en fini pas, soulagement des cervicales ahhhhh.
Un petit passage dans la Forêt du Cranou, je m’arrête me faire un petit potage parce-que j'ai vraiment froid là et c'est impossible de monter en régime sans se réchauffer.
Je repart, le Faou enfin, arrêt au stand boulangerie, deux compères envisagent d'aller au café d'en face prendre un truc chaud, je fais pareil, mais la boulangère dispose aussi de chocolat chaud, ahhhh bonheur cette chaleur.
Je continue la trace, du assez roulant avec des relances mais agréables jusqu'à Rosnoën, ensuite quelques traces un peu techniques parfois mais vraiment fun jusqu'au Pont de Térénez, je me fais plaisir. Passages en sous-bois pour rejoindre la presqu’île, super roulant comme j'aime, j'enquille assez vite du kilomètre, jusqu’à ce que ... le vent et la pluie s'invitent sur les passages dégagés ... Et là c'est la misère, des paquets de flotte sur la tronche, un sol dégueulasse, scotché et obligé de trop ralentir dans les virages, pour devoir relancer, un calvaire.
15h28 KM 555 je m’arrête sous un abri bus rouillé pour me faire une petite soupe et me réchauffer, voir ce que je fais pour la suite, c'est la misère, mes mains sont toutes moites, mes godasses sont remplies de flotte, mon cuissard est une éponge chargée, bref, difficile, sur le moment, je me suis vu aller au prochain checkpoint non loin d'ailleurs à une quinzaine de kilomètres et déclarer mon abandon.
Je passe un coup de fil a ma femme, qui me motive pour abandonner bien sûr; la bonne affaire qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour me revoir plus rapidement, du coup même si moi aussi j’aimerais la revoir, je fais comme d'habitude, comme un sale gosse je fais l'inverse, je continue !
Rien de tel qu'un coup de fil à sa femme pour se remotiver hein ?
J'arrive sur St Hernot au Checkpoint, je fais tamponner in-extremis au Bar et choppe une bière au passage que je bois dehors parce-que la patronne elle ferme là, c'est 18h00.
Un peu sec tout çà, bon du coup j'ai rejoins Pierre, Shai, Philippe qui lui à géré le gîte. Je me tâte, je continue ou je me pose, j'ai toutes les fringues trempées, y a du chauffage dans le gîte de quoi faire sécher le tout, je tente la connexion 4G pour voir les possibilités d'hébergements plus loin sur les abords de la trace, comme d'habitude les corbeaux ne tiennent pas bien les antennes lorsqu'il y a tempête, je capte que-dalle, bon ok statué, je reste là.
On se tient chaud, on parle déjà de notre passif sur cette épreuve de psychopathe, ça gaze, chacun bouffe ce dont il dispose parce-que dehors à pas un resto à moins de 15 km et c'est un peu la tempête en fait. Philippe nous montre son sac de couchage d'un kilo deux et nous dit qu'il s’entraîne a dormir dehors même lorsqu'il était chez lui, Pierre nous montre son saucisson de 600 grammes qu'il trimballe depuis le départ, et Shai sa super crème qu'elle fait tellement du bien qu'il en mettrait bien sur son gl..d. Bref passons, on discute on se marre bien c'est super cool, bonne ambiance cela permet de se remotiver, cela fait chaud au cœur !
On pionce dans un lit confortable, fenêtre ouverte par contre (hey j'ai vu des moustiques les gars ...) bon a priori y a quelqu'un qui ronfle la nuit dixit une nuitée précédente, mais je vais pas dire qui, moi perso cela ne m'a pas dérangé.
Rechargement des batteries, séchage des fringues, douche, dodo.
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*N-U-UK-R]#GTB2020 - Jeudi 6h - KM 568
Allez allez tout le monde on se réveille.
Bon on est tous motivés là, même si l'on se doute qu'on terminera jamais dans le timing imposé, mais il faut aller au plus loin que l'on puisse.
J'enfile mon équipement tout sec, mon café tout mouillé, mon pain au raisin d'hier un peu moite, une barre de chocolat et ... le temps de plier les gaules, je suis encore le dernier parti HAHAHA !
6h44 je ferme le gîte et prends la trace, mon objectif : dépasser la point de Penmarch. Ouais, en temps normal rien d'impossible à çà après tout, c'est quand même relativement plat la zone.
