[CR] [Gravel] Aqueduc de la Dhuys (Dhuis) de bout en bout. Bikepacking. 17&18 septembre 2021

N'ayant aucun secret pour vous, je vous ai déjà entretenu de mon goût prononcé pour la piste cyclable de l'aqueduc de la Dhuys, qui rejoint la Marne un peu avant le canal de Chalifert, depuis Le Raincy, sur 27 km. J'avais pu constater lors d'un week-end de randonnée pédestre vers Château Thierry il y a 6 mois que la Dhuys passait par là bas, avec de belles vues et, pour la portion de 10-15 km que j'avais suivi, je m'étais dit que c'était assez roulant. Genre sentier de 10 à 20 cm de large bien marqué et compacté par les passages, lui même au milieu de la large bande d'environ 6 mètres qui accompagne l'aqueduc de la Dhuys.

Mon idée préconçue était que la Dhuys n'était plus praticable à vélo/VTT une fois terminée la piste cyclable aménagée en région parisienne, notamment en raison du fait que de l'autre côté de la Marne, le parcours montait très raide, sans trace. Ce que j'avais vu à pied vers Château Thierry m'incitait tout de même à réviser mon jugement et, regardant tout cela sur une carte jeudi soir, je me rendais compte que la majeure partie du parcours semblait praticable : chemin tracé en ligne continue ou pointillée noire sur la carte IGN, utilisé partiellement par les GR 11 et 14. AU moins jusque quelques kilomètres après la portion que j'avais parcouru à pied où l'aqueduc de 129 km  se termine (ou débute, selon le point de vue) au village de Pargny la Dhuys.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aqueduc_de_la_Dhuis

Je cherche un peu sur le net une trace VTT ou gravel... et ne trouve rien. Curieux. Soit ce n'est pas fait et mon idée reflète davantage ma débilité que mon intelligence, soit les multiples cyclistes qui ont fait le parcours sont discrets sur le net, pour garder secret ce parcours exceptionnel. J'incline vers la seconde possibilité et trace donc à la louche un parcours sur mon ordinateur, qui m'amène à trouver environ 130 km de pour rejoindre l'extrémité de l'aqueduc.

Madame me voyant plongé dans ces cartes me demande, avant le repas jeudi soir, ce que je fais. Je lui explique que je suis en train d'envisager un parcours, à faire sur 1.5 jours en partant après le boulot.

-"Tu pars demain ?" me dit-elle.

-"Non, rien n'est prêt, même pas le tracé du parcours".

-"Mais il fera beau demain et samedi, pas trop chaud, un temps idéal pour la rando".

N'ayant jamais su résister aux femmes en général, et à la mienne en particulier, je prépare donc mon vélo et son petit barda après le diner, affine le tracé, et réunis des restes de nourriture (on sera livré des courses de la semaine 1 heure après mon départ vendredi).

Et vendredi, après le boulot où je ne me suis pas éternisé, départ sur le gravel un peu avant 17 heures.

La première partie.. je connais bien. Lorsque la Dhuys rejoint la Marne, au lieu de me dire, comme usuellement "voilà c'est fini, plus qu'à rentrer", je me dis "voilà ça commence". Drôle de sensation. La toute nouvelle passerelle de la Dhuys est déjà fermée - comme d'ailleurs la semaine dernière. Je passe donc la Marne à l'ancien pont SNCF vers le tunnel de Chalifert. Là où dans mes souvenirs le sentier était très raide, avec des rochers pas pratiques en haut - du moins avec des chaussures de vélo - et une corde pour aider. Rien n'a vraiment changé, au détail près qu'il n'y a plus la corde.

Je rejoins ensuite Esbly, puis le canal latéral du Grand Morin, où la Dhuys reprend. Le ton est donné d'emblée : un ouvrage à passer pour enjamber le canal, avec 3 échelons pour s'aider à la montée, et idem à la descente, sur une portion verticale d'1.5 m. Puis le cheminement de l'aqueduc, au travers les herbes et de la bonne boue. Je ne vais pas faire de mystère : sans être les seules, les parties roulantes connues sur la piste cyclable et découvertes vers Château Thierry... sont presque les seules du parcours à être vraiment roulantes ! Le reste du temps, on se trouve souvent dans une trace dans l'herbe, certes fauchée, et contrairement à ce que je pensais, il y a de la boue bien collante. L'association judicieuse de l'herbe coupée et de la boue collante fait des miracles sur les pneus, la transmission, les passages de roue. C'est roulant...à 11-12 km/h.