Go roulage, d'ailleurs ça enroule bien, pas de pluie ou vent pour l'instant c'est cool, je récupère mes compères qui viennent d'arriver à la Boulangerie de Morgat, je comptais juste prendre mes provisions de la journée et partir, mais ils sont au café, c'est malpoli de pas les attendre, t'façon le système de terminal de paiement semble dysfonctionner et cela prends des plombes à autoriser (la tempête a du flinguer quelques lignes téléphoniques) après ce doux moment de repos de plus de 20 min, les muscles sont de nouveaux a réchauffer, mais ça enroule bien, on fait un bout de chemin avec Shai qui roule a peu près au même rythme, je le rattrape dans les descentes parce-qu’il est tout sec et il me rattrape tout doucement dans les montées même s'il galère avec son petit plateau un peu trop grand de 38 dents !
Pierre semble en légère difficulté et Philippe a dû encore s’arrêter à je ne sais quel bar ...
Le Menez-Hom se profile à l'horizon, avec la brume qui crée une jolie courbe, c'est magnifique j'aurais du m’arrêter pour faire une photo tellement c'était beau.
La côte est magnifique et je pense que ce parisien de Shai a dû avoir un orgasme en voyant çà tellement il était verbeux et exhaustif avec les 'Oh put.. c'est magnifique, oh c'est bon çà, oh oui mais c'est pour çà que je suis là' bref énorme moment encore Moi pas blasé mais ouaip normal, c'est pour çà que je vis là .
On s’arrête en haut de Menez Hom franchi sans difficulté majeure et avec une étonnante facilité pour ma part. Je m'attendais a ce que le traceur fasse un truc plus tordu pour le coup mais c'est étonnement facile comparé a ce qu'il nous à mis précédemment.
On se prends en photo mutuellement histoire de valider le CheckPoint, toujours pas d'orga pour nous encourager ou prendre des photos dommage.
Il y a Philippe au loin qui grimpe, mais perso je reste pas me les cailler en haut, j'informe Shai que la suite est assez technique voir carrément dangereuse pour ne pas qu'il fonce tête baissée dans ce piège à flinguer des dérailleurs / et roues, mais de toute façon il est prudent pas de souci.
Je crois quelques promeneurs dans la zone qui me laissent sagement passer après un bon coup de klaxon de loin ils m'entendent
J'arrive sur Pentrez, le Bar / PMU est ouvert, allez, je vais prendre un petit remontant rapide, un monaco, Shai arrive, je prends un café, remplissage de gourdes, Philippe arrive, timing parfait on repart illico.
S'en suit beaucoup de route jusqu'à Locronan, rien de spécial a dire si ce n'est que la montée par le sud pique les cuissots, mais mes cuissots sont présents, je suis bien chaud a présent, je relance en danseuse le vélo part tout seul c'est un bonheur.
Nouvelle tête connue à Locronan, je vois un collègue de boulot Julien qui est là pour m'encourager ainsi qu'un autre de l'équipe Valentin ! Yeah ca fait chaud au cœur encore, ils me suivent et m'encouragent, Shai est avec moi on va casser une graine et boire une mousse à une crêperie (normal quoi)
Julien vient de me dire qu'il a vu quelqu'un passer précédemment, c'est Ben ! On le rattrape tranquillement, il semble en difficulté, son genou droit le lance, du coup, on lui pète le gauche pour la symétrie et c'est reparti comme en 40, il détale comme jamais maintenant !
On fait un bout de chemin ensemble, on tamponne au checkpoint du bar avant la Pointe du vent, on partage un paquet de chips et la vision agréable sur la serveuse (il faut l'admettre fort agréable), Shai part au toilette tout seul j'ai pas encore compris pourquoi mais bon bref, il faut repartir vite, car le gros temps arrive, et c'est la misère comme le jour précédent, on avance a rien c'est la gadoue, limite les légionnaires ne subissent pas ce programme rinçage de 4 heures.
Bref, je checke un peu les possibilités, y a Audierne pour se loger au plus près, mais c'est encore à quelques vingt bornes, et avec cette météo autant dire que c'est SUPER LOIN !
Du coup je baratine les deux compères de Shai et Ben, genre : si si c'est bon on est presque arrivés plus que 3 kilomètres (pendant 15 bornes au bout d'un moment je crois qu'ils ont compris que je disais pas tout à fait la vérité vraie). On arrive tant bien que mal a la lueur de nos éclairages à Audierne, le premier troquet ouvert on se rue dedans tout dégoulinants en réclamant des bulles à boire et du salé, et éventuellement où pouvions-nous crécher d'après eux.
Renseignements pris, j'appelle l'hôtel juste à coté pour prévenir de notre arrivée, cool, ils ont une double chambre. Il y a une crêperie encore ouverte à coté, Shai fait UberEat et nous on file à l’hôtel prendre la clé et régler avant la fermeture de la réception. Il est 20h
On mets les vélos à l'abri car dehors c'est vraiment la tempête de chez tempête !