Hormis ces considérations, c'est tout de même techniquement assez "roulant" avec pas de dénivelée et pas de difficultés de pilotage. Mais on roule souvent dans l'herbe. Peu de passages où un VTT serait approprié, plus qu'un gravel. Quelques courtes portions où il faut porter le vélo, pour franchir des gués ou des montées de talus, et des barrières qui ferment l'accès à la Dhuys sur la seconde partie du parcours. Mais rien de bien technique, on est plutôt dans le contemplatif que dans le single joueur. Quoiqu'il y ait quelques singles, et rares descentes où le VTT est plus approprié que le gravel. J'ai toutefois trouvé une motocross et son pilote renversés sur une montée de talus, avec ses copains qui lui demandaient "tu t'es fait mal ?" (je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé à Jibé à ce moment là).

J'évite quelques parties par la route, lorsque le cheminement semble interrompu sur la carte IGN - c'est à dire lorsqu'il n'y a pas  de sentier marqué sur le parcours, où lorsque je ne sais pas s'il y aura un passage pour franchir un obstacle, comme le franchissement de l'autoroute A140 par exemple. Vers 20 heures, après avoir rechargé en eau et fait une petite toilette à Boutigny, je tombe sur un lavoir avec table et bancs. Idéal pour mon bivouac du soir. D'ailleurs, je ne trouverais pas de coin de bivouac aussi bien de tout le parcours.

Couché vers 22h30, lever à 3 heures pour le petit pipi. La nuit est claire, et chaude. Comme j'ai bien dormi jusque là, je vise un réveil vers 6 heures, pour partir lorsque le jour se lève vers 6h45, et je me recouche.

Comme prévu, je me réveille à...7h40. Départ vers 8h30, après petit déjeuner et rangement du barda.

Le parcours sera analogue à celui d'hier, avec de plus en plus de belles vues sur la vallée au fur et à mesure de l'avancement : la Dhuys passant à flanc et relativement en hauteur, la vue porte loin dès qu'on n'est pas en forêt. Les jambes sont lourdes, et le petit rythme font qu'à midi, je n'ai fait que 40 km. Sur les 100 prévus aujourd'hui. Je coupe un peu par la route pour rejoindre la Marne où je pense que je serais bien pour pique niquer. Et je vais finalement manger sur la place de l'église au village d'après. J'appelle alors à la maison, dire où j'en suis. On se demandait si on m'attendait pour le repas. Oui, bien sur, mais pas celui du midi ! Le repas du soir devrait être le bon. Je jette un oeil sur le forum de la horde avant de repartir, vois la proposition de Jihem de rouler cette après midi, et indique en retour que je suis déjà sur la Dhuys. Pas sur qu'il me rejoigne si je lui propose de m'y rejoindre à Château Thierry, d'autant que je suis le seul à apprécier la Dhuys ici.

Je ne suis que le 3ème conseil de PetiDrag concernant le vélo après le repas, comprends que je n'irais pas au bout, mais me trouve tout de même un peu tôt à Château Thierry où je prendrais le train pour rentrer. Il est 13h30. Eh oui, vous êtes déçus, mais je ne rentrerai pas à vélo. Je décide donc de rouler jusque vers 16 heures, et de rentrer par la route ensuite. Les kilomètres s'enchainent bien la première heure, vu que j'ai rejoins une partie roulante sur la Dhuys - celle donc j'ai parlé plus haut. Donc finalement, je décide que j'irais au bout. Juste au moment où cela devient de nouveau un joli tapis d'herbe qui s'évertue à me ralentir.

A Pargny sur Dhuys, je cherche en vain l'endroit où toute la belle eau de la Dhuys est mise dans ce tuyau que je viens de suivre sur 130 km... et ne le trouve pas. Je suis un peu déçu de ne pas le trouver, mais tout de même bien content d'être arrivé.

Enfin arrivé... à Pargny. Il me faut maintenant rejoindre une gare. Les gares les plus proches qui on eu leurs heures de gloire il y a belle lurette, sont maintenant fermées. Je dois donc retourner à Château Thierry, soit une quinzaine de bornes par la route et un tout petit peu de pistes. Les jambes sont très très lourdes, et je m'arrête 2 fois dans la première montée. Puis, sur la partie relativement plate de la route, je découvre que je peux rouler à 20-25 km/h sans vraiment d'efforts, ce qui me donne des ailes et me change des parties à 10 km/h en tirant la langue. J'ai l'impression d'avoir changé de vélo... alors que j'ai simplement changé de revêtement.