Nos fringues sont toutes trempées et horreur malheur, AUCUN CHAUFFAGE RADIANT dans la salle de bain / chambre !!!! OH NO, on demande du papier journal pour tenter d'éponger un peu nos chaussures et touti quenti, la patronne ne tient pas spécialement a ce que mette nos fringues dans les sèches linges respectables de l'établissement (ce qui peut se comprendre en fait hein), bon on accuse le coup, mais déjà on va pouvoir se doucher et se sécher a défaut de sécher les fringues.
On bouffe nos crêpes et pour ma part mon restant de sandwich, et on surveille nos collègues de galère, ah, visiblement Pierre à lâché l'affaire au KM 637 et Philippe ... Il roule encore ce barge !
On lui laisse un SMS de se mettre à l'abri et qu'on dispose d'un lit si besoin est.
Par un hasard de circonstance il arrive à lire notre message et nous rejoint à 23h30 !
Moi perso, je suis déjà dans les bras de Morphée, je suis épuisé de ma journée là.
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J'entends mon intelligent-phone vrombir, je regarde les informations, ah l'épreuve est neutralisée pour le moment, il y a des alertes rouges dans le Morbihan donc ne pas avancer pour l'instant.
Du coup grasse mat (ahhhh mon moment préféré çà pour ceux qui me connaissent) jusqu'à 7h, le temps pour l'hôtel d'ouvrir le banquet du ptit déj.
C'était pas prévu le petit déj, mais maintenant qu'on est là hein ...
Du coup, on s'équipe comme des cyclistes mal-habillés, on descend à la salle de restauration du 3 étoiles faut voir comment, et on a sûrement ruiné le petit déjeuner paisible de touristes qui n'avaient rien demandé.
Bruit, odeur, on a tout bouffé, franchement c'était beau, le tout sur un fond de musique classique de propagande, on se serait cru dans Titanic en première classe.
Le point de vue était superbe, Philippe et Shai on kiffé je crois.
Après plusieurs long débats sur la finalité de notre épreuve on était tous d'accord sur le fait que la guerre c'est mal.
Aucun rapport avec la choucroute donc, mais plus dans le thème comment terminer en si peu de temps, de mon coté, et vu que je dois être au boulot Lundi, je vais pour ma part stopper à Quimper.
Cela me fait mal au cœur, mais je n'aurais pas le temps suffisant pour arriver avant dimanche soir à Rennes.
J'ai pris tellement de retard sur les deux derniers jours que c'est fichu même si la météo était sèche et non ventée les deux prochains jours (ce qui en plus n'était pas le cas, la tempête étant toujours en train de tourner elle)
il aurait fallu que je fasse du H24 à 11 kmh de moyenne.
Les récits des participants qui nous précédaient n'étaient pas engageant, avec des débris et des arbres tombés sur la chaussée ... Bof moyen pour enquiller des bornes.
Bref, on est reparti ensemble, la météo bien pourrave, les fringues toujours mouillées, Ben visiblement avait son genou qui n'était pas encore réveillé, voir ça coinçait complétement.
On roule, j'enquille espérant chauffer, je suis devant notre petit groupe, je me mets rapido a l'abri pour écouter un message sur le téléphone, rien de grave, Shai & Philippe me rejoignent mais on ne reste pas traîner ça caille ça mouille beurk. On choppe un troquet aux alentours de 11h30, mais Ben ne nous rejoins pas, il abandonne nous laissant un message pour nous souhaiter d'aller plus loin encore.
Les kramprouz sont chaudes, on prends une chopine, une crêpe, une deuxième chopine, puis une deuxième crêpe et un ptit café, Philippe rince, encore mieux que la météo dis donc merci braz !
Après ce banquet on repart, mais le temps est venteux et pluvieux, c'est vraiment tout sauf agréable.
Rien de bien croustillant en terme de chemins, c'est assez sableux, et j'arrive au niveau de la torche, et pouf crevaison de mon pneu avant (je sais pas comment) et vu que je suis en chambre je suis obligé de finir à pied jusqu'à l'abri du vent et de la pluie pour réparer pour pouvoir avancer de nouveau. Je continue donc a pieds, Shai & Philippe poursuivant leur route, je leur dit tchao car je risque en théorie pas de les revoir maintenant.
Sauf qu'en fait, certains sentiers côtiers sont fermés par arrêté préfectoral, donc ils doivent rebrousser chemin et je les retrouve pour leur faire une démonstration de réparation de chambre à air sous la pluie battante !
Show très peu spectaculaire et ennuyeux au possible, 15 min l’arrêt au stand, juste de quoi se refroidir. Bref, nous voilâmes repartis.
Obligés de faire quelques détours sur St Guénolé car les routes sont en travaux, passage pas très intéressant, on choppe un bistrot, un café debout et hop reparti pour récupérer la voie verte qui nous mène jusqu'aux portes de Quimper.
Mon pneu avant semble se dégonfler encore, je leur dit une nouvelle fois tchao, et je regonfle mon bazar...
En arrivant au niveau de Pont L’Abbé, je tombe comme un débutant qui arrive pas a décrocher ses pédales, juste au niveau de deux portiques en bois pour bloquer les motorisés, je tombe à l’arrêt, tente de me rattrape avec ma main gauche avec la rambarde vermoulu, qui glisse et fini sa course dans des clous en zinc saillants, aïe mince, je me suis un peu coupé le petit doigt (vu qu'il flotte, mettre des gants ne sert a rien d'autre que créer des mains moites et striées), bon ba encore heureux que j'ai ma trousse de secours, je nettoie à l'eau, désinfecte et mets un pansement, la chute bête comme d'hab.
Le parcours était super technique avant et il fallait que je me gaufre sur un chemin à poussettes et à l'arrêt, m'enfin.
J'enroule tout seul, mais c'est sans saveur, sachant que maintenant c'est fini pour moi une fois sur Quimper, j'enroule toujours et là je fini par rattraper encore Shai et Philippe qui se sont arrêtés pour un petit arrêt de vessie / technique / grignotage.
On roule jusqu'à Quimper ensemble, tranquillement, mais c'est pas la portion la plus fun. Nous voila aux portes du Stangala, j'informe Philippe & Shai que je vais les quitter, Shai lui aussi décide d'aller à la gare sur Quimper, on se quitte après quelques centaines de kilomètres parcourus ensemble, avec un petit pincement quand même Philippe poursuit sa route, il est motivé jusqu'au 1000 bornes, qu'il effectuera en plus Yeah !
Une dernière petite Binouze à la gare avec Shai, moi je rejoint Johann du club qui me propose de me ramener à mon domicile, super top, ça fait plaisir, vu la météo, 30 bornes de plus cela m'aurait tué le moral en solitaire !
Je suis dégoutté, mon corps répondait encore présent, à la limite juste la pluie qui mouille mon popotin et fini par gratter un peu, mais autrement j'avais la capacité d'aller plus loin.
Fin de ma GTB@800 KM vendredi 17h36.
Bilan perso:
+ j'ai fait de belles rencontres
+ j'ai vu du super paysage
+ j'ai roulé sur des traces dont j'aurais jamais connu l’existence dans notre région
+ le vélo c'est toujours une sensation incroyable de liberté de mouvement et de pensée aussi
- j'ai flingué ma jante avant
- la météo a flingué mon expérience
- dormir dans une chapelle n'est pas confortable
Bilan de l’événement vu de ma fenêtre :
+ participants tout azimuts supers agréables
+ traces qui emprunte un minimum de route trop pratiquées
+ la possibilité pour les proches de suivre sur la carte c’est LE point fort
+ parcours plus VTT que Gravel, donc plus fun.
+ on est maintenant calé en chapelles.
- parcours plus VTT que Gravel, donc mauvais choix de vélo
- quelques montées inutiles parfois n’apportant rien derrière en descente d’intéressant.
- trop d’évitement de bourgades, difficile pour se ré-approvisionner
- les derniers ne sont pas suivis médiatiquement par l’organisation.
- canal d’information a revoir pour les alertes et suspension de course. (un SMS aurait été bien)
Merci à :
- Fred et ses acolytes pour avoir initié cette GTB.
- Tous les participants, VOUS avez fait la =AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=*NK-R]#GTB2020 2020
Bravo et Félicitations au Finishers, c’était vraiment costaud, vous êtes des machines !
Même ceux qui n’ont pas terminés, vous avez probablement donné le meilleur de vous même, vous pouvez être fiers de vous !
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=EH-R]
=AZWtDTjoTGKMYYq5TQUQjPGCQbu0DPeHQelQRowvKuGM_7TxFBhDsovt9MoD3oQGT1yxeKLmiDTT5DRE8r4PyPWNXqdygGyxlEM1nsvVnOi8EUX6FXdKg-8rbO1yC1whs07Vpbzog2Ay7h3_RYoOBtvw70_sE-mma4H5tRYKSMckBTh0K-H9V-4W65FPwQjFiVJ2zCQOssQBdyss08wWEK_J&__tn__=EH-R]
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Si j'ai bien compris à travers les récits que vous avez posté, la GTB est une rando longue durée en gravel ou VTT que seules les filles terminent.
mmarc- Messages : 1061
Date d'inscription : 16/10/2014
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
117 inscrits
99 partants
33 finishers dont 2 filles (1 en tandem mixte)
La tempête Alex a provoqué un grand nombre d'abandons...