Retour banal en train, avec les joies du vélo avec la SNCF : passerelle sans ascenseur pour enjamber les voies ferrées à Château Thierry, liaison Gare de l'Est - Gare du Nord avec un bel escalier, ascenseur en panne à Magenta, ascenseur en panne à la gare de Rosny sous Bois.

Je suis bien arrivé à la maison pour le repas du soir. Ma femme avait raison (comme toujours) : il fallait y aller maintenant.


Au final : 153 km et 1300 m de D+, en 1.5 jours (50 km le vendredi soir, 103 km le samedi)

Jour 1 :
https://www.komoot.fr/tour/492388010

Jour 2, et photos :
https://www.komoot.fr/tour/492388033

Liste de mes autres récits d'itinérances à vélo :

https://hordesauvage94.forumactif.org/t1909-crmarc-liste-de-mes-recits-d-itinerance-velo

Ah ben, c'est l'aventure la Dhuys, finalement ! 

Merci pour ta pensée, bon par contre les copains du gars en motocross étaient présents eux. Moi je roule avec des gars sourds qui n'entendent pas quand je gueule. Faut dire qu'il y a un type en tracteur assez bruyant à l'avant


J'aurai bien aimé une photo du paquetage sur le gravel et du campement.

Les motards sont des gens délicats et attentionnés.

Toutes mes photos du vendredi et du samedi matin ont été perdues. J'avais pris ces photos avec komoot, et je ne retrouve rien. Donc pas de photo du paquetage.

Paquetage qui est classique en bikepacking :

- Sacoche de cintre avec tout ce qui ne servira pas avant l'arrêt du soir, car il n'est pas facile de sortir et remettre rapidement des affaires dans cette sacoche : tente, matelas, sac de couchage, petite doudoune, vêtement pour le soir. J'y mets dessus une gourde souple de 2.4 litres lorsque je charge en eau avant de me poser. Et un tissu éponge pour m'essuyer le visage (la sueur me brule) et me nettoyer rapidement visage/cou/jambes/bras lorsque je trouve de l'eau.

- Sur le cadre : 2 gourdes, sacoche réparation, petite sacoche 2 litres décathlon 2 poches (à gauche pompe, barres de céréales, frontale, crème solaire, divers, à droite : papier, smartphone, masque) et mat de tente sur le tube horizontal.

- sacoche de selle de 11 litres, à moitié remplie : bouffe pour matin midi soir, éclairage avant/arrière, veste de pluie, gamelle+ réchaud + combustible, étui à lunettes, petite enceinte pour écouter de la musique le soir, antivol, gourde souple vide (à remplir avant le bivouac ou repas chaud le midi)

- Sur le guidon : GPS, sonnette

J'ai quelques photos du bivouac, sombres (quoique le flash sur le gilet réfléchissant, ça en jette) :











Je viens de nettoyer le vélo et retirer l'herbe de la transmission, des pédales; etc : j'ai un kilo de foin à donner, si ça intéresse quelqu'un.

Merci pour le partage.
Il me parait super large ton pneu

Faut aimer le bivouac quand même ...

Le bivouac...

Et le gravel...

Et la Dhuys...

Jibé : le pneu est super large car il y a un centimètre de boue sur chaque flanc. Sinon, c'est du 40 mm.

Bravo Mmarc   belle balade !

J'admire le fait de partir aussi rapidement.

et de rouler aussi longtemps
et de dormir de manière aussi rustique

JiBé a écrit:Merci pour ta pensée, bon par contre les copains du gars en motocross étaient présents eux. Moi je roule avec des gars sourds qui n'entendent pas quand je gueule. Faut dire qu'il y a un type en tracteur assez bruyant à l'avant


J'aurai bien aimé une photo du paquetage sur le gravel et du campement.

Faut dire aussi que pour se planter à cet endroit, il faut vraiment le faire exprès ... On n'était pas prêt pour ça  

Jihem a écrit:Faut aimer le bivouac quand même ...

Qu'est ce qu'il a qui ne te plaît pas son bivouac ?
Quand t'es fatigué, tu dors même avec peu de confort, sinon tu n'es pas assez fatigué .... Pas besoin d'avoir une tente digne du Saint 

JiBé a écrit:J'admire le fait de partir aussi rapidement.

Il a un peu l'habitude de ça Marc, c'est pas Jihem qui part avec un vélo sous-gonflé, les batteries du GPS pas chargées et qui oublie de remplir le camelback 

ou qui part avec deux gants mains gauche ! 

Jihem a écrit:ou qui part avec deux gants mains gauche !