99 partants
33 finishers dont 2 filles (1 en tandem mixte)
La tempête Alex a provoqué un grand nombre d'abandons...
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Un CR un peu différent. Celui de Anuhi Lou. Personnellement j'adore
Mon retour d’expérience de la Gravel Tro Breizh 2020 en 6 onomatopées, pour s’en souvenir plus facilement lors de la prochaine !
Clic, clac, clic, clac…
Depuis quelques kilomètres, mon pédalier de vélo fait des clics et des clacs, qui parfois s’atténuent comme pour mieux me faire profiter du vent qui souffle dans les arbres maintenant qu’Alex se rapproche, mais qui souvent se renforce dans les rudes raidillons et là où le vent s’arrête, comme pour mieux rappeler à ma peine. Si je n’avais pas la pluie et ses milliers de gouttes qui s’annonçaient, cela aurait été mon supplice de la goutte d’eau rien qu’à moi.
Un cycliste est attentif au moindre bruit suspect de sa monture et ce clic-clac lancinant est comme le métronome de ma randonnée bretonne. Mon vélo est la pointe-de-diamant de cette galette bretonne, chaque vallon, chaque relief, chaque boucle sont comme des refrains, des rythmes et mélodies d’un disque géant que je parcours au ralenti. Et comme toute chanson, une logique s’y dégage, dans l’alternance des chemins, des routes et des sentiers caillouteux. Alors quand un passage musical de vous ne plait pas, parce qu’il est trop ardu ou trop doux, vous savez que ce n’est qu’un refrain dans la partition globale et vous l’appréciez alors quand même.
Roon pchiiii, ron pchiiii….
Bien sûr, il faut s’entraîner à rouler, rouler et encore rouler. 100 km pour l’échauffement, 200 km pour faire le tour d’un cadran, maîtriser aussi les équivalences, car 100 de route, n’est pas 100 de sentier et 100 de chemins blancs n’est pas 100 de vallons. Alors on s’entraine un jour, un mois, une année pour en faire un mode de vie, à jongler entre chemin, route et sentiers.
Mais on oublie aussi de s’entrainer à dormir, car après tout, on s’y entraine tous les jours depuis sa naissance ! Grave erreur, il faut s’entraîner à dormir, durement. Dehors, dedans, humide, ronflant, seul, tardivement. Le sommeil à ses équivalences aussi : 4 heures en gîte, 4 heures en bivouac, 4 heures à cogiter n’ont pas le même repos, c’est évident, derrière son écran… Surtout quand un camarade de bivouac vous ronfle sciemment entre minuit et 3 heures du matin pour essayer de vous bercer. Empruntez un ami victime d’apnée du sommeil dans vos entrainements nocturne aussi. A défaut, enregistrez ses performances pour vous entraîner, soit à dormir avec, soit à le réveiller à coup de coude solidaire pour vos nuits blanches.
Glou, glou, glou….
Si les cimetières sont devenus les cafés des cyclistes dans nos randonnées, pour remplir nos gourdes et dégourdir nos jambes aussi, n’oublions pas, pour ceux qui ne transportent pas leur cuisine, les boulangeries et les petites épiceries aussi, qui sont vaillamment ouvertes les jours habituellement chômés, pour se ravitailler.
Les samedis après-midi, les dimanches et souvent les lundis, les villages sont comme leurs cimetières : tout est dans la boîte ! pas âme qui vive, pas de commerce pour les vivants ! Mais vous avez de la marge pour rouler, pour marcher et ce n’est pas votre estomac qui va rétrécir, mais d’abord votre horizon. Votre cerveau est malin : il ne vous coupe pas les jambes de suite, il vous fait voir tout en noir, gardant secrètement de l’énergie pour pouvoir vous faire rentrer à la maison, au chaud. Et il vous assaille à coup de « mais qu’est-ce que tu fais là ! » Rouler à vélo, ce n’est pas seulement être en équilibre sur deux roues, c’est aussi être en équilibre entre le poids de l’assurance d’avoir a manger avec soi et la légèreté d’être confiant sur les prochaines possibilités de ravitaillement hypothétiques.
Ho hisse, ho hisse, ho hisse !
Parfois il faudra pousser, tirer ou porter votre vélo. Chargé. Pour un raidillon, pour une grosse roche, pour un guet, pour un arbre tombé là, par manque de lucidité parfois, ou par manque de technique. Et souvent un mélange de tout cela. Si les cyclistes aujourd’hui, en grande compétition sont à la recherche de « gains marginaux », il y a de la place pour plus de fluidité, pour des gains obèses pour nous autres !
Ce n’est pas un chemin qui se transforme qui s’aplanit comme par magie, c’est notre plasticité physique et technique qui vous fait gagner du temps et de l’énergie. N’oublions pas que nous avons un corps et un esprit paresseux, donc à la recherche de l’efficacité. Plus de technique et les cailloux deviennent plus petits, leur arrêtes s’arrondissent. Plus de souffle et la pente devient moins raide. Plus de force et la fatigue devient plus lucide. Plus léger et votre vélo devient plus habile. Bah, il ne s’agit pas de devenir plus fort, plus endurant et plus technique et plus léger, il s’agit juste de devenir plus paresseux, avec un cours d’art plastique permanent pour nos corps et nos esprits et les paysages deviendront que plus beau, même sous la pluie, la boue, le vent, la solitude, l’Ankou la nuit. Super plastique on a dit…
Vroum, vroum, vroum…
Bon, effectivement, la pluie depuis quelques heures à diluer l’élasticité de mon corps… ou plus prosaïquement, pourquoi partir en Bretagne sans pantalon de pluie ? Mes chaussures sont des petites piscines personnelles pour mes doigts de pieds. Je suis à l’abri sous un abribus et je cogite. Les prochains jours vont être pareils et pire avec la venue d’Alex la tempête. J’ai les doigts des mains fripés aussi, comme par solidarité avec mes doigts de pieds.
Je décide de rentrer prendre le train, rappelez-vous, une élasticité mit à mal par la pluie et le vent et un cerveau embrumé par une nuit blanche dû à mon ronfleur personnel. Sur la carte, la nouvelle trace est belle : une ligne droite vers Quimper, des trains disponibles. Je n’ai que 50 km à faire. Mais bien sûr, qui dit ligne droite, dit départementale, voitures, utilitaires et poids lourds. 50 nuances de rases fesses sous la pluie et le vent de face, toutes les nuances de projections d’eau et de vent de face, bien sûr. Retour à la civilisation un peu brutal. C’est droit sur la carte, c’est vallonné sous les roues. Ma galette bretonne déraille complètement, la pluie fait pousser les raidillons plus haut.
Tchou, tchou, tchou…
Je suis dans le train. Seul mon masque est sec, mais je suis content malgré tout de cette petite aventure. 600 km avec les détours, c’est moins que 1200 et c’est plus que 0. Verre à moitié plein ou à moitié vide ? La pluie qui essaie de s’insinuer dans le train me dit à moitié plein ! Après tout, quand on pratique les arts plastiques, c’est pour la vie !
Mon retour d’expérience de la Gravel Tro Breizh 2020 en 6 onomatopées, pour s’en souvenir plus facilement lors de la prochaine !
Clic, clac, clic, clac…
Depuis quelques kilomètres, mon pédalier de vélo fait des clics et des clacs, qui parfois s’atténuent comme pour mieux me faire profiter du vent qui souffle dans les arbres maintenant qu’Alex se rapproche, mais qui souvent se renforce dans les rudes raidillons et là où le vent s’arrête, comme pour mieux rappeler à ma peine. Si je n’avais pas la pluie et ses milliers de gouttes qui s’annonçaient, cela aurait été mon supplice de la goutte d’eau rien qu’à moi.
Un cycliste est attentif au moindre bruit suspect de sa monture et ce clic-clac lancinant est comme le métronome de ma randonnée bretonne. Mon vélo est la pointe-de-diamant de cette galette bretonne, chaque vallon, chaque relief, chaque boucle sont comme des refrains, des rythmes et mélodies d’un disque géant que je parcours au ralenti. Et comme toute chanson, une logique s’y dégage, dans l’alternance des chemins, des routes et des sentiers caillouteux. Alors quand un passage musical de vous ne plait pas, parce qu’il est trop ardu ou trop doux, vous savez que ce n’est qu’un refrain dans la partition globale et vous l’appréciez alors quand même.
Roon pchiiii, ron pchiiii….
Bien sûr, il faut s’entraîner à rouler, rouler et encore rouler. 100 km pour l’échauffement, 200 km pour faire le tour d’un cadran, maîtriser aussi les équivalences, car 100 de route, n’est pas 100 de sentier et 100 de chemins blancs n’est pas 100 de vallons. Alors on s’entraine un jour, un mois, une année pour en faire un mode de vie, à jongler entre chemin, route et sentiers.
Mais on oublie aussi de s’entrainer à dormir, car après tout, on s’y entraine tous les jours depuis sa naissance ! Grave erreur, il faut s’entraîner à dormir, durement. Dehors, dedans, humide, ronflant, seul, tardivement. Le sommeil à ses équivalences aussi : 4 heures en gîte, 4 heures en bivouac, 4 heures à cogiter n’ont pas le même repos, c’est évident, derrière son écran… Surtout quand un camarade de bivouac vous ronfle sciemment entre minuit et 3 heures du matin pour essayer de vous bercer. Empruntez un ami victime d’apnée du sommeil dans vos entrainements nocturne aussi. A défaut, enregistrez ses performances pour vous entraîner, soit à dormir avec, soit à le réveiller à coup de coude solidaire pour vos nuits blanches.
Glou, glou, glou….
Si les cimetières sont devenus les cafés des cyclistes dans nos randonnées, pour remplir nos gourdes et dégourdir nos jambes aussi, n’oublions pas, pour ceux qui ne transportent pas leur cuisine, les boulangeries et les petites épiceries aussi, qui sont vaillamment ouvertes les jours habituellement chômés, pour se ravitailler.
Les samedis après-midi, les dimanches et souvent les lundis, les villages sont comme leurs cimetières : tout est dans la boîte ! pas âme qui vive, pas de commerce pour les vivants ! Mais vous avez de la marge pour rouler, pour marcher et ce n’est pas votre estomac qui va rétrécir, mais d’abord votre horizon. Votre cerveau est malin : il ne vous coupe pas les jambes de suite, il vous fait voir tout en noir, gardant secrètement de l’énergie pour pouvoir vous faire rentrer à la maison, au chaud. Et il vous assaille à coup de « mais qu’est-ce que tu fais là ! » Rouler à vélo, ce n’est pas seulement être en équilibre sur deux roues, c’est aussi être en équilibre entre le poids de l’assurance d’avoir a manger avec soi et la légèreté d’être confiant sur les prochaines possibilités de ravitaillement hypothétiques.
Ho hisse, ho hisse, ho hisse !
Parfois il faudra pousser, tirer ou porter votre vélo. Chargé. Pour un raidillon, pour une grosse roche, pour un guet, pour un arbre tombé là, par manque de lucidité parfois, ou par manque de technique. Et souvent un mélange de tout cela. Si les cyclistes aujourd’hui, en grande compétition sont à la recherche de « gains marginaux », il y a de la place pour plus de fluidité, pour des gains obèses pour nous autres !
Ce n’est pas un chemin qui se transforme qui s’aplanit comme par magie, c’est notre plasticité physique et technique qui vous fait gagner du temps et de l’énergie. N’oublions pas que nous avons un corps et un esprit paresseux, donc à la recherche de l’efficacité. Plus de technique et les cailloux deviennent plus petits, leur arrêtes s’arrondissent. Plus de souffle et la pente devient moins raide. Plus de force et la fatigue devient plus lucide. Plus léger et votre vélo devient plus habile. Bah, il ne s’agit pas de devenir plus fort, plus endurant et plus technique et plus léger, il s’agit juste de devenir plus paresseux, avec un cours d’art plastique permanent pour nos corps et nos esprits et les paysages deviendront que plus beau, même sous la pluie, la boue, le vent, la solitude, l’Ankou la nuit. Super plastique on a dit…
Vroum, vroum, vroum…
Bon, effectivement, la pluie depuis quelques heures à diluer l’élasticité de mon corps… ou plus prosaïquement, pourquoi partir en Bretagne sans pantalon de pluie ? Mes chaussures sont des petites piscines personnelles pour mes doigts de pieds. Je suis à l’abri sous un abribus et je cogite. Les prochains jours vont être pareils et pire avec la venue d’Alex la tempête. J’ai les doigts des mains fripés aussi, comme par solidarité avec mes doigts de pieds.
Je décide de rentrer prendre le train, rappelez-vous, une élasticité mit à mal par la pluie et le vent et un cerveau embrumé par une nuit blanche dû à mon ronfleur personnel. Sur la carte, la nouvelle trace est belle : une ligne droite vers Quimper, des trains disponibles. Je n’ai que 50 km à faire. Mais bien sûr, qui dit ligne droite, dit départementale, voitures, utilitaires et poids lourds. 50 nuances de rases fesses sous la pluie et le vent de face, toutes les nuances de projections d’eau et de vent de face, bien sûr. Retour à la civilisation un peu brutal. C’est droit sur la carte, c’est vallonné sous les roues. Ma galette bretonne déraille complètement, la pluie fait pousser les raidillons plus haut.
Tchou, tchou, tchou…
Je suis dans le train. Seul mon masque est sec, mais je suis content malgré tout de cette petite aventure. 600 km avec les détours, c’est moins que 1200 et c’est plus que 0. Verre à moitié plein ou à moitié vide ? La pluie qui essaie de s’insinuer dans le train me dit à moitié plein ! Après tout, quand on pratique les arts plastiques, c’est pour la vie !
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Quelques vidéos de la GTB
Sur la première, Cyrus à 28"
https://www.facebook.com/watch/?v=3530198163697281
https://www.facebook.com/watch/?v=371413734052358
Et on espère que prochainement nous pourrons visionner le film de cette GTB saison 3 ..
Sur la première, Cyrus à 28"
https://www.facebook.com/watch/?v=3530198163697281
https://www.facebook.com/watch/?v=371413734052358
Et on espère que prochainement nous pourrons visionner le film de cette GTB saison 3 ..
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Un dernier CR de la GTB mais un peu différent. C'est un CR matos. Il est bien complet
https://gravelbikepacking.blog/2020/11/16/casseroles-et-chiffons-tout-est-une-question-de-choix-retour-materiel-et-technique-de-la-gravel-tro-breizh/
https://gravelbikepacking.blog/2020/11/16/casseroles-et-chiffons-tout-est-une-question-de-choix-retour-materiel-et-technique-de-la-gravel-tro-breizh/
Re: Gravel tro breizh, l'épreuve bikepacking bretonne
Salut à tous! Je ne passe pas souvent, désolé de ne pas avoir donné de nouvelles... clairement la gtb n’est pas une course, mais l’émulation aidant, il est difficile de rester raisonnable...
Pour le matos, je suis parti en pneus non valides avant en raison de déchirure de mon pneu arrière et crevaison de l’avant juste avant le départ... c’est con, parce que le parcours est cassant et autant en rene herse très confort ça passe en gravel, autant les pirelli sont peu confortables et j’ai regretté
C’est un parcours très varié mais il y a 400 km d’affilée très vtt, globalement depuis les cotes d’armor jusqu’à la fin du menez hom en passant par les monts d’arree. Pour cette partie, le gravel est très bien ou un vtt.
Par contre le « roulant » avant et après est en fait très cassant et c’est là qu’il faut du confort pour enchaîner les bornes sans souffrir.
J’ai « presque » fini cette année et pour moi ai fini, car le dernier jour j’ai transformé les 200km de galère (arbres tombés partout) dangereuse en forêt (arbres cassés instables) en coupant en 100km de voies vertes. Mon amie était inquiète d’une part que je sois en forêt après une vraie grosse tempête, et le poteau Remi dont vous avez lu le cr était rapatrié en train de boire des bières à rennes avec elle, j’ai craqué ! Marre de la pluie torrentielle.
Pour les plaquettes, j’ai usé l’arrière, qui étaient en semi métalliques, quasi neuves. Et surtout cassé une gaine sur un coude lié à une chute voici plusieurs mois.
Cette année j’aurais encore du bikepacking mais plus vtt : enchaînement transverdon / traversée de l’alpe - Provence avec des morceaux du biivouac dedans, avec une bande de malades... sentiers enduro en bikepacking, ça fera environ 500km et 14000m de d+ Avec 80% de sentiers...
On va se gaver! Je vous le dit!
Pour le matos, je suis parti en pneus non valides avant en raison de déchirure de mon pneu arrière et crevaison de l’avant juste avant le départ... c’est con, parce que le parcours est cassant et autant en rene herse très confort ça passe en gravel, autant les pirelli sont peu confortables et j’ai regretté
C’est un parcours très varié mais il y a 400 km d’affilée très vtt, globalement depuis les cotes d’armor jusqu’à la fin du menez hom en passant par les monts d’arree. Pour cette partie, le gravel est très bien ou un vtt.
Par contre le « roulant » avant et après est en fait très cassant et c’est là qu’il faut du confort pour enchaîner les bornes sans souffrir.
J’ai « presque » fini cette année et pour moi ai fini, car le dernier jour j’ai transformé les 200km de galère (arbres tombés partout) dangereuse en forêt (arbres cassés instables) en coupant en 100km de voies vertes. Mon amie était inquiète d’une part que je sois en forêt après une vraie grosse tempête, et le poteau Remi dont vous avez lu le cr était rapatrié en train de boire des bières à rennes avec elle, j’ai craqué ! Marre de la pluie torrentielle.
Pour les plaquettes, j’ai usé l’arrière, qui étaient en semi métalliques, quasi neuves. Et surtout cassé une gaine sur un coude lié à une chute voici plusieurs mois.
Cette année j’aurais encore du bikepacking mais plus vtt : enchaînement transverdon / traversée de l’alpe - Provence avec des morceaux du biivouac dedans, avec une bande de malades... sentiers enduro en bikepacking, ça fera environ 500km et 14000m de d+ Avec 80% de sentiers...
On va se gaver! Je vous le dit!
ilenyon- Messages : 111
Date d'inscription : 27/07/2016
